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Bagué, point - Point de couture souple de longueur moyenne, qui, glissé dans l’épaisseur du tissu, est presque invisible sur l’endroit. On l’utilise pour faire des ourlets ou pour maintenir deux morceaux d’étoffe envers contre envers, par exemple pour baguer une doublure sur un vêtement. Le point bagué, qui s’appelle aussi «glissé» ou «coulé», se réalise avec un fil de la couleur exacte du tissu ; on ne prendra si possible qu’un seul fil, en piquant dans l’épaisseur du vêtement.

Bain - Préparation liquide utilisée pour le blanchiment, la teinture ou tout autre traitement par imprégnation. Le bain de décoloration intervient au début de la chaîne textile : il a pour but de blanchir le fil ou le tissu écru et de le préparer à une teinture éventuelle. Dans son utilisation domestique, il sert à décolorer des étoffes avant qu’on ne les teigne dans une couleur différente ; pour la décoloration, des produits spécialisés sont souvent proposés avec le matériel de teinture.
Le bain de teinture contient des colorants destinés à teindre les fils ou les étoffes, ainsi que toutes les substances chimiques nécessaires à la fixation des couleurs. Les articles qui ont été traités ensemble portent le même numéro de bain. Il est très difficile d’obtenir exactement le même résultat lors de teintures successives et, selon l’éclairage, des différences subtiles peuvent apparaître. En conséquence, il est recommandé, lorsqu’on entreprend un ouvrage de broderie, par exemple, de se procurer des fils provenant tous du même bain.

Baldishol, tapisserie de - Fragment de tenture datant probablement de la première partie du XIIIème siècle, découvert au Hedmark (sud-est de la Norvège) et exposé au Musée des arts décoratifs d’Oslo. Tissée de laines colorées à l’aide de teintures végétales, avec des ajouts de lin blanc, cette tapisserie devait appartenir à une frise de plus grande importance, sans doute une représentation des douze mois.

Baleines - Baguettes solides et flexibles extraites des fanons du plus grand animal de la création, que l’on utilise dans certaines pièces du costume pour leur donner une forme précise.

Bandana - Ce terme vient probablement de l’hindi bandhani, qui désigne une forme de teinture à la réserve par ligature, utilisée pour faire des mouchoirs colorés dont les dessins (éléphants, fleurs, perroquets) sont constitués de petits ronds blancs. On a appelé ainsi les mouchoirs, typiquement rouges, des cow-boys américains (ils servent surtout à protéger le nez et la bouche de la poussière) ainsi que les indémodables petits carrés de couleurs vives que l’on porte noués autour du cour et qui sont récemment revenus à la mode portés sur la tête.

Barèges - Etoffe légère en gaze de laine et de soie, anciennement fabriquée à Barèges dans les Pyrénées. Employé dans presque tous les secteurs de l’habillement (écharpes, robes, manteaux), le barèges a connu un grand succès tout au long du XIXème siècle. Originairement en laine pure et fine comme de la mousseline, il a été tissé, à partir de 1820, avec une trame de soie grège (voir article sur la Route de la Soie en France).

Bargello - Technique de tapisserie à l’aiguille à points comptés, exécutée généralement en laine ou en soie, et formant des motifs géométriques typiques, en zigzag ou en courbe. Le terme Bargello recouvre les points de Florence, de Hongrie, de Byzance, de flamme, et de brique. Il doit ses origines au palais Bargello (ou palais Podesta) de Florence, transformé, en 1857, en un musée où sont exposées quatre chaises du XVIIème siècle, recouvertes de tapisseries exécutées dans cette technique. Il existe en France un bon exemple de ce type de tapisserie, datant du XVIème siècle : le mobilier et les tentures de la chambre de Charles IX, au château de Talcy.
En jouant sur les combinaisons de couleurs, contrastées ou en camaïeu, et en variant la longueur des points et la façon de les décaler, on peut obtenir une grande variété de motifs, aux effets optiques parfois vertigineux. Actuellement, la technique du Bargello est employée dans le monde entier, pour faire des dessus de sièges, des accessoires et des vêtements sous des formes traditionnelles ou contemporaines.

Baroque - Style architectural et décoratif né à Rome à la fin du XVIème siècle, caractérisé par des lignes irrégulières et ondoyantes, une absence totale de surfaces planes, un décor surchargé et des effets imprévus et outrés. Un très bon exemple en est la basilique Saint-Pierre de Rome et la colonnade du Bernin. Après le classicisme de la Renaissance, le baroque touche davantage les sensibilités populaires et provoque l’émerveillement. La recherche d’un effet théâtral entraîne en effet l’emploi du trompe-oeil, la multiplication des coupoles, des colonnes torses, des cadres sinueux et des décrochements. Cette même inclination pour les cartouches, les volutes renversées et les guirlandes se retrouve dans le textile, sur des tapisseries et des tissus aux fonds surchargés, et dans la dentelle, où le point de Venise multiplie les volutes fleuries et les motifs en relief ou « brodés ». Le goût du baroque se propage en Espagne, au Portugal (le mot vient du portugais barroco, « irrégulier ») et en Europe centrale, pour rayonner en Autriche et en Allemagne du Sud jusqu’au milieu du XVIIIème siècle.

Basin - Etoffe croisé qui peut être unie, à rayures ou à carreaux, et dont la chaîne est de fil et la trame de coton. L’Inde exportait ce tissu à partir du XIVème siècle ; les meilleurs basins européens se fabriquaient à Bruges et en Hollande.

Basse lisse - L’un des deux principales catégories de métiers à tisser classiques utilisés pour faire de la tapisserie, l’autre étant le métier vertical dit de haute lisse. Le métier de basse lisse est caractérisé par une chaîne montée horizontalement et séparée en deux nappes de fils, pairs et impairs. Les fils passent à travers des lisses, qui sont mises en mouvement par deux pédales, ou marches, et permettent d’inverser le croisement des fils de chaîne en soulevant tour à tour les nappes impaires et paires. Les mains du lissier sont ainsi complètement libres pour soulever la chaîne et glisser les flûtes, sur lesquelles il a enroulé les fils correspondant aux différentes couleurs de la tapisserie. Le tisserand travaille à partir du carton, ou modèle, placé sous la chaîne, ce qui facilité l’exécution du motif. Sur le métier de basse lisse, le tissu s’enroule au fur et à mesure du travail ; ainsi, contrairement à l’artisan qui travaille sur métier à haute lisse, le basse-lissier ne peut jamais évaluer l’ensemble de l’ouvrage. Les ateliers de Beauvais, d’Aubusson et de Felletin travaillent en basse lisse, tandis que ceux des Gobelins travaillent en haute lisse. Une fois achevées, les deux sortes de tapisseries ne se différencient guère l’une de l’autre ; il est ainsi presque impossible de déterminer la technique utilisée pour tisser une pièce ancienne.

Bâti - Couture provisoire maintenant ensemble deux ou plusieurs pièces de tissu. Sa forme la plus courante est le bâti de montage qui prépare l’ouvrage et permet par la suite un assemblage précis à la machine. Le point de bâti se fait en principe à la main ; on peut aussi l’exécuter avec la machine à coudre sur des tissus non fragiles. Le fil à bâtir est un fil spécial en coton, peu solide puisqu’il est destiné à disparaître de l’ouvrage terminé. Sur les tissus légers ou moelleux ou sur le velours, on emploiera une aiguille et un fil à coudre fins pour ne pas marquer l’étoffe, surtout si l’on doit repasser la pièce bâtie. Il convient de choisir le fil de bâti dans une couleur qui se distingue bien de celle du tissu.

Batik - Terme d’origine javanaise désignant un procédé d’ornementation des étoffes qui fait partie des techniques de réserve (Voir prochainement article dans « La broderie et les arts textiles dans le monde »).

Batiste - Toile de lin très blanche, fine et serrée, fabriquée à l’origine en Belgique et en France du Nord. La batiste était tissée dans des caves humides pour que le fil garde toute sa souplesse. Le lin employé pour sa fabrication, soigneusement choisi et filé à la main, lui conférait un aspect brillant et lustré. Le nom de cette étoffe vient de l’inventeur et fabricant Baptiste Chambray, qui vécut au XIIIème siècle ; on l’appelle également Cambrai, du nom de l’un des centres de production les plus importants. On faisait en batiste des mouchoirs, des blouses et des robes de baptême travaillés en broderie anglaise ou au plumetis. Elle était aussi indispensable à la fabrication du point de Dresde, imitation délicate de dentelle ; les brodeurs tiraient partie de la finesse de l’étoffe, en juxtaposant des broderies serrées, des parties ajourées et le tissu transparent.
Il existe aussi des batistes de coton, comme la batiste suisse, plus fines et plus lisses d’aspect que l’étoffe de lin, mais moins solides à l’usage. Aujourd’hui, on en trouve en fibres synthétiques.
La batiste de Hollande, très forte, est proche de la toile du même nom. On appelle en outre batiste de Canton une étoffe très fine fabriquée avec de la ramie importée de Chine en grande quantité aux XVIIIème et XIXème siècles.

Baudequin - Riche étoffe de soie brodée, souvent rehaussée d’or et d’argent, provenant du Proche-Orient (Bagdad ou Damas) et employée à l’origine en ameublement pour faire des tentures et des baldaquins. Plus tard, le terme a aussi désigné un brocart de soie dans lequel on taillait les costumes des personnages de haut rang. Le baudequin a connu son apogée en France au XIVème siècle ; on sait par exemple qu’Isabeau de Bavière est entrée à Paris en 1389 accompagnée d’un cortège comprenant quelque mille deux cents personnes vêtues de baudequin vert et vermeil !

Bauhaus - Institution allemande d’enseignement artistique et architectural constituée à Weimar en 1919 par l’architecte Walter Gropius, dont l’idée maîtresse était d’intégrer l’art et l’artisanat à la civilisation industrielle. Le Bauhaus prônait la création collective et privilégiait l’expérimentation dans le domaine esthétique, ainsi que le développement de prototypes susceptibles d’être fabriqués industriellement. Les membres de ce mouvement pensaient que la renaissance de l’artisanat procurerait à l’homme du plaisir dans son travail, améliorant ainsi les relations sociales. En plus de la qualité de ses oeuvres inscrites dans le modernisme du moment, l’influence du Bauhaus tenait à son niveau pédagogique très élevé et à la dispersion de ses enseignants à travers le monde entier.
L’enseignement du Bauhaus touchait à tous les arts appliqués, y compris la production textile ; l’un des ses caractéristiques principales était la collaboration dans chaque domaine entre un spécialiste des formes et un spécialiste technique. L’exemple le plus parfait en fut fourni par l’atelier de tissage, qui fonctionna à l’origine sous la direction du peintre Georg Muche et de la tisserande Helene Börner ; le peintre Paul Klee influença également la création textile du Bauhaus. Caractérisées par l’alternance des matières (laine, coton, soie, viscose, chanvre), l’expérimentation de matériaux nouveaux comme la cellophane, et un travail géométrique du décor, jouant sur les oppositions de couleurs ou encore les contrastes entre le noir, le blanc et le gris, les créations textiles du Bauhaus furent spontanément appréciés du public.
L’établissement fut transféré en 1925 à Dessau, puis à Berlin en 1931, pour être finalement fermé par les nazis en 1933. L’esprit du mouvement se répandit néanmoins à travers le monde grâce à ses personnalités : Brener et Kandinsky se réfugièrent à Londres ; Gropius et Mies Van der Rohe ainsi que Josef et Anni Albers choisirent les Etats-Unis. L’enseignement textile se poursuivit essentiellement aux Etats-Unis, en Suisse et en Hollande.

Bayeux, dentelle, tapisserie et point. (Voir article dans « La broderie et l’art textile dans le monde »).

Bayadère - A l’origine, tissu obtenu à partir de plusieurs armures différentes, tissées les unes après les autres pour former des bandes dans le sens de la trame. Ces raies de largeur variable étaient le plus souvent de coloris différents, d’où l’usage du terme bayadère pour désigner des tissus à bandes de couleurs très vives. Ces étoffes à rayures furent très en vogue, surtout pour les robes légères, à la fin du XVIIIème siècle.

Beauvais - (Voir article dans la rubrique « La broderie et les arts textiles dans le monde »).

Beauvais, point de - (Voir article dans la rubrique « La broderie et les arts textiles dans le monde »).

Bedfordshire, dentelle du - A partir du XVIème siècle, une industrie florissante de dentelle aux fuseaux s’est développée dans le centre de l’Angleterre, stimulée par l’arrivée d’immigrés, venus du continent. Ainsi, sous le nom de « Bedfordshire » se cachent des réalisations inspirées de produits français : en particulier, celles de Buckingham, les plus répandues dans le comté au XIXème siècle. Des pièces imitant la dentelle de Malte ont aussi été réalisées dans cette partie de l’Angleterre, après qu’en 1851 une exposition dévoila au public londonien le charme de ces ouvrages, qui finirent par détrôner ceux de Buckingham. Assez grossiers, ils étaient faits de fils continus ; leurs motifs géométriques, reliés par des brides, étaient exécutés généralement avec des demi-passées, des tresses simples et du point d’esprit, celui-ci sous forme de petites pièces allongées, appelées tallies.
Le métier à dentelle du centre de l’Angleterre consistait en un très grand cylindre bourré de paille et posé sur un chevalet de bois. On employait des fuseaux aux formes multiples. Pour économiser les bougies, on avait imaginé une sorte de tabouret percé de trous : celui du milieu servait de bougeoir tandis que les autres contenaient des globes de verre remplis d’eau, qui concentraient la lumière et la renvoyait sur les métiers disposés tout autour. Six dentellières pouvaient ainsi travailler à la lumière d’une seule bougie.
Plusieurs écoles ainsi qu’un certain nombre de clubs et de sociétés maintiennent la tradition de la dentelle dans le Bedforshire, en essayant de sauvegarder les motifs anciens et les fuseaux traditionnels. On peut admirer ces travaux dans les collections des musées de Bedford, Olney, Northampton, Luton et Aylesbury.

Beiderwand - Tissage façonné réversible, d’origine nordique. Ce mot allemand, qui signifie tissu à double face, indique la nature de l’étoffe. Utilisé comme courtine ou tenture murale, le beiderwand présente des motifs répétitifs de couleurs contrastées, qui recouvrent toute la surface de l’ouvrage.
Le beiderwand est formé de deux épaisseurs de tissu liées entre elles à l’endroit des motifs et séparées dans les parties travaillées en uni. L’une des faces montre un dessin aux couleurs distinctes de celles du fond ;c sur l’autre, les coloris sont inversés. Dans les fermes du Danemark, de la Hollande et de l’Allemagne du nord, les paysans se servaient de ces tissages pour décorer leur maison les jours de fête, exposant, selon les régions, l’une ou l’autre face du tissu. La chaîne est traditionnellement en lin écru, la trame de fond en lin et celle du motif en laine simple bobinée double, de couleur plus sombre. Cette technique est actuellement l’objet de recherches visant à produire des effets originaux, surtout par l’emploi de fils de matière et de grosseur différentes pour chacune des deux faces.

Belgique - (Voir prochainement article dans « La broderie et les arts textiles dans le monde »).

Bemberg - Nom (déposé) d’une fibre artificielle obtenue par dissolution de la cellulose dans une solution ammoniacale à base d’oxyde de cuivre. Découverte en Allemagne en 1919, le bemberg a longtemps été considéré, malgré sa faible résistance, comme la fibre ressemblant le plus à la soie. Aujourd’hui, il est souvent remplacé par la viscose ; on l’utilise néanmoins mélangé à d’autres fibres, dans la confection des bas et des doublures.

Bergame - Tapisserie très commune fabriquée à l’origine dans la ville de Bergame, en Italie. Tissées aussi bien à partir de bourre de soie, de coton, de laine que de poils de boeuf ou de chèvre, les bergames étaient surtout destinées à l’ameublement, et notamment à l’ornementation des murs. Les villes de Rouen et d’Elboeuf se sont spécialisées par la suite dans la production de ces tapisseries.

Berlin, broderie de - Technique de broderie du XIXème siècle développée en Allemagne. Elle est basée sur les grilles peintes à la main servant de modèle à points comptés pour les broderies à point de croix, petit point, point de velours et broderie de perles. Les fils utilisés sont de la laine douce, filéé dans la ville de Gotha (Allemagne Orientale, au pied du Thüringerwald) et teintes à Berlin. Voir l'article sur la naissance des grilles dans « La broderie et les arts textiles dans le monde ».

Binche, dentelle de - Légère dentelle aux fuseaux originaire de Binche dans le Hainaut (Belgique), et dont les effets ombrés sont caractéristiques. Il semble que des dentellières de Valenciennes aient introduit cet artisanat dans la région. Au fil des années, Binche a affirmé son propre style, qui consiste en un ouvrage étroit à fils continus, avec des motifs au point de toile et l’emploi fréquent du fond neige. Au XIXème siècle, la demande se raréfiant, cette ville s’est spécialisée dans les décors à appliquer sur tulle mécanique ; ce travail est qualifié « d’application de Bruxelles ». Les dentellières de Bruges ont repris la méthode traditionnelle sous le nom de « Point de fée », et celle de Binche, beaucoup moins nombreuses aujourd’hui, produisent encore de très beaux ouvrages.

Blanche, broderie - Toutes les broderies faites en fil blanc sur un tissu blanc sont classées dans cette catégorie, certaines intimement liées par la technique et d'autres non apparentées. Cette broderie est aussi appelée broderie blanc sur blanc.
Catégorie assez vaste de broderies réalisées, à l’origine, avec du fil blanc sur une toile blanche, souvent en lin. Par la suite, le travail a été exécuté - toujours sur fond blanc - avec des fils de couleur, de sorte que l’appellation « broderie sur blanc » est plus précise. Cette technique est employé dans l’habillent et la décoration, spécialement dans la lingerie et les articles de maison.
Au XVème siècle, ce type d’ouvrage, rare en France, était déjà répandu en Allemagne. La reine Isabeau de Bavière aurait introduit à la cour de France le goût du linge luxueusement brodé. Le Musée de Cluny à Paris possède des « touailles », serviettes qui étaient travaillées au cordonnet de soie rouge, ainsi que des pièces de linge personnel, comptant parmi les plus anciennes broderies blanches françaises.
Du XVIème au XVIIIème siècle, dans les pays du sud et du centre de l’Europe - qui cultivent le lin et le transforment en étoffes d’une incomparable qualité -, on voit se développer toutes sortes de techniques raffinées, s’appuyant sur les livres de modèles imprimés en Italie, en France et en Allemagne. Une broderie sur batiste, caractérisée par des points damassés, s’impose particulièrement en Allemagne ; les points ajourés de Dresde, sommet du raffinement, égalent presque en finesse la dentelle à l’aiguille. En Suisse, aux environs de la ville d’Appenzell, la broderie blanche est pratiquée dans de grands ateliers ; on y utilise une technique semblable à celle du plumetis, pour obtenir des effets de relief.
De la fin du règne de Louis XV (on se souvient des fichus de linon de Marie-Antoinette) jusqu’au début du Premier Empire, le travail en blanc est très en vogue. La mode du Directoire veut que les femmes soient vêtues de longues robes de mousseline légère, dont le haut du corsage est richement brodé. Sous l’Empire, ces costumes simples sont éclipsés par de luxueux habits chamarrés, mais la Restauration et l’époque romantique verront réapparaître la robe blanche, notamment pour les jeunes filles. Ce sera aussi le triomphe des broderies venues des îles britanniques : Ayrshire, Coggeshall, Mountmellick...
Près de Marseille, au début du XVIIIème siècle, se développe une forme délicate de broderie blanche rembourrée, appelé boutis ou piqûre de Marseille, utilisée pour décorer les vêtements. Une technique de crochet sur métier prend forme également en France vers 1760, à partir d’échantillons venant de Chine. Elle consiste en un point de chaînette, effectué à l’aide d’un crochet à travers un fin tissu tendu sur un tambour. Sous l’Empire, elle viendra délicatement border les longues robes de mousseline blanche. Au XIXème siècle, on met à l’honneur les broderies Colbert, Renaissance et Richelieu, surtout pour l’ornementation du linge de maison. Les motifs subsistent en réserve après découpage du tissu et sont liés par des barrettes brodées ; ils suivent de très près l’évolution des styles.
Enfin, il faut souligner le rôle important de l’Eglise dans la diffusion des techniques. Les vêtements sacerdotaux et les linges de culte, souvent blancs et ornés de broderies et de dentelles, ont été confectionnés surtout par les nonnes des couvents d’Europe.
Dans la plupart des traditions populaires des pays européens, ce type de travail tient également une grande place. Les femmes ont repris les motifs traditionnels pour les développer et créer des modèles caractéristiques à chaque région. On le constate sur les costumes folkloriques des pays de l’est et du nord de l’Europe, constitués de pièces vestimentaires richement travaillées, et sur le linge de maison. La Norvège, avec la broderie de Hardanger, et le Danemark (Amager, Hebedo) sont célèbres pour leurs ouvrages à fils tirés et à points coupés.
A notre époque, la broderie anglaise et le plumetis (souvent dénommé « broderie française » dans d’autres pays), connaissent un succès qui ne se dément pas, tant en Europe qu’en Amérique du Nord.

