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Cachemire, broderie du - Contrairement aux autres régions de l'Inde, au Cachemire, la broderie est traditionnellement une affaire d'homme. Les couleurs sont riches et les motifs représentés sont les différents oiseaux de la région, les cerises, les raisins, les fleurs de pommiers, les prunes, les lis et les fleurs de safran.

Casalguidi, broderie - Cette broderie blanc sur blanc Italienne du nom d'un petit village de Toscane fut développée à la fin du 19e siècle. Les points utilisés les plus reconnaissables sont le point à 4 côtés, le point de grébiche en barrette et le point de tige en relief. Les broderies plus modernes ont délaissé le lin (tissu et fils) pour les tissus à tissage régulier et les fils de coton et de rayonne aux couleurs vives. Cette broderie est tellement délicate que certains la considère comme une dentelle à l'aiguille.

Chenille, broderie - Cette technique est dérivée de la broderie Chenille-mèche. Elle utilise soit de la laine ou du coton, et joue autant sur les teintes que les formes, car il n'y a qu'un seul point utilisé, la boucle. Le tissu utilisé doit nécessairement être tissé serré car il n'y a pas de doublure pour retenir les fils. On se sert principalement de cette broderie sur les couvre-lits. Les boucles coupées ont tendance à s'arracher aux lavages répétés, laissant des trous inesthétiques. À ne pas confondre avec le patchwork "Chenille". fait de 5 ou 6 épaisseurs de tissus, qui s'effilochent au premier lavage pour donner l'apparence de chenille.

Chenille-mèche, broderie - Cette technique considérée comme typiquement américaine tire ses origines dans la broderie blanc sur blanc Européenne. Elle prit son essor à l'époque de la colonisation quand une grave pénurie de fournitures de toutes sortes incita les femmes à utiliser la grosse mèche de coton entrant dans la confection des chandelles pour broder des couvre-lits. La technique demande un tissu support qui rétrécira au premier lavage afin de fixer les points dans sa trame. On utilise des points arrière et des points de noeud, en gardant entre les points des petites boucles d'égale longueur, sur fil double. Quant toute la broderie est terminée, on coupe les boucles avec des ciseaux pointus. Il existe également une méthode sur métier à tisser, strictement Américaine, qui consiste en des fils de trame mis en boucles et tenus en place par les fils de chaîne. À ne pas confondre avec le patchwork Chenille.

Chikan, broderie - Cette broderie du style blanc sur blanc, qui trace ses origines à la cour royale de Oudh (Inde), est le plus souvent effectuée sur une mousseline fine. Elle utilise une variété de points, dont certains noeuds pour donner un effet texturé. Une des variétés de chikan est le jali, qui donne une apparence de filet. Dans la région de Uttar Pradesh, le tissu est perforé puis brodé d'un fil de couleur identique, pas nécessairement en blanc. Cette variété, qui se nomme "jamadami", est aussi associée au "kasooti", une broderie à points comptés. La broderie chikan est utilisée pour décorer une grande quantité d'articles différents dont les saris.

Chinoise, broderie - L'usage de la broderie remonte à la dynastie Chang (fin XVIe - fin XIe siècle av. J.-C.). De décorations vestimentaires (dynastie des Tcheou occidentaux, 1121-771 av. J.-C.), elle est rapidement devenue très élaborée à l'époque des Royaumes combattants (403-221 av. J.-C.) pour atteindre un apogée artistique sous la dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.). Une particularité de la dynastie T'ang (618-907) est l'apparition de nouveaux points de broderie. Jusque là, le point de chaînette était le seul point communément en usage. Il fut remplacé sous les T'ang par un nouveau point: le plumetis, un point réversible, pouvant se marier à ses dérivés. Les aiguilles d'acier et les fils de soie permirent à la broderie de s'identifier à la peinture. Les remarquables chefs-d'œuvre de broderie de la dynastie Song (960-1279) sont composés de centaines de milliers de points compliqués, utilisant une large palette de couleurs agréables. L'image finale est souvent d'un réalisme et d'une vivacité étonnants. L'innovation majeure fut l'introduction sous la dynastie Ming (1368-1644) de matériaux autres que la soie: fibres de papier, cheveux humains, flanelle, dentelle et or pur. Sous la dynastie mandchoue des Ts'ing (1644-1911), la broderie a conservé les acquis des dynasties précédentes, mais a toutefois connu deux changements remarquables. Le premier est le succès extraordinaire des styles régionaux. Le second, vers la fin de la dynastie, est l'influence de la broderie japonaise et des valeurs esthétiques apportées par la peinture européenne, qui a lancé une technique appelée "broderie libre".

Colbert, broderie - De grands motifs sur un tissu ferme et transparent, avec des points de remplissage très variés et un contour des motifs tressé en coton épais (genre coton perlé n° 3), puis entouré en points de tige. À l'origine, un lainage ou un tissu à tamiser (coton à fromage) était utilisé. L'espace entre les motifs est travaillé en fils tirés (ne pas confondre avec les jours, car aucun fil n'est coupé dans ce cas-ci). Cette broderie est rarement en blanc sur blanc mais utilise plutôt des couleurs riches et soutenues.

Contemporaine, broderie - Broderie machine ou à la main, utilisant ou non de la peinture à tissu, et ayant comme modèle de base n'importe quel dessin. Ainsi, les patrons de tolepainting, les pochoirs, les illustrations d'enfants, les images de magasines peuvent servir à des broderies.

Cordons d'or, broderie à - Cette broderie consiste à travailler des fils métalliques recouverts d'une spirale de fil d'or ou d'argent. Certains de ces cordons étant creux, ils peuvent se couper et être appliqués comme des perles; ce qui nécessite des ciseaux bien aiguisés et pointus. D'autres cordons sont mats ou lustrés et certains sont même étincelants. La broderie traditionnelle consiste en un contour de points de grébiche avec un point picot en cordon à tous les six ou sept points, ajouté au point de grébiche par le dessus et non par en dessous. Le fil utilisé est soit en soie ou du fil à broder, passé dans la cire d'abeille pour le raidir et empêcher les noeuds. Une aiguille très fine est toujours utilisée.

Coréenne, broderie - La broderie traditionnelle étaient en soie sur soie. Celle sur les habits dénotait la classe sociale; celle sur les panneaux et les costumes de cérémonies était strictement décorative (fontaines, montagnes, oiseaux et fleurs), alors que celle sur les objets courant était en motifs géométriques (symboles de longévité, etc.). Des teintures naturelles étaient utilisées pour les fils, en trois tons, foncé, moyen et clair. Les tons intermédiaires étaient réalisés en agençant des fils de couleurs différentes.

Coton - Voir article dans "La broderie et les arts textiles dans le monde".

Coton câblé - On employait jadis un fil de coton à trois torons pour confectionner des filets de pêcheurs et des lignes à hameçon. Ces pièces, que l’on enduisait de goudron ou que l’on passait au tan, se détérioraient rapidement. Remplacé aujourd’hui par des fils synthétiques, le coton câblé n’est plus utilisé que dans le macramé ou comme chaîne de tissage. En couture, on utilise du câblé à six fils pour travailler le linge de maison et former des coutures solides ; il se présente en deux coloris - blanc et noir - et différentes grosseurs (plus le numéro de la bobine est élevé, plus le fil sera fin).

Coton perlé - Fil de coton retors très brillant que l’on utilise en broderie et en crochet. Ce matériau assez épais existe dans de très nombreuses teintes unies ou dégradées ; il se présente en échevette ou en pelote. On fabrique aussi des fils perlés de rayonne qui présentent un aspect particulièrement brillant.

Cotonnades - Englobant au départ l’ensemble des tissus de blanc - tels que toile, calicot, coutil ou cretonne, par exemple - ce terme a ensuite servi à désigner les indiennes.

Couché retiré - Ancienne technique de couchure d’or, variante du point couché. Dès le début du Moyen Age, ce procédé était utilisé, depuis l’Angleterre jusqu’à Constantinople en passant par la Sicile, pour décorer les costumes ecclésiastiques et les textiles liturgiques. Au XIIème siècle, on employait aussi bien, pour le réaliser, des fils métalliques que des fils de soie ; pendant la Renaissance, on le destinait plutôt à l’ameublement textile.
La technique à la base de ce point - qui convient parfaitement au remplissage - consiste à coucher un fil épais sur un support et à l’y maintenir avec un fil fin et solide cousu à petits points. Ces derniers sont tirés vers l’intérieur du tissu et deviennent ainsi invisibles sur l’endroit. Le couché retiré se travaille de préférence sur un tissu de fond lâche, éventuellement sur un canevas tendu sur un métier à broder. Le fil de maintien, fin et solide, doit être choisi dans les mêmes tons que le fil couché. Celui-ci - en soie ou en métal - doit être le plus long possible et peut être enroulé sur un morceau de carton ou sur une bobine.

Couchure - Technique de broderie utilisée surtout pour le remplissage et caractérisée par un fil épais - en laine ou en métal, par exemple - maintenu à la surface d’une étoffe par de petits points transversaux exécutés avec un fil plus fin. La couchure a beaucoup été employée en Europe, particulièrement dans les ateliers professionnels, sous forme de broderie d’or ou d’argent parfois associée à de la soie. On en trouve de nombreuses applications sur les textiles ecclésiastiques, mais également sur les costumes d’apparat et les tissus d’ameublement. Au Moyen Age, on travaillait aussi ‘au couché » avec de la laine et du lin, particulièrement en Allemagne du Sud, en Suisse et en Rhénanie.
Il existe plusieurs variantes de couchures : couché retiré, couchure rembourrée turque, points roman, de Boulogne, de figure et point d’Orient ou de Bayeux.


Exemples de point coupé

Coupé, point - Type de broderie blanche caractérisé par des découpes pratiquées sur le tissu de fond, qui sont bordées et remplies de dentelle à l’aiguille. Cette technique fait intervenir les points de feston et de boutonnière sous formes de brides, d’oeillets et d’araignées, associés au passé plat, au plumetis et au point de tige.
Le point coupé comprend un grand nombre de variantes, toutes inspirées plus ou moins directement des broderies de la Renaissance italienne. Parmi les plus anciens et les plus délicats, les ouvrages vénitiens aux motifs fleuris perpétuent cette tradition. La broderie Richelieu constitue une version assez proche. La broderie Colbert, qui se distingue des précédentes par l’absence de brides, représente l’un des travaux au point coupé les plus simples, mais donne néanmoins un résultat très spectaculaire.
La broderie anglaise se place parmi les plus répandues et a surtout connu un énorme succès au XIXème siècle. Une variante de cette technique s’est développée sur l’île de Madère, surpassant son modèle par sa variété ; elle se distingue surtout par l’utilisation occasionnelle de fils de couleur bleu clair.
Parmi les broderies paysannes européennes, l’un des plus fines est certainement le point coupé de Hedebo ; celui-ci s’est développé à l’ouest de Copenhague, privilégiant des motifs fleuris d’une grande délicatesse. En République Tchèque, les Valaques de Moravie ornaient aussi les cols et les manchettes de leur lingerie d’une forme de point coupé très aérienne.

Coutil - Tissu serré et lourd, à armure sergé, croisé ou à chevrons. Fabriquée à l’origine avec du chanvre ou du lin, le coutil est actuellement le plus souvent métis ou en coton, avec une chaîne de fils retors et une trame de fils simples ou retors, ce qui lui donne une grande solidité. Sa résistance à l’usure et à la traction en font le tissu idéal pour les vêtements de travail et les matelas.
On trouve du coutil à matelas uni, damassé ou à rayures longitudinales. La toile destinée à la confection est souvent traitée pour éviter qu’elle ne rétrécisse ; le coutil de soie, qui présente une face brillante et satinée, est utilisé pour la fabrication des corsets.


