Gabardine – Etoffe souple mais d’aspect sec, fabriquée en laine ou en coton pur ou mélangé. Généralement tissée en armure serge 2/1 ou 2/2, elle se caractérise sur l’endroit par une côté oblique très inclinée. Les fils sont fortement tordus et ceux de la chaîne sont beaucoup plus nombreux que ceux de la trame, si bien que la gabardine est une étoffe solide employée dans la confection de vêtements de sport, manteaux, tailleurs, imperméables et uniformes.
Gabarit – Morceau de carton découpé suivant un format déterminé et qui permet de transférer un motif simple de broderie, d’appliqué ou de patchwork sur une étoffe. Ce procédé se prête parfaitement au report successif d’une même forme simple, dans une frise par exemple. Dans ce cas, on travaillera en deux fois à droite, puis vers la gauche, en fixant chaque fois le gabarit à l’emplacement prévu, puis en passant un fil de bâti ou un trait de craie tout autour.
Gaine – Sous-vêtement élastique destiné à affiner la taille et
les hanches. Cette pièce de lingerie du XXème siècle, portée par les femmes
pour modeler leur silhouette, est la descendante du terrible corset des siècles
précédents.
C’est en 1929 que la gaine apparaît, associée au soutien-gorge à
deux bonnets, pour remplacer les combinaisons aplatissantes exigées par la mode
des années passées. En 1934 est créé un nouveau type de sous-vêtement qui
combine culotte, gaine et soutien-gorge ; permettant, par un jeu de
baleines, de dégager le dos, il autorise les profonds décolletés tout en
soutenant le buste. Après la seconde guerre mondiale, l’utilisation des fibres
synthétiques élastiques va renouveler la notion de maintien en l’associant à
l’idée de confort.
Galber – Redessiner une couture pour lui faire suivre avec précision la ligne du corps, par exemple aux hanches ou sur la poitrine. On galbe aussi le revers d’un col pour lui donner une forme arrondie, en le tenant légèrement incurvé sur la main au moment de le fixer sur un entoilage avec des points de glaçage.
Galons – Rubans de passementerie employés pour la décoration des
costumes, des uniformes et des intérieurs. Très variés, les galons tissés, qui
constituent un secteur important de la mercerie, sont en laine, en soie ou en
coton. Ils peuvent être mêlés de fils d’or et d’argent, lisses ou ornés de
motifs en relief, ajourés, brodés, lamés, ou enjolivés de multiples façons
(franges, pompons, paillettes). On les confectionne également au crochet, aux
fuseaux, en frivolité, ou en macramé.
Au XVIIème siècle, ils sont surtout employés dans la décoration des
livrées et des uniformes militaires, sur lesquels ils vont servir, à partir du
XVIIIème siècle, à distinguer les régiments et le rang hiérarchique. De là
naîtra l’expression « prendre du galon » qui signifie monter en
grade. A partir de 1820 environ, les galons font leur apparition dans
l’habillement civil, par exemple sur les robes ou le long de la couture
extérieure de la jambe du pantalon (décor toujours courant sur le smoking). Les
galons sont aussi utilisés sur les vêtements d’enfant et pour la décoration
intérieure.
Gamache – Sorte de jambière, portée au XVIème siècle pour protéger
le bas de chausses. Son nom vient d’un terme arabe qui signifie
« originaire de Ghadamès », ville de Libye célèbre pour ses jambières
de cuir. Ancêtre de la guêtre, elle était confectionnée en laine, en cuir ou en
toile, parfois munie de boutons, et se terminait par une bride glissée sous la
plante du pied.
La mode espagnole, puis française, du XVIIème siècle répandit le
port de gamaches flottantes, en toile ou en batiste, parfois garnies de
dentelle, qui donnèrent naissance aux canons. Au XVIIIème siècle, les gamaches
furent introduites dans l’uniforme de l’infanterie prussienne, puis dans
l’équipement de toutes les armées européennes.
Gand, dentelle de – Variante de la dentelle de Valenciennes inventée en 1852 par sœur Marie-Joseph, à Gand, en Belgique. Au contraire des véritables Valenciennes, les dentelles de Gand sont faites à fils coupés : on exécute d’abord les motifs floraux, puis on les joint à un fond de Valenciennes à mailles carrées. Ce type de dentelle est encore confectionné aujourd’hui.
Gant – Accessoire important du costume, le gant recouvre la
main et se
termine par une manchette entourant le poignet. Il se fait en
peausserie fine (agneau, chevreau, mouton mégissé,
daim, porc chamoisé, veau
glacé), en fil de coton ou en laine. Garance – Plante de la famille des rubiacées, dont les racines
contiennent
deux colorants solubles dans l’eau : l’alizarine et la
purpurine. Associée à un mordant, la substance se fixe
de manière stable sur
une étoffe. Gaude – Plante tinctoriale européenne de la famille des
résédacées,
la Reseda
luteola est riche en lutéoline, un colorant jaune (mordançage à l’alun) ou
olivâtre (mordançage
au fer). Son emploi dans la teinture textile est très
ancien : il est attesté en Grèce dès l’Antiquité et
depuis longtemps aussi
en Europe du Nord. Colorant solide et pur, la gaude peut être considérée comme
la teinture
jaune européenne par excellence ; elle ne disparut de la
palette des teinturiers et des imprimeurs qu’au
début du XIXème siècle, avec
l’introduction du quercitron, chêne vert originaire d’Amérique du Nord dont
l’écorce
donne un colorant jaune brillant. Jusqu’à cette époque, on cultivait
la gaude en grande quantité en Allemagne, en
France et en Angleterre,
notamment.
Primitivement, les gants étaient de simples sacs
dans
lesquels on glissait les mains pour les protéger. Introduits en Europe par les
peuples de l’Est, ils furent
adoptés par les Grecs et les Romains qui
utilisaient des moufles de cuir pour les gros travaux et des gants fins
pour
les repas. A partir du Xème siècle en Europe, les costumes officiels laïques et
religieux comprenaient une
paire de gants de soie ou de
quelque autre matière fine.
Ces gants étaient souvent ornés de broderies d’or compliquées, enrichies de
perles et
de pierres précieuses. Au Moyen Age, les paysans et les artisans
devaient se contenter de moufles : le port
des gants, privilège de la
noblesse et de l’aristocratie, leur était interdit.
Au XVème siècle, naquit la mode
des gants parfumés. Cette vogue
s’étendit à toute l’Europe et resta prédominante durant plusieurs siècles.
C’est pourquoi les parfumeurs se mirent parallèlement à faire commerce de gants
de peau. Les XVIème et XVIIème
siècles connurent l’apogée du luxe pour les
gants dont les poignets largement évasés, appelés crispins, s’ornaient
d’or et
de dentelles. Les bouts des doigts, intentionnellement trop longs pour faire la
main plus élégante, étaient
rembourrés.
Peu à peu, ces accessoires devinrent d’un usage plus courant. Au
XIXème siècle, les gants très
serrés, fermés par une longue rangée de boutons,
seront aussi indispensables que le chapeau pour composer une
tenue féminine
« correcte ». De nos jours, les gants sont portés en de multiples
occasions et la
diversité de leur fabrication ainsi que des matières qui les
composent répond aux usages nombreux auxquels ils
sont destinés :
protection des mains contre le froid d’abord, mais aussi au cours des activités
professionnelles (chirurgie, métallurgie, ménage) ou de détente (sport,
jardinage). Ils font encore partie des
tenues élégantes et de celles portées
pour les cérémonies officielles.
Un mordant d’aluminium (l’alun) donne une teinture rouge ; un
mordant ferreux, une couleur noire ou
gris-violet. Le mélange de ces nuances de
base permet de produire toute une gamme de coloris très résistants,
allant du
rose au brun en passant par l’orangé. Cependant, la garance est principalement
employée avec l’alun, et
c’est à la couleur rouge que son nom est
habituellement associé.
Les rubiacées à alizarine sont assez courantes, mais les plantes
possédant la plus haute teneur en colorant
croissent dans les régions
tropicales et subtropicales : la
Rubia mungista et l’Oldenlandia
umbellata
viennent de l’Inde ; la Rubia
peregrina, appelée aussi lizari ou alizari,
pousse en Iran,
tandis que la Rubia
tinctorum est cultivée en Europe méridionale, dans le Caucase et
en
Turquie.
Les plus anciens témoignages de teinture à la garance, réalisée
sur des fibres de coton, datent de la civilisation
de l’Indus (Inde, environ 3
000 à 1 600 avant notre ère). Un grand laps de temps sépare cette trace de la
suivante,
qui s’inscrit dans le cadre de l’antiquité grecque. Des recettes de
teinture détaillées ont été retrouvées sur
deux papyrus égyptiens de cette
époque. Bien plus tard, Pline l’Ancien (24-79 avant JC) mentionna dans son
Historia
naturalis l’existence d’une culture de garance aux environs de Rome. L’alun
était courant dans la
région méditerranéenne, et tout particulièrement en
Turquie où les Grecs s’approvisionnaient en
«pierres
phrygiennes».
On ignore vers quelle époque la teinture à la garance pénétra en
Europe occidentale et septentrionale. Seule une
information concernant la
culture de cette plante en Ile-de-France au VIIème siècle nous est parvenue,
ainsi qu’un
document dans lequel Charlemagne (768-814) en ordonnait la
plantation sur ses terres.
Au Moyen Age, la garance
apparaît comme la teinture rouge la plus
courante en Europe. La culture de la
Rubia tinctorum était alors
répandue dans tous
les pays et l’importation d’alun en Europe septentrionale était assurée par les
marchands
italiens. En Hollande, on systématisa la culture de la précieuse
plante en vue d’une exportation massive. A partir
du XVIème siècle, la garance
subit la concurrence de la cochenille et du bois du Brésil, colorants rapportés
des
Amériques par les Espagnols et les Portugais. Cependant, malgré les nuances
plus vives de la première et la très
forte teneur en colorant du second, la teinture
à la garance ne se laissa pas évincer.
Développée en Inde depuis l’antiquité, bien que les traces les
plus anciennes ne remontent qu’au XVème siècle, la
technique de l’impression
sur tissu permet d’orner des tissus de coton de motifs multicolores, en
exploitant
notamment les multiples nuances de la teinture à la garance. Selon
le degré de concentration et le mélange d’alun
et de fer opéré, les zones
mordancées adoptent en effet des tons différents.
Ces cotonnades (indiennes et chintz), introduites en Europe dans
la seconde moitié du XVIIème siècle, obtinrent
aussitôt un succès foudroyant. A
la fin du siècle, les Occidentaux se rendirent maîtres de la technique, et
l’impression sur tissu devint une industrie florissante dans plusieurs régions.
Les pays disposant déjà d’une
culture de la garance augmentèrent leur
production ; d’autres s’engagèrent dans cette voie.
En 1757, l’Angleterre et la France, premières nations européennes dans le
domaine textile, importèrent de la
garance hollandaise pour respectivement 30
000 et 50 000 livres sterling. Cependant, dès 1790, la
France subvenait
à ses besoins et exportait même une partie
de sa production, le climat et le sol du Midi, aux environs d’Avignon
et de
Montpellier, s’étant révélés particulièrement propices à cette culture.
Spécialisée dans l’impression sur
étoffe, l’Alsace fournissait également un
surplus de garance, qui s’acheminait vers l’étranger.
Sur les textiles médiévaux et les anciennes étoffes imprimées,
traités au mordant d’alun, la garance prenait une
teinte solide et mate de
rouge lie-de-vin tournant parfois au brun. En revanche, une technique de
teinture plus
compliquée, à base d’acides gras, d’aluminium, de chaux et de
garance, permettait d’obtenir une nuance vive et
pure, très solide, appelée
rouge turc ou rouge indien. L’origine de ce procédé est inconnue.
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, la Turquie et la Grèce produisaient en
grande quantité du fil de coton teint en
rouge turc qui se vendait partout en
Europe à des prix très élevés.<br>
L’Inde connaissait également à
cette époque une technique
similaire : la durée du travail, comprenant seize ou dix-sept phases, y
était la
même, ainsi que les ingrédients principaux.<br>
La recette du rouge indien fut aussi jalousement gardée
que celle
du rouge turc, et il fallut des années d’efforts infructueux avant que leur
secret ne fût percé par des
teinturiers français. L’industrie textile
européenne rêvant de bénéficier de cette révélation, la recette gagna
rapidement l’Angleterre, l’Ecosse, la
Suisse, la
Hollande, l’Allemagne et l’Autriche. L’apport de la chimie
permit
de simplifier un peu l’opération, et une méthode pour teindre la laine
au rouge turc fut bientôt mise au
point.
Les progrès de l’industrie tinctoriale se succédèrent ensuite à
grande vitesse. Fabricant textile à Mulhouse,
Daniel Koechlin inventa au début
du XIXème siècle le procédé de l’impression au rongeant sur fond rouge turc,
qui
rendait possible l’obtention de motifs de couleurs claires (bleu, jaune,
vert et blanc) sur un fond rouge vif. Des
chimistes s’intéressèrent au
développement de l’industrie textile et procédèrent à des tentatives d’analyse
des
colorants : en 1867, les composantes chimiques de l’alizarine
artificielle, nettement moins chère que la
garance, fit son apparition. Dix ans
plus tard, la garance fut évincée du marché et la production mondiale
d’environ
70 000 tonnes, pratiquement annihilée. Aujourd’hui, cette plante n’est presque
plus employée dans la
fabrication des colorants textiles ; cependant, on
l’utilise toujours dans la préparation des peintures à
l’huile et à l’eau
destinées aux artistes.
Gaze, point de – Dentelle à l’aiguille élaborée dans la région de Bruxelles, qui connut un immense succès à partir de 1850 et jusque vers 1930 environ. L’infinie délicatesse de son dessin net, au relief parfois prononcé, l’élégance de ses motifs floraux où les roses sont omniprésentes et le charme de ses remplissages ornementaux en ont fait l’une des dentelles les plus prisées et les plus coûteuses du siècle passé. Le fond, constitué de mailles au point de feston tourné à fil simple, est plus léger mais aussi plus fragile que ceux d’Alençon ou d’Argentan ; c’est pourquoi on conçut rapidement l’idée d’incruster des motifs au Point de gaze – médaillons ou pétales de fleurs – dans des dentelles aux fuseaux à pièces rapportées : la duchesse de Bruxelles en est un exemple parmi les plus célèbres. Inversement, on fabriqua aussi des dentelles applications aux fuseaux sur fond au Point de gaze, tel que le Point d’Angleterre. Comme beaucoup d’autres dentelles, le Point de gaze n’est pas resté l’apanage de son pays d’origine : on en a fabriqué ailleurs, particulièrement en Silésie.
Gênes, dentelle de – Dentelle aux fuseaux provenant de la ville
de Gênes, en
Italie du Nord, siège d’une très ancienne tradition de
passementerie et de dentelles d’or.
Au XVIIème
siècle, Gênes se spécialisa dans les dentelles
de lin cordées à fils continus ou coupés, caractérisées par de
nombreux points
d’esprit et un décor rosacé. Cette production obtint un vif succès et se
poursuivit même dans les
campagnes jusqu’au XIXème siècle.
Ghiordès, nœud – Autre appellation du nœud turc, désignant l’un des deux nœuds les plus couramment employés dans la fabrication des tapis orientaux. Son nom lui vient de l’antique cité phrygienne de Gordion, où l’on raconte que le joug était attaché au timon d’un char dédié à Zeus par un nœud si habilement fait qu’on ne pouvait distinguer les extrémités des cordes. Selon la légende, le royaume d’Asie devait appartenir à celui qui le dénouerait : après quelques essais infructueux, Alexandre le Grand, roi de Macédoine, triompha… d’un sommaire coup d’épée !
Gilet – Vêtement essentiellement masculin, court et sans
manches, qui se
porte par-dessus la chemise, sous le veston ou
l’habit.
Le gilet naît vers la fin du règne de Louis XV ; il
est le fruit de l’évolution du classique « habit à
la française » du
XVIIIème siècle. Cette tenue comporte une culotte, un vêtement de dessus – le
justaucorps –
et un vêtement de dessous de la même longueur, alors appelé
veste. Le dos et les manches longues de cette pièce
sont d’une étoffe ordinaire
alors que les devants et le bas des manches, taillés dans un tissu de qualité –
généralement le même que celui du justaucorps -, sont richement ornés. L’habit
se portant de plus en plus serré,
la veste perd d’abord ses manches puis
raccourcit progressivement, prenant le nom de gilet.
La mode fera ensuite varier à l’infini l’encolure – plus
ou moins ouverte, avec ou sans revers -, la longueur, la
découpe des devants,
aux pointes plus ou moins écartées, les couleurs et les tissus. Au XIXème
siècle, avec le
costume masculin à la coupe rigoureuse et aux couleurs sobres,
les gilets deviendront pour les hommes le refuge du
dernier brin de fantaisie
vestimentaire : on les portera en soie, en velours, en piqué blanc ou en
tissu
broché aux vives couleurs, parfois superposés ou à plusieurs cols. Vers
la fin du siècle, on verra apparaître le
costume trois-pièces, dont le
pantalon, le veston et le gilet sont taillés dans le même tissu.
A l’époque Biedermeier, les femmes ont également adopté
le gilet, qui reviendra dès lors sporadiquement dans la
garde-robe féminine,
accompagnant les tenues sportives ou de ville.
Glaçage (apprêt) – Traitement qui rend lisse et brillante la surface d’un tissu. Cet apprêt industriel consiste à presser fortement entre deux calandres, dont l’une est chauffée, un tissu préalablement imprégné de produits gras (huile, cire, paraffine). Cette finition ne résiste pas au lavage, à moins d’imprégner l’étoffe de résines synthétiques que l’on polymérise ensuite à haute température. Les principaux textiles ainsi traités sont le coton (chintz, percale, satin), le lin et la soie.
Gland – Article de passementerie généralement
composé d’un « moule » et d’une « jupe ». Son aspect a
beaucoup évolué depuis
Le gland était surtout employé pour orner les embrasses
de rideaux et les cordons de sonnettes, en particulier celles qui servaient à
appeler les domestiques ; mais on le retrouve aussi sur les dossiers et
les accoudoirs des fauteuils, sur les bordures des portières et des tapis de
table, les cordons des bourses et jusque sur la pointe des capuchons. La
fabrication des glands relève d’une tradition artisanale ancienne et très
spécialisée.