Blanchiment - Ensemble des opérations permettant d’éliminer les impuretés et le colorant naturel des fibres animales ou végétales, ou encore des textiles. Les fibres et tissus ainsi traités sont prêts à recevoir une éventuelle teinture par bain ou par impression. Le blanchiment s’effectue soit sur des fils disposés en écheveaux et empaquetés dans des cuves, soit sur des tissus mis en « boyaux », c’est-à-dire resserrés sur eux-mêmes. On procède en plusieurs phases, et les agents chimiques diffèrent en fonction des matériaux à travailler.
Pour les fibres d’origine végétale comme le coton, la première opération est le grillage qui permet d’enlever le duvet des fibres. Ensuite un lavage à l’eau tiède entraîne l’élimination des colles et produits divers qui auraient pu être introduits au cours du tissage par exemple. On procède encore à la saponification par action de la chaux pour expulser les graisses et les cires naturelles. Enfin, la décoloration permet, grâce à l’effet blanchissant de l’eau de Javel, de l’eau oxygénée ou des chlorates, d’obtenir la blancheur désirée. Pour le lin, le traitement doit être plus modéré, ce qui explique sa blancheur toujours un peu crémeuse.
Pour les fibres d’origine animale telle la laine, on procède d’abord au dégraissage afin d’éliminer le suint de la toison, qui empêcherait plus tard toute pénétration de la teinture. On continue par le lavage avec une eau très chaude accompagnée de soude et de savon. La décoloration se fait soit à l’aide de gaz sulfureux (mais le blanc obtenu n’est pas permanent à l’usage), soit en utilisant de l’eau oxygénée ou du permanganate de potassium. Pour la soie, la première étape est le décreusage : on fait disparaître, par diastases ou eau chaude savonneuse, l’enveloppe minérale recouvrant le fil de soie grège.
Enfin, pour les textiles d’origine chimique, l’adjonction d’un pigment blanc à la solution filable, avant les opérations de filature, permet d’obtenir un produit blanc. Les tissus synthétiques peuvent être trempés dans un bain d’azurant optique (sorte de colorant) puis séchés, avant d’être enroulés.

Blonde - Dentelle aux fuseaux à fils continus, faite de soie blonde, blanche, noire ou polychrome, de fils d’or, d’argent ou de lin. Elle emprunte son nom à la couleur de la soie avec laquelle on la fabriquait à l’origine.
Dès le milieu du XVIIème siècle, Paris et la région de Chantilly s’en font une spécialité. Cependant, c’est surtout à partir de la deuxième moitié du XVIIIème siècle que les blondes de soie écrue sont spécialement prisées. Les motifs simples de coquilles et de trèfles à quatre feuilles, cernés d’un fil épais comme dans les Malines, s’accordent avec le goût d’une ornementation plus dépouillée qui prévaut à l’époque. Le fond de ces ouvrages est formé de mailles présentant un trou d’épingle central très caractéristique que l’on retrouve également dans les dentelles espagnoles. La blonde devient alors si populaire que d’autres pays comme l’Italie (Venise), l’Espagne et la Flandre se mettent aussi à en fabriquer en quantités importantes. Après la Révolution française, les ateliers de production de la blonde quittent la région parisienne pour s’installer en Normandie - à Caen, Rouen, Bayeux - et délaissent le fond traditionnel pour celui de Lille et pour le « fond chant » (ou Point de Paris). Pendant la période romantique, de 1820 à 1850, on apprécié toujours la blonde écrue ; exécutée avec de la soie floche, elle est extraordinairement légère mais peu solide et, malgré la production abondante, il en reste très peu d’exemples en bon état. La blonde de soie noire - qu’il ne faut pas confondre avec la Chantilly - disparaît presque complètement après 1830. Quant aux dentelles en fils d’argent ou d’or, on a fondu la plupart d’entre elles pour récupérer le métal précieux qui les constituait.

Boteh - Sa forme exprime la sagesse orientale : tige en bas, pointe épanouie et penchant gracieusement la tête, elle évoque le mouvement dans l'équilibre. On trouve le boteh notamment sur les tapis, les tissages et les broderies du Cachemire. Cet ornement, découvert dès la XVIIIème siècle sur les châles de cette région par les voyageurs européens, pourrait être d'origine perse. Sa signification est, aujourd'hui, encore, teintée de mystère : la petite feuille rappellerait la courbe du Gange, la flamme de Zoroastre (ou Zarathoustra), voire une larme. Une autre interprétation en fait l'empreinte d'un poing sanglant : c'est en effet par ce geste que, traditionnellement, un chef d'armée signait un traité de paix, s'il ne savait pas écrire son nom.

Boubou - longe chemise ample et flottante, portée traditionnellement en Afrique par les hommes (parfois par les femmes).

Bouclette - Dans le domaine textile, fils et tissus d'aspect bouclé. Les étoffes bouclette sont toutes exécutées avec un matériaux de fantaisie, obtenu par retordage de deux ou plusieurs fils simples présentant des torsions différentes. La machine travaille par saccades, obligeant le fil le moins tordu à boucler autour de l'autre. Ces produits ont une surface irrégulière infroissable et les modèles de bonne qualité donnent de solides manteaux et de bons tailleurs. Lorsqu'il est serré, ce tissu est aussi employé dans l'ameublement. Il faut noter que les matières bouclées ou éponge, que l'on forme en jouant sur la tension de la chaîne, ne font pas partie du même groupe. Le tricot bouclette se caractérise par un entre-maille allongé, bouclant en surface. On l'utilise beaucoup dans la fabrication de la layette et des vêtements d'enfant, des articles de sport et de détente, pour lesquels sa douceur, son moelleux et son gonflant sont tout à fait adaptés. Enfin, les tapis du même nom sont réalisés à partir d'une chaîne en fil bouclé, qui compose un velours constitué de boucles. Sur les imitations, c'est l'introduction d'une trame supplémentaire très tendue qui fait boucler la chaîne.

