Projet de création de la Maison Communautaire des Cotonnades de Charalá

Il s’agit d’une initiative prise par un groupe d’une soixantaine d’artisanes et d’une dizaine d’agricultrices et agriculteurs qui œuvrent autour de la « Corporación de Recuperación Comunera del Lienzo » (Corporation  Comunera » de Récupération des cotonnades»). Les agriculteurs qui participent à ce projet sont essentiellement des producteurs de coton biologique. Les artisanes appliquent des techniques de teinture végétale. De telle sorte que les uns et les autres contribuent à la préservation de l’environnement. Les tissages de la « Corporación » ont acquis une bonne réputation en tant que production néoartisanale. Cette activité permet également la préservation d’une tradition culturelle qui était sur le point de disparaître, mais que le lien établi avec les toutes dernières fileuses et tisserandes a permis de sauver.

Les travailleuses de la « Corporación » se sont par ailleurs intéressé à la recherche de techniques ancestrales de teinture végétale et ont manifesté un souci d’approvisionnement en coton produit de façon organique. La production du coton s’effectue en partie à Charalá et en partie dans une commune voisine, Barichara, en raison du manque de terres parmi les paysans pauvres de la région (dominée par des haciendas sucrières et d’élevage) et aussi, il faut le reconnaître, du manque de soutien à l’activité des tisserandes de la part de la majeure partie des hommes.

Elle a reçu le soutien d’ONG belges et allemandes. En 1993, la création d’une association sans but lucratif des producteurs de cotonnades a confirmé l’avancée de ce processus. Actuellement, l’association ne reçoit plus d’aides, et son existence, si importante pour les femmes qui se consacrent à cet artisanat, reste fragile.

Ces dernières années, l’activité et les ventes n’ont cessé de progresser, confirmant que cet artisanat correspond à une demande réelle et en expansion. Avec l’appui de l’Universidad Javeriana de Bogotá, nous pensons trouver de nouveaux débouchés à l’étranger dans le circuit du commerce équitable. Nous avons commencé un processus de collecte de fonds auprès de personnes privées et d’entreprises. Nous espérons ainsi arriver à réunir les moyens qui permettront de mener à bien un projet qui s’attaque, à sa modeste échelle, aux racines mêmes du conflit intérieur dont souffre la Colombie, dans la mesure où il offre des perspectives de travail, de solidarité et d’harmonie.

Actuellement, la « Corporación » n’a pas de siège en propre et doit louer un local qui abrite son atelier urbain et où elle développe ses activités centrales et stocke ses produits. La collaboration de l’ONG allemande « Pan para el Mundo », qui a beaucoup contribué à consolider cette organisation, tire à sa fin, ce qui risque de mettre en péril l’avenir de cette activité.

Cependant, l'expérience et la réputation accumulées toutes ces années ont permis à la « Corporación » de s'assurer des débouchés satisfaisants, en particulier lors de sa participation annuelle à foire-exposition artisanale de Bogotá. La « Corporación » réalise également des ventes tout au long de l'année aux touristes qui visitent cette contrée fort réputée pour la beauté de ses paysages et de son architecture traditionnelle. Cette production artisanale est maintenant bien enracinée dans la région, comme l'indique le fait qu'elle ne fait que progresser depuis vingt ans. La création de la Casa Comunitaria renforcerait notablement sa stabilité à long terme.

C’est dans ce contexte qu’en compagnie des femmes de la « Corporación » et d’une anthropologue qui suit son développement depuis 18 ans, nous avons élaboré le projet de création d’une Casa Comunitaria del Lienzo à Charalá. Nous avons longtemps espéré que la municipalité de Charalá contribuerait à sa réalisation en mettant un local à la disposition des femmes de la « Corporación ». C’était oublier d’une part le manque d’intérêt des hommes pour cette affaire de femmes, et d’autre part le manque d’intérêt des riches pour cette histoire de pauvres : la politique est monopolisée ici par ceux qui dominent la vie de la commune, à savoir les propriétaires fonciers.

Nous avions aussi compté sur les ONG qui travaillent en Colombie. Mais celles-ci sont généralement réticentes à investir dans « la pierre ». Par ailleurs, dans un pays en guerre, comme c’est malheureusement le cas de la Colombie, les ONG ont trop à faire avec les problèmes des populations déplacées pour s’occuper de ce genre de projet, qui par contre attire leur attention dans des pays en paix. En outre, à l’échelle mondiale, les problèmes de l’Afrique ou de l’Europe de l’Est ont eu dernièrement tendance à drainer les fonds des organismes de coopération, réduisant d’autant les fonds disponibles pour nos régions.

Et pourtant, il s’agit bien là du genre de projet qui s’attaque aux racines mêmes du conflit intérieur dont souffre la Colombie, dans la mesure où il offre des perspectives de travail et d’harmonie. La création de la Maison Communautaire des Cotonnades permettra à la « Corporación » :
- De disposer d’un siège stable pour ses activités de production (atelier central), de stockage et d’organisation ;
- D’être un lieu de formation technique et socioculturelