Masques de l'Opéra de Pékin

Les masques des opéras traditionnels chinois sont une sorte de maquillage des acteurs, utilisé en général pour les rôles masculins jing et bouffons. Chaque personnage a son maquillage spécial, qui fait ressortir les traits typiques de son caractère. On peut dire que ce maquillage a une fonction artistique pouvant se résumer en quelques mots : "symboliser les éloges ou les blâmes, distinguer les bons des méchants". Ainsi, le public peut percevoir les sentiments et les pensées des personnages sur la scène, tout en contemplant leur apparence. Voilà pourquoi les masques sont connus comme étant un "panorama du cśur et de l'esprit" des personnages d'opéra.

Les masques de l'Opéra de Pékin, tout comme le jeu des acteurs, constituent un art vivant qui a fait son apparition sur la scène avec les acteurs. Bien que l'Opéra de Pékin ne compte qu'une histoire d'un peu plus de 190 années en comparaison avec les autres opéras, il s'est développé avec une rapidité étonnante, et a connu une grande popularité : le large public l'apprécie vivement, on peut dire qu'il est solidement ancré parmi les masses.

C'est aux environs des XIIème-XIIIème siècles que l'on vit apparaître les masques de bouffons avec une grande tache blanche au milieu du visage. (…) Toutefois, à mesure que l'art des opéras chinois se développe, se produire sur la scène en portant un masque gêne de plus en plus le jeu des acteurs. Les acteurs ont alors recours à la poudre, à l'encre, au fard, à la suie grattée du fond des casseroles, pour peindre directement leur visage. C'est ainsi que les masques de l'Opéra de Pékin virent progressivement le jour. Comme les opéras étaient chantés surtout en plein air, les spectateurs assis loin de l'estrade ne pouvaient voir clairement l'expression du visage des acteurs. Mais quand ceux-ci avaient le visage peint comme un masque, du plus loin qu'ils se trouvaient, les spectateurs pouvaient percevoir distinctement leur physionomie.

(...) Les maquillages de l'Opéra de Pékin étant extrêmement artistiques, pour les réaliser il faut également une grande habilité. Tout comme pour la calligraphie et la peinture chinoise, le pinceau doit être manié avec force et précision, l'application des couleurs demande l'harmonie des teintes fortes et des teintes légères ; en traçant les traits il faut utiliser de l'encre très fine. C'est seulement ainsi que le maquillage devient vivant et expressif et qu'il attire l'attention.

in "Masques de l'Opéra de Pékin",
Avec l'aimable autorisation des Editions Aurore,
Beijing, Chine, 1992

Les créations