Boudin - Ruban moelleux, composé de fibres de laine ou de coton cardées, peignées et réunies pour être prêtes à filer. On utilise plus spécifiquement le terme " mèche " pour désigner une matière floche, un fil très gros et non retordu.

Bougran - Jusqu'au XIVème siècle environ, fine étoffe fabriquée en Orient, notamment dans la ville de Boukhara, qui lui a donné son nom. Ensuite, elle devient une toile forte et gommée en lin, chanvre ou coton, que les tailleurs glissent entre la doublure et le tissu, pour donner une meilleure tenue au vêtement.

Bouillonné - Bande de tissu décorative, froncée sur les deux bords et posée en entre-deux ou en application. En couture, cette technique est utilisée notamment pour la finition des poignets et les décolletés de robe ; elle consiste en plusieurs rangées de fronces, obtenues par le tirage des fils de canette arrêtés sur l'envers. Fabriqué avec un matériau non élastique et donc relativement fragile, le bouillonné doit être renforcé par une doublure.

Boukhara-suzani - On désigne ainsi des tapis brodés (suzani signifie " aiguilles " en persan) provenant d'Asie centrale - et plus précisément de Boukhara en Ouzbékistan, à environ 500 km de Tachkent. Aux XVIIIème et XIXème siècles, les boukhara-suzani, confectionnés par les femmes, venaient enrichir le trousseau de mariage, donné en compensation de la somme versée pour obtenir la future épouse. Ces ouvrages sont en coton, tissés à la main et brodés de soie multicolore. Les motifs floraux typiques sont souvent travaillés avec une technique de couchure particulière appelé aussi point de Boukhara.

Boukhara, point de - Cette technique de couchure est traditionnellement utilisée en Ouzbékistan pour broder les tentures boukhara-suzani. Le point est exécuté de gauche à droite. Pour effectuer le motif de la feuille, sortir l'aiguille sur le contour du dessin. Tendre le premier fil le long du contour de la feuille. Piquer dans le contour du dessin et ressortir légèrement à gauche du fil tendu. Maintenir le fil en place par un petit point perpendiculaire. Ressortir l'aiguille en bas, sur la ligne du dessin. Tendre un deuxième fil et continuer de la même façon. Faire les points de maintien à intervalles réguliers pour obtenir l'effet caractéristique du point.

Boulochage - Usure superficielle des tissus et des tricots se manifestant - surtout à l'occasion de frottements répétés - par la formation de bouloches en surface. Ces petits assemblages de fibrilles se produisent plus particulièrement, et plus rapidement, sur les étoffes en matières synthétique et cellulosique, en raison de la faible longueur de leurs fibres et de la torsion minimale des fils.

Boulogne, point de - Technique de couchure, appelée aussi point couché, consistant à maintenir en place, par quelques points transversaux, un fil principal généralement épais - un fil d'or, par exemple -, disposé directement sur la surface du tissu. Ce procédé est utilisé aussi bien pour le remplissage que pour marquer les contours.

Bourre - Le terme " bourre " (ou filasse) désigne certaines fibres textiles, telles que la laine ou le coton, à l'état brut. Lorsqu'elle est grossière, on utilise la bourre sans la travailler pour rembourrer matelas et édredons, ou bien on la carde pour fabriquer des non-tissés comme le feutre. Les fibres plus fines sont traitées avant d'être filées. Ce mot s'applique également aux déchets de fibres - soie et laine essentiellement - obtenues à certaines étapes de leur transformation en étoffe. La bourre de soie est ainsi le résidu du filage du cocon, alors que celle de laine peut provenir des restes du peignage (ou blousses) ou encore des déchets de draps et de bonneterie (on l'appelle alors laine renaissance).

Bourrette - Fil de soie obtenu à partir de la première couche qui entoure le cocon et par extension, étoffe fabriquée avec ce matériau. Ce tissu d'un prix moyen ne présente ni la solidité, ni l'aspect brillant et régulier propres à la soie. Utilisée en confection et en décoration (pour réaliser notamment des vestes et des rideaux), la bourrette est souvent vendue sous la fausse appellation " soie sauvage ".

Boutis - Technique de matelassage, qui vit le jour en Sicile il y a 700 ans, et qui devint une industrie en France au 18e siècle, le boutis était, au départ, fait en blanc sur blanc. La technique comprenait une double épaisseur de lin épais cousu au fil de lin. Des motifs sont soulevés en insérant une bourre de coton ou, à partir du 16e siècle un cordon, sur l'endos du travail. Appelé boutis en France, cette technique s'appelle Trapunto en Amérique et, pour les pièces de Marseille datant du 17e et 18e siècles, elles se nomment broderie de Marseille (terme utilisé autant en anglais qu'en français pour les désigner). Le boutis blanc sur blanc est encore utilisé de nos jours pour les édredons, mais des motifs colorés s'emploient pour les miniatures, les couvertures de causeuses et pour encadrements.