Gobelin, point – Point de remplissage classique
des tapisseries à l’aiguille, dont les multiples formes sont caractérisées par
la présence de points de même longueur sur l’envers et l’endroit du travail. Le
point gobelin possède une longue histoire puisqu’on le trouve déjà sur
certaines broderies égyptiennes de la période copte. On lui attribua son nom
bien plus tard, lorsqu’on découvrit que les tapisseries ainsi exécutées
ressemblaient aux tentures tissées de la célèbre manufacture.<br>
A l’origine, le groupe des points gobelins comprenait les
versions droite et oblique, ainsi que le petit point et le point gobelin large
ou gros point. S’y ajoutèrent plus tard les variantes empiétante, tressée ou
tramée – c’est-à-dire brodée sur un fil couché.
Gobelins, Manufacture des – Atelier de tapisserie
fondé par les artistes flamands François de
Rachetés en 1662 par Jean-Baptiste Colbert, les bâtiments
accueillirent bientôt les artisans et les métiers réquisitionnés de l’atelier
de Maincy monté par Nicolas Fouquet. Devenus Manufacture royale en 1667, ils
conservèrent le nom de Gobelins, et on en vint avec le temps à désigner de
cette manière l’atelier lui-même ainsi que sa précieuse production tapissière –
de haute et basse lisse -, placée sous la direction du peintre Charles Le Brun.
Les ouvrages qui sortirent de ces locaux parisiens – où vivaient alors quelque
deux cent cinquante artisans et leurs familles – jouèrent un rôle prépondérant
dans l’histoire des arts textiles de
Plus tard, la succession fut assurée par Pierre Mignard,
puis, en 1748, par Jean-Baptiste Oudry, qui donne une impulsion nouvelle à la
manufacture. Il chercha en effet
à égaler la richesse des nuances de la
peinture, pour la mettre au service d’un art résolument ornemental, à
l’image
de la célèbre Tenture des Dieux tissée d’après une œuvre de Boucher. A
la fin du siècle commença
pour les Gobelins une époque troublée ; les
prestigieux ateliers eurent à supporter de graves problèmes
financiers, pendant
la Révolution
principalement, mais ils connurent aussi une intense activité sous les deux
Empires. Cette période correspondit à un renforcement croissant du rôle de le
peinture comme modèle à imiter ; particulièrement apte à une reproduction
fidèle des tableaux, le travail à haute lisse fur désormais le seul en usage
aux Gobelins.<br>
L’incendie des ateliers, en 1871, qui fit suite à la
chute de l’Empire, marqua également la fin d’une conception esthétique
essentiellement picturale de la tapisserie. Les différents responsables des
Gobelins s’efforcèrent dorénavant de lui redonner son identité première et
originale, ce qui fut pleinement accompli pendant la seconde guerre mondiale,
lorsque Guillaume Janneau impliqua dans cette tâche des artistes modernes tels
que Dubreuil, Gromaire et Lurçat.<br>
Aujourd’hui, l’enclos des Gobelins comprend en outre les
ateliers de
Godet – Pli rond naturel que forme le bord inférieur d’un tissu en biais qui tombe en s’évasant. Cette particularité est exploitée pour créer un effet d’ampleur au bas des jupes en général (jupes à lés ou en forme), mais également pour les manches et certains corsages amples. Les godets peuvent aussi être obtenus par la coupe fortement biaisée du bas d’une jupe droite. Les godets rapportés se présentent sous la forme de soufflets triangulaires intercalés entre les bordas d’une couture ou d’une fente.
Godron – Gros pli ornemental, rond et empesé, que l’on faisait à
partir de
la Renaissance sur certaines pièces de linge – fraises et jabots, essentiellement – au moyen
d’un fer cylindrique
et creux appelé lui aussi godron. Avant d’enrouler
l’étoffe autour du fer, on glissait à l’intérieur de ce dernier
une pièce de
métal chauffée ; l’ensemble était conçu de façon à ne pas abîmer le
vêtement.
Le tuyautage – ou godronnage – ne concernait pas seulement les
cols : un bon nombre de coiffes en line et en dentelle étaient autrefois
repassées de cette manière. Les femmes du village confiaient généralement à une
seule « tuyauteuse » le soin de repasser et d’amidonner leurs
coiffes, qui étaient alors rangées dans une boîte ou dans un petit panier
spécial les protégeant entre autres de l’humidité. Cette pratique était encore
attestée il y a peu de temps en France, notamment en Bretagne.