Bonnet d'enfant en crazy patchwork

Crazy patchwork - Genre de patchwork, appelé aussi « patch craquelé ou « pointes folles », caractérisé par des motifs très irréguliers aux couleurs souvent éclatantes. Cette technique rappelle l’application par l’utilisation constante d’un tissu de fond sur lequel sont cousus les morceaux d’étoffe. Provenant d’Amérique du Nord, elle fut qualifiée de crazy (« fou », en anglais), car les pièces aux formes et natures multiples (laine, soie, coton, velours, brocart, dentelle) semblent mêlées de manière irrationnelle, l’ensemble du montage n’obéissant pas aux lois géométriques du pieced quilt traditionnel.
A l’origine, les étoffes étant rares et très coûteuses dans les colonies anglaises d’outre-Atlantique, le patchwork représente un moyen économique d’exploiter au maximum les restes du tissu. Les ouvrages ainsi réalisés vont connaître leur heure de gloire sous la période victorienne : dans la seconde moitié du XIXème siècle, la confection des quilts devient un passe-temps populaire très à la mode, particulièrement dans les villes où les femmes des classes moyennes ont désormais la possibilité d’acheter de l’étoffe dans un grand choix de couleurs et de qualités. Peu à peu, elles dissimulent les coutures sous divers points de broderie, dont les points de chausson, d’épine, de feston et de noeud. Parfois, le quilt est bordé d’un galon ou d’une frange et orné de morceaux de tissu assez grands que l’on décore de motifs floraux ou d’animaux, de toupies ou d’éventails, par exemple. La plupart des ouvrages en crazy patchwork ne sont généralement pas matelassés, mais plutôt capitonnés. Pendus sur un mur, étendus sur un sofa ou un piano, ils sont souvent destinés à un usage décoratif.
Un crazy quilt peut être confectionné de deux manières, la technique de couture restant identique. On peut travailler en modules ou en blocs – c’est-à-dire coudre d’abord les pièces sur des morceaux de tissus carrés que l’on assemble ensuite par des coutures -, ou bien coudre directement chaque élément sur un grand fond. Dans les deux cas, on commence généralement dans un coin, en bâtissant le premier morceau sur le tissu ; on fixe les suivants un par un, quelles que soient leur taille et leur forme, chacun mordant de quatre à cinq millimètres sur la pièce précédente. On ourle alors les morceaux qui se trouvent sur les bords, avant de cacher éventuellement les coutures sous des points de broderie.

Crêpe - Etoffe fine qui présente une surface irrégulière, grenue et parfois élastique. L’effet crêpé peut être donné de plusieurs façons. On peut l’obtenir en employant des fils fortement tordus, à torsion Z ou S, ou avec différentes armures dont les points de liage sont répartis irrégulièrement ; on peut aussi associer les deux méthodes.
Le crêpe était à l’origine une étoffe de soie naturelle, mais on le fabrique aujourd’hui dans toutes sortes de fibres. Il existe de nombreuses variétés de crêpes dont les noms changent selon les matières employées, la torsion des fils ou le type d’armure, le poids et le grain. Parmi les plus connues, on peut citer le crêpe de Chine, à armure toile, qui fait alterner deux fils de trame à torsion Z et deux à torsion S tandis que la chaîne est faite de fils lisses. Autrefois, la soie ou le mélange de laine et soie utilisés pour sa fabrication lui conféraient une grande douceur et un merveilleux tombant. D’autres sortes, moins coûteuses, sont destinées aux doublures (crêpe satin). Le crêpe marocain, d’un tissage similaire au crêpe de Chine, est beaucoup plus lourd, en raison de la grosseur du fil de trame employé qui confère au tissu un aspect presque cannelé.
Le crêpe georgette, d’un tissage plus serré, est un tissu léger, souple, à grain plus ou moins marqué, légèrement transparent. Il doit son nom à une célèbre couturière parisienne qui fut la première à l’utiliser. On en fait des robes et des chemisiers. Le crêpe de laine, dont la fabrication de base est semblable à celle du crêpe georgette, est plus particulièrement destiné aux robes et aux tailleurs. On appelait jadis crêpeline une étoffe de soie très légère que modistes et couturières utilisaient comme garniture.

Crépon - Tissu imitant le crêpe, en fils de coton fins auxquels on a fait subir une très forte torsion. Par un traitement approprié lors de la finition, l’étoffe se rétracte et présente une surface irrégulièrement ondulée, semblable à une écorce. Il est employé en confection.

Crète - Voir article.