Bouton - Petite pièce, généralement ronde, permettant l'assemblage des différentes parties d'un vêtement et cousue à l'une d'elles. L'ancêtre du bouton est une agrafe (la fibule) qui retenait les drapés des costumes, dans l'Antiquité. Pendant des siècles, les femmes ont porté des robes cousues sur elles le matin, défaites le soir. Le bouton, tel que nous le connaissons aujourd'hui, n'apparaît qu'au XIIème siècle. A cette époque, les ouvertures correctement fermées prouvent l'honnêteté des femmes. Les articles courants sont découpés dans les os de boucherie : à la cour, on les fabrique en pierres et en métaux précieux. Du XIVème au XVIIème siècle, ils ne cessent de s'enrichir pour atteindre leur plus grand luxe sous Louis XIV. Ils sont alors utilisés comme des bijoux, cousus par centaines sur un seul ensemble. On en achète déjà d'occasion, récupérés sur les habits de seigneurs ruinés. Le XVIIIème siècle marque une évolution importante. Le "Cabinet des modes" précise : "On fabrique une quantité prodigieuse de larges boutons pour hommes et femmes, peints de petits personnages, paysages, nymphes, amours et volatiles, mis sous verre. Le boutonnier n'intervient plus que pour la monture proprement dite. Les clients moins fortunés les imitent en faisant mettre sous verre de petites gravures coloriées ". On trouve aussi des pièces en soie rebrodée ou sous forme de petites écrins de cristal, renfermant des insectes, des plantes séchées… Un orfèvre, Monsieur Strass, donne son nom à une pierrerie imitant le diamant. Largement utilisé, le strass entraîne l'ouverture de boutiques spécialisées. Les exemplaires en acier poli, qui brillent comme des bijoux, suscitent une passion qui va se prolonger jusqu'au début du XIXème siècle. Des modèles en porcelaine fabriqués par la Manufacture de Sèvres seront décorés, pendant la Révolution, d'emblèmes patriotiques. Sous Napoléon, apparaît le bouton de nacre. Par ailleurs, des pièces de monnaie rares, fixées sur des montures d'or, servent aussi de fermeture. Au XIXème siècle, cette industrie prend un grand essor. On trouve des ornements en métal peint, en marcassite, en fonte de Berlin, en coraux agrémentés de cannetille, d'émail ou de mosaïque. Le début du XXème siècle confirme le triomphe des boutonniers français. Vers 1920-1925, le plastique apparaît : les pièces sont larges et plates, souvent carrées ou rectangulaires, avec des dessins bicolores. Dans les années 1930, les boutons de haute couture témoignent d'une grande recherche, notamment ceux créées pour Elsa Schiaparelli, en forme de masques et d'animaux ; certains, enduits de phosphore, deviennent lumineux. A la Libération, ils sont tricolores. Après 1950, s'amorce une nouvelle ère de fantaisie et l'imagination créatrice s'exprime par la diversité des matières et des formes. Le bouton est choisi en fonction du tissu utilisé (quand il n'en est pas recouvert) et des effets recherchés. Sa couleur peut être proche de celle de l'étoffe ou contrastée ; on choisira un petit modèle pour un tissu fin, un grand pour un textile plus épais. Les boutons à deux ou quatre trous sont utilisés sur des épaisseurs fines ou moyennes. Les éléments décoratifs ont souvent des tiges permettant une fixation invisible. Le choix du fil se fait selon le modèle : fil à coudre fin ou fort en double, cordonnet ou fil à bouton.


Dentelle exécutée au point de boutonnière

Boutonnière, point de - Point utilisé pour broder les boutonnières à la main. On le travaille habituellement de droite à gauche, en commençant par l'extrémité la plus éloignée du bord. Cette technique ne doit pas être confondue avec le point de feston, assez semblable, mais moins solide. Pour que l'ouvrage soit parfaitement régulier, il faut suivre un fil du tissu ou une marque faite au crayon, à la craie ou avec un faufil, en donnant une tension égale à tous les points, sans trop les serrer ni les espacer. On emploie aussi un procédé en broderie, dans la dentelle à l'aiguille, la dentelle de Hedebo et des travaux ajourés.

Bref - Représentation graphique schématisée des différents éléments d'un programme de tissage. On l'appelle aussi mise en carte.

Brésilienne, broderie - Le Brésil n'inventa ni les points (points de poste, grébiche, plumetis double et noeuds français), ni le fil de rayonne; mais ce dernier, produit depuis 1850 dans toutes les couleurs et teintes, est facile d'emploi pour les motifs surélevés. Le fil de rayonne a la particularité d'être très lisse et d'une brillance qu'aucun coton ou soie à broder ne peut égaler.

Breton, point - Point de broderie à effet torsadé qui, associé aux points de chaînette, de tige et au passé plat, ornait autrefois les costumes bretons. Cette technique se travaille horizontalement ou verticalement sur un tissu dont les fils sont faciles à compter. On peut commencer toujours du même côté, ou bien tourner le travail à chaque rang. Sortir l'aiguille et la piquer 8 fils à gauche et 2 fils plus haut. La ressortir verticalement 2 fils plus bas, c'est-à-dire au même niveau que le point de départ. Passer l'aiguille sous le point formé, de manière à entortiller les fils. Piquer l'aiguille 3 fils au-dessus du point de départ et la ressortir verticalement 2 fils plus bas, c'est-à-dire un fil au-dessus du point de départ. Continuer ainsi en décalant les points verticaux d'un fil vers le haut à chaque fois.