Gota, broderie – Nom d’un Etat de l'ouest de l'Inde, le Rajasthan, où la broderie d'or est utilisée en combinaison avec des appliqués, sur des cotons épais ou des lainages, une tradition datant des Mongols. Elle est surtout utilisée pour les vêtements féminins. La broderie zari en est une autre expression, en fils de métal couchés sur un matelassage de coton. Cette technique s'emploie pour les tentures, les housses de velours et les chariots. Les motifs sont géométriques (cercle, triangle, carré, etc.), floraux ou religieux.
Gousset – A l’origine synonyme d’aisselle, ce terme désigne la
petite pièce
d’étoffe que l’on place à cet endroit des vêtements pour qu’ils
soient plus confortables. On coud des goussets en
ferme de losange (coupé d’un
seul tenant ou formé de deux triangles joints) à l’aisselle des manches kimono
ou à
l’entrejambe des pantalons dont le patron ne comporte pas de fourche
arrondie. On les utilise aussi triangulaires,
simples ou doubles, pour élargir
ou pour créer un arrondi à la jonction de deux parties d’un modèle coupées à
angle
droit (une encolure, par exemple), ou pour renforcer le fond d’une
fente.
Le gousset en forme de
losange doit être découpé de sorte que l’un
des côtés soit dans le droit-fil : le centre du losange sera
ainsi en
biais, ce qui lui donne le maximum de souplesse. Pour les goussets en triangle,
procéder de la même
manière : le droit-fil doit suivre l’un des côtés de
la pyramide et non la base.
On appelait
aussi gousset une petite bourse portée à l’origine
sous l’aisselle et ensuite à l’intérieur de la ceinture. Plus
tard, elle se
transforma en une petite poche placée sur le devant du gilet ou du pantalon et
on prit l’habitude d’y
glisser les montres, qui prirent dès lors le nom de
montres de gousset.
Grain de blé – Point de broderie en forme d’ovale plein. On l’exécute en trois étapes : un premier point lâche forme une boucle que l’on fixe par un petit point vertical, à la suite duquel on garnit l’ovale au point de reprise.
Grammont, dentelle de – La ville de Grammont (ou Geraardsbergen),
située à
l’est de
Grand teint – Indice de solidité de la teinture. Lorsque la mention est portée sur un tissu, un vêtement ou un fil, elle signifie que la couleur résiste au frottement, à la sueur, à l’eau de mer, à la lumière, à l’ébullition, à une javellisation légère et au repassage. Bien entendu, cette marque de garantie ne concerne que la solidité de la teinture et ne dispense pas de prendre les précautions usuelles requises par le tissu. Un lainage qui porte cette indication supportera, sans altération définitive de la couleur, le lavage courant, le décatissage et le repassage.
Grattage – Cet apprêt, appelé également lainage, consiste à gratter une étoffe, sur une ou deux faces, pour arracher superficiellement des fragments de fils ; la surface de l’étoffe prend ainsi un aspect duveté et son épaisseur augmente. A l’origine, on utilisait à cet effet des chardons ; de nos jours, on procède mécaniquement à l’aide de cylindres munis de fines aiguilles. L’opération est réservée aux tissus constitués de fils à fibres discontinues courtes : laine cardée, coton, fibres cellulosiques artificielles, acryliques (Courtelle). Après le grattage, les poils peuvent être brossés dans le même sens – on obtient alors un tissu loden –, subir un tondage ou un ratinage.
Grecque – Ornement composé d’une série de linges brisées, toujours à angle droit, revenant sur elles-mêmes. Ce motif utilisé en bordure et en frise est très répandu dans le domaine de l’art comme dans celui du costume.
Grèce - Voir article dans "Broderie et arts textiles dans le monde
Grège – Se dit de la soie dévidée mais non décreusée. La soie grège, ou soie écrue, est un ensemble de fils bruts très longs, provenant directement du cocon et donc encore enduits de leur grès. Après avoir subi diverses opérations (moulinage, doublage et organsinage), les fils de soie grège servent à tisser certaines des étoffes les plus fines et les plus luxueuses : crêpe de Chine, satin de soie, organza et crêpe marocain. Par extension, le terme qualifie aussi tout ce qui a la couleur de la soie écrue.
Grègues – Variante du haut-de-chausses portée à la fin du XVIème siècle et jusque vers le milieu du XVIIème siècle. Bouffantes et s’arrêtant à mi-jambe, elles se composaient de bandes de tissu brodé ; la doublure qui cachait le rembourrage intérieur débordait largement des taillades. Henri IV les portait raides et empesées. Elles étaient dites « à la gréguesque », c’est-à-dire à la grecque, nom que l’usage transforma en grègues.