Cretonne - Toile de coton très répandue, dont le tissage régulier présente généralement le même nombre de fils de chaîne que de trame. La cretonne apparaît dans la première moitié du XIXème siècle à Lisieux, en Normandie ; elle doit son nom à Paul Creton, l’un des ses premiers fabricants. Il s’agissait à l’origine d’une toile serrée très solide, à chaîne de lin et trame de chanvre. Les anciennes cretonnes françaises, ornées de motifs aux couleurs variées, sont célèbres pour leur beauté. Très vite, la cretonne remplace presque entièrement le chintz dans l’ameublement, car elle apporte davantage de solidité et de facilité d’entretien. On l’emploie aussi pour l’habillement et le linge de maison, ainsi que dans l’industrie. Dans l’usage courant, la cretonne évoque surtout un tissu léger, le plus souvent imprimé de fleurettes aux couleurs vives.


Détail d'une courtine anglaise de la seconde moitié du XVIIème siècle, ornée en broderie crewel du motif oriental de l'arbre de vie

Crewel, broderie - Broderie de laine d’origine anglaise, qualifiée aussi, en Europe, de broderie « jacobéenne ». Le mot crewel désignait à l’origine une laine peignée à deux fils. La broderie de laine - bien que fort ancienne - connut une telle popularité en Angleterre au XVIIème siècle et en Amérique du Nord au siècle suivant, que les motifs couramment employés pendant cette période prirent également le nom de crewel.
Cette technique était utilisée en ameublement pour orner lits, rideaux, tentures, et pour décorer les chabraques des chevaux. A l’exemple des célèbres « verdures », la surface de l’étoffe était entièrement recouverte d’un décor d’arbres et de feuilles stylisés peuplés d’oiseaux. L’ornementation s’inspire aussi des toiles peintes des Indes ; le motif de l’arbre de vie, par exemple, apparaît fréquemment. Ce style oriental, associé au décor floral souvent brodé dans un camaïeu de vert émeraude - couleur de prédiclection des Anglais -, caractérise ce qu’on a appelé la broderie jacobéenne. Au XVIIIème siècle, elle fut lentement supplantée en Angleterre par le travail au point de croix. Sa popularité se maintint pourtant sur les costumes, particulièrement sur les vestes féminines et les gilets.
A cette même époque, la broderie crewel fit son apparition aux Pays-Bas sur les costumes populaires. Les motifs étaient copiés sur ceux de la noblesse, brodés à la soie.
Les colons du Nouveau Monde perpétuèrent cette tradition anglaise, mais leurs réalisations se distinguent par leur finesse et par la présence de motifs moins nombreux sur un fond non rempli. L’origine de cette variation s’explique peut-être par la rareté du fil en Amérique ; cette pénurie déterminait aussi le choix des points : il fallait impérativement que la plus grande partie du fil soit visible sur l’endroit. D’autre part, la laine était filée et teinte par les brodeuses ; l’indigo, qui poussait à l’état sauvage dans cette partie du monde, fournissait le colorant privilégié. Le décor évolua également : inspiré de l’environnement naturel, il acquit une fraîcheur et une vigueur particulières. Ainsi, les petites fleurs des champs détrônèrent la flore luxuriante et le répertoire s’enrichit de nouveaux motifs animaliers : oiseaux, lapins ou cerfs. Cette broderie de laine occupe encore une place significative dans l’artisanat textile des Etats-Unis.
Aujourd’hui, la broderie crewel est adaptable à tous les styles et peut agrémenter toutes sortes d’ouvrages - vêtements, couvre-lits, tentures -, à condition qu’ils ne soient pas trop soumis à l’usure. Peu résistante en effet, elle ne convient pas sur les sièges, par exemple. Les points les plus employés sont le passé plat, les points arrière, de tige, de chaînette, des croix et de nœud, ainsi que certains motifs de remplissage comme les points de grille. On travaille avec des fils de laine peignée légèrement retordus ; ce matériau se présente en différentes épaisseurs, avec un ou deux brins.
La broderie traditionnelle, américaine ou anglaise, s’effectue sur une toile de lin blanchie ou sur des étoffes de coton et de lin. D’autres supports peuvent également convenir, mais uniquement si les fils de chaîne et de trame s’écartent facilement sous l’aiguille. De plus, le tissu doit être suffisamment solide pour supporter le poids supplémentaire de la laine sans se froisser ni former de plis.
Au XVIIIème siècle, la préférence des brodeuses allait aux sergés, remarquables par leur résistance à l’usure et par leur douceur. On en brossait parfois la surface afin de leur conférer un aspect velours contrastant avec la structure nette des points de laine. Actuellement, on dispose également de lainages grattés et d’étoffes synthétiques.