Bretonne, dentelle - La dentelle bretonne est, en réalité, du tulle mécanique rebrodé à la main à l'aide d'un fil passé entre les mailles. Les dessins assez sommaires comportent peut de points de fantaisie ; les motifs sont souvent géométriques ou inspirés du folklore celte. Il s'agit donc d'une technique facile et rapide à mettre en oeuvre. Cette petite industrie ne se développa dans les campagnes bretonnes que vers le milieu du XIXème siècle, au moment où le tulle mécanique devint bon marché. Cette province, où il existait une très ancienne tradition de broderie - mais pas de coutume dentellière -, se mit rapidement à produire de grandes quantités de tulle brodé, destinées non seulement à la consommation régionale (coiffes, tabliers, jupons), mais aussi à une commercialisation plus large. Toutefois, les ouvrières bretonnes firent, à la même époque, beaucoup de dentelles au crochet dites d'Irlande, qu'elles exécutent encore aujourd'hui. Celles-ci ressemblent en effet aux réalisations irlandaises, avec des ornements peut-être moins variés et des reliefs moins accusés, la production de cette région ne bénéficiant pas d'un encadrement créatif et commercial aussi développé qu'en Irlande. La dentelle bretonne est longtemps restée, pour la plupart des Français, synonyme de dentelle au crochet. Quant à la fabrication du tulle brodé, elle a presque complètement disparu en Bretagne aujourd'hui.

Bride, dentelle - Sorte de barrette à usages variés qui relie, maintient et décore en même temps les travaux de dentelle à l'aiguille. On brode ces pièces de différentes manières sur des fils de soutien, en utilisant le point de feston pour la dentelle de Venise, les points de surjet et de feston pour la technique de la broderie Renaissance. Ces brides sont parfois rehaussées de picots, comme dans la dentelle Richelieu, par exemple. Dans le travail aux fuseaux, on fait également grand usage de brides. Appelées aussi barrettes, cordes ou tresses, elles servaient tout d'abord à relier les différents motifs, puis elles ont joué un rôle de plus en plus décoratif, notamment avec les picots. Travaillées avec une grande régularité, les brides forment quelquefois un véritable fond entre les figures.

Brique, point de - Ce point de remplissage, utilisé en broderie sur toile et en tapisserie à l'aiguille, est composé de points droits verticaux d'égale longueur, que l'on dispose en quinconce.

Brocart - Voir article dans "La broderie et les arts textiles dans le monde".

Brocatelle - Terme désignant, à l'origine, un brocart à petits dessins, puis, par extension, une étoffe de la famille des lampas, en soie, fil, coton ou laine, qui reproduit l'effet satiné en relief du damas. Les brocatelles proviennent essentiellement d'Italie ; les premiers exemplaires datent des XIIIème et XIVème siècles. La production de ce tissu culmine au XVIIème siècle, où la mode de l'ameublement requiert des tentures fixes, mais au XVIIIème siècle, la brocatelle perd une partie de son prestige. On utilise aujourd'hui cette étoffe solide pour la confection de garniture de meubles, de tentures murales et de portières.

Brochage- Procédé qui permet, au cours du tissage, d'obtenir un dessin en relief, en ajoutant des fils de trame supplémentaires. Cette technique est réalisée principalement sur des métiers à mécanique jacquard ; les motifs - souvent en soie - exécutés sur fond de toile ou de satin sont reliés, sur l'envers, par un fil flottant. On emploie les tissus brochés dans l'habillement féminin et l'ameublement.

Broche - En tapisserie de haute lisse, outil en bois tourné, terminé par une pointe à une extrémité et une tête à l'autre. Chargée de laine ou de soie dans sa partie évidée, la broche sert à passer les fils de trame entre les deux nappes de la chaîne. Le bout pointu permet alors d'introduire facilement l'outil entre les fils de chaîne et de tasser le fil de trame. En basse lisse, cet instrument s'appelle une flûte.

Brodequin - Bottine en tissu ou en peau recouvrant le pied et le bas de la jambe. Au XIVème siècle, le brodequin était fait d'une simple étoffe, utilisée dans la confection des chausses. Il prit ensuite des formes diverses ; tout d'abord, jusqu'au XVIème siècle, celle d'un soulier léger porté dans les bottes. Ce fut également le bas liturgique de soie ou de velours, souvent richement brodé, revêtu à l'occasion du sacre des rois ; longtemps aussi, il chaussa les personnages de la comédie classique. Au XIXème siècle, il devint une élégante chaussure à tige. Enfin, aujourd'hui encore, il sert aux marcheurs, dans une version solide et montante, plus adaptée aux excursions.

Bunka - Technique japonaise utilisant une aiguille creuse de la taille d'un crayon avec une pointe fine au bout qui perfore le tissu et applique un fil de rayonne brillant et soyeux. Plusieurs méthodes créent des textures différentes et l'illusion que l'on peint avec du fil. Le modèle est peint et travaillé sur l'endos du tissu. Le fil Bunka sert également, en Europe et en Amérique, aux glands retrouvé sur les signets de livres commerciaux.

- Termes anglais :
Back stitch : point arrière, technique analogue à celle décrite sous le nom de point glissé.

Bk.st :abréviation de Back stitch.

Sources : "Autour du Fil, l’encyclopédie des arts textiles", Editions Fogtdal, Paris, 1988, volumes 2 à 4 ;
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