Grenade – Ce motif ornemental est l’un des plus anciens et des plus employés de l’art décoratif. Il figure déjà sur les tissus coptes du VIème siècle et sur une soierie byzantine du IXème siècle. Au cours de la Renaissance italienne et espagnole, on l’utilisa couramment sur les damas et les velours de soie.
Grenadine – Fil de soie fortement tordu, la grenadine, dont le nom vient probablement de la ville de Grenade, était employée aux XVIIIème siècle et XIXème siècles pour confectionner les dentelles noires dont on faisait voiles et mantilles. Cette soie était parfois prise pour du coton en raison des traitements subis qui lui faisaient perdre son lustre. Les plus célèbres des dentelles en grenadine sont les Chantilly. Ce fil servait également à la confection d’une étoffe portant le même nom.
Grille (broderie) – Ouvrage décoratif consistant à retravailler des fils perpendiculaires lancées sur une étoffe à la manière d’une grille. Le remplissage d’un motif achevé, il est possible d’en souligner le contour au moyen d’un point de tige ou de chaînette.
Grille (crochet) – Ouvrage de crochet ajouré évoquant le filet.
Une première
méthode, probablement très ancienne, permet de crocheter un fond
de grille que l’on peut broder par la suite.
Selon un autre procédé, on exécute
simultanément la grille et les motifs – essentiellement géométriques -, grâce à
l’alternance de cases vides et de cases pleines.
Au XIXème siècle, le crochet connut en très peu de temps un essor
considérable. Bientôt, cette technique simple – et avec elle les grilles – prit
la forme d’un vaste artisanat domestique, et l’on se mit à crocheter quantité
de résilles pour les cheveux, de filets à ballon ou à commissions – ouvrages
auparavant exécutés en filet ou en macramé. Exigeant moins de concentration que
la broderie ou la dentelle, le crochet pouvait être mis en œuvre à la tombée du
jour, ou lorsque les yeux se trouvaient fatigués. De surcroît, ce genre
d’ouvrage d’apparence fragile et délicate, se révélait en réalité très solide
et supportait parfaitement le lavage.
Grille, point de (dentelle) – Ce point de dentelle aux fuseaux est parmi les plus simples puisque uniquement composé de demi-passées ; il sert généralement à former les mats des motifs. Egalement appelé point de filet, il est caractéristique des dentelles Chantilly, aux motifs desquelles il confère des effets d’ombre et de lumière.
Grisette – Etoffe légère en fine laine peignée, rappelant la mousseline. Communément utilisée dès le XVIIème siècle, elle a donné son nom aux jeunes ouvrières des faubourgs parisiens, travaillant généralement dans les ateliers de couture, dont la réputation de coquetterie, de mœurs joyeuses et accueillantes sans être vénales, est parvenue jusqu’à nous.
Groenland, l'art textile au - Voir article dans Broderie et arts textiles dans le monde.
Gros – Tissu assez épais fabriqué à l’origine en soie, mais réalisé aujourd’hui dans d’autres matières. Il présente un effet de fines côtes transversales obtenu par l’utilisation de fils alternativement fins et gros à la trame ou, plus rarement, à la chaîne. L’appellation « gros » est généralement suivie d’une dénomination : gros de Tours, de Londres, de Naples, des Indes, gros-grain. On l’utilise surtout en ameublement.
Gros-grain – Cette étoffe serrée et finement cannelée a donné son nom à un article de mercerie courant. Il s’agit d’un ruban de coton ou de polyester, tissé en reps de chaîne ; sa trame solide et sa chaîne fine et dense lui confèrent une très grande résistance. Le gros-grain est donc tout indiqué pour soutenir la ceinture d’une jupe ou même la remplacer. Il est aussi utilisé sur les chapeaux qu’il décore tout en leur évitant de se détendre. Le gros-grain existe en plusieurs couleurs, largeurs et qualités. Parmi les différentes sortes disponibles, on trouve le gros-grain élastique, plus confortable, généralement monté à la taille des jupes froncées.
Gros point (broderie) – Dans le domaine de la tapisserie à l’aiguille, on appelle gros point un point gobelin en biais brodé sur un nombre de fils plus important que celui du petit point.
Gros point (dentelle) – Dentelle de Venise à l’aiguille. Le Gros Point, qui est la plus ancienne des dentelles vénitiennes, présente un dessin caractérisé par un relief important.
Grotesque – Terme plus spécifiquement employé par les historiens d’art pour désigner un type particulier de décoration : champ à décorer, divisé par un axe central, est symétriquement orné de figures fantastiques représentant plantes, animaux, personnages et objets, entrelacés d’ornements et d’arabesques. Le mot vient de l’italien grottesco, qui désignait les décorations romaines découvertes dans les chambres antiques souterraines – appelées grottes – lors des fouilles des XVème et XVIème siècles. Les grotesques furent introduites dans l’art par le Primatice (peintre et sculpteur italien) et passèrent du domaine de l’architecture à celui du mobilier.