Crinoline - A l'origine, tissu de lin à trame de crin utilisé dans la confection des cols d'uniformes militaires. On l'employa dès 1840 pour faire des sous-jupes rigides destinées à soutenir l'ampleur croissante des robes : ces jupons prirent dès lors le nom de crinolines. Dès 1850 environ, les robes devenant encore plus larges, on mit au point des structures plus légères. Ce furent d'abord des jupons empesés et baleinés portés les uns sur les autres, puis les cages, composées de cercles métalliques reliés entre eux par des bandes de tissu. Ayant gagné en légèreté, le système réduisait, en revanche, la liberté de mouvement. De nombreuses gravures satiriques de l'époque montrent ces cages soulevées avec facilité par un coup de vent, découvrant les dessous aux regards indiscrets ! C'est ainsi que le port du pantalon de lingerie devint une obligation. Vers 1867, les crinolines cages disparurent, supplantées par les tournures. Mais le terme ne disparaît pas pour autant du vocabulaire de la mode et il revient à plusieurs reprises pour désigner des jupes ou des sous-jupes de différentes matières. Entre 1915 et 1917, on appelle " crinolines de guerre " des jupes larges et courtes soutenues par un jupon comportant une armature à la hauteur des hanches. A partir de 1937 et pendant l'Occupation, les femmes portent des robes du soir étroites sur les hanches mais élargies au bas par des godets que maintiennent des jupons ou de hautes bandes de crinoline montées dans l'ourlet. En 1974, avec la mode New Look, les jupes amples, qui ne sont plus seulement réservées au soir, reposent sur plusieurs couches de jupons de tulle renforcé parfois avec du crin. De nos jours, les accessoires destinés à soutenir l'ampleur des jupes diffèrent par leurs formes et leurs composants. On a vu des crinolines de tulle dans les collections de Karl Lagerfeld et de Christian Lacroix, alors que des créateurs comme Vivienne Westwood et Jean-Paul Gaultier préfèrent les cerceaux. Mais toutes ces structures ont un point commun : leur inspiration puisée dans la période fastueuse du Second Empire.

Croatie, broderie folklorique de - Les motifs utilisés dans les campagnes sont plus souvent géométriques ou floraux. Contrairement à leurs consoeurs de la haute société, les paysannes n'employaient pas de fils d'or mais des teintes vives où le rouge domine.

Croatie, broderie de - Le symbole de la fierté féminine de toutes les régions croates, de la Slavonie à Zagreb, cet art ancien était passé de génération en génération. Défini comme de la peinture en fils, les motifs floraux de Croatie utilisent des fils d'or en une grande gamme de techniques différentes locales ou traditionnelles. Cette technique était utilisée sur les vêtements et en tapisserie murale. Le prix d'une pièce ne dépend pas du prix du fil d'or mais de la qualité et de l'originalité de la brodeuse

Croisés, point - Ensemble de points de broderie dont le dessin caractéristique évoque des nervures ; ils se rapprochent des points de croix, d'épine et des points nattés et sont travaillés avec une aiguille à bout pointu sur un motif tracé. On les utilise surtout pour le remplissage de motifs floraux, mais aussi pour broder des monogrammes.

Croix - Voir rubrique Le Point de Croix.

Croix, point - Voir rubrique Le Point de Croix.

Croquet - Galon en zigzag, tissé à la machine, utilisé pour décorer et border un ouvrage ou un vêtement. De largeur variable, il présente des dents plus ou moins pointues et il est disponible dans de nombreuses couleurs.

Termes anglais :

Sources : « Autour du fil, l’encyclopédie des arts textiles », Editions Fogtdal, Paris, 1988, volume 6 et 7
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