Guanaco – Lama sauvage d’Amérique du Sud fournissant une laine qui rappelle, pour les qualités les plus fines, la coûteuse vigogne. Peu employée en dehors de son continent d’origine, la laine de guanaco ne tient qu’une place mineure dans le commerce international.
Guêtre – Pièce vestimentaire couvrant le dessus du pied, la cheville et une partie plus ou moins grande de la jambe. Sous des noms et des formes diverses, les guêtres ont été portées depuis l’Antiquité, souvent comme accessoires du costume militaire. Les guêtres courtes, utilisées dans les armées européennes depuis 1830, apparaissent dans les tenues civiles des hommes et des enfants au début du XXème siècle. Longtemps, les paysans les ont également portées par-dessus leurs abots, notamment en Bretagne.
Gueuse – Appellation d’une dentelle aux fuseaux très simple, proche de la dentelle torchon, confectionnée en France au XVIème siècle et au début du XVIIème siècle.
Guimpe – Pièce de linge en soie ou en lin dont les femmes se
coiffaient au
Moyen Age. Portée surtout au cours du XIIIème et du XIVème
siècles, la guimpe était généralement blanche, en une
ou deux parties ;
elle se drapait autour des tempes et du menton, cachant le cou et parfois la
bouche. On la
fixait sur la tête avec un bandeau, une petite coiffe ou un
bonnet raide, parfois aussi avec une couronne de
fleurs ou de métal orné de
pierres précieuses. La guimpe en une seule pièce est restée longtemps la
coiffure des
veuves et des religieuses ; quelques-unes la portent encore de
nos jours.<br>
A la fin du XIXème
siècle, on a donné ce nom à une sorte de
plastron féminin qui sort du décolleté d’une robe ou d’une veste et
simule le
port d’un corsage. Ce type de guimpe est souvent en tissu très léger, brodé ou
orné de dentelle.
Guipure – Ce mot provient de l’ancien français guiper qui signifie
enrouler,
entortiller le fil, mais les nombreuses utilisations de ce terme lui
donnent un sens imprécis. On l’employait
autrefois comme synonyme de dentelle
pour désigner les pièces anciennes d’Italie et de Flandre. Mais peu à peu, il
a
quitté le domaine exclusif de la véritable dentelle pour désigner des ouvrages
de filet (filet-guipure) ou de
crochet (guipure ou dentelle
d’Irlande).
Plus précisément, la dénomination « dentelle guipure »
désigne une dentelle pourvue d’un bourdon épais
créant un effet de relief, ou
bien une dentelle dont les parties denses ne sont pas reliées entre elles par
un fond
mais par des brides. Certaines broderies au point coupé portent
également cette appellation, par exemple la
guipure de Carrickmacross.
Gujarat, broderie - La broderie de cet état du nord-ouest de
l'Inde change
tous les 20 kilomètres, mais son trait particulier est
l'utilisation de morceaux de miroir (Aabla) imbriqués dans
les motifs aux
couleurs vives et d'une forme particulière de patchwork dans laquelle les
morceaux de tissus sont
ramassés au hasard à partir de vieux vêtements, de
tentures et de coussins. Des coquillages sont souvent inclus
dans les
bordures.
Le Gujarat est depuis des siècles l’un des principaux
centres textiles indiens,
avec ses cultures d’indigo et de coton, son industrie
de la teinture et de l’impression, ses tissages et ses
broderies. Cette région
a joué un rôle prépondérant pour l’exportation de textiles vers l’Indonésie, l’Afrique,
le
Proche-Orient et l’Europe. L’ancienne tradition artisanale vit encore
aujourd’hui dans les techniques et les motifs des textiles locaux, et la grande
ville d’Ahmedabad est la première productrice indienne de cotonnades
industrielles.
Gül – Motif le plus souvent octogonal apparaissant fréquemment sur les tapis orientaux. Le champ des tapis turkmènes, afghans et de Boukhara est souvent entièrement rempli de güls. Ce motif qui varie sensiblement d’une région à l’autre possède à l’origine une raison d’être emblématique, chaque version représentant une tribu donnée. Gül signifiant rose en persan, on suppose que cette figure représente une fleur stylisée. Cependant, plus le motif est volumineux, moins il ressemble à une rose, d’où le surnom populaire d’un des plus grands d’entre eux, fil-pa, qui veut dire « patte d’éléphant »…
Sources :
- « Autour du Fil, l’encyclopédie des
arts
textiles », Editions Fogtdal, Paris, 1990, volume 11 ;
- Sites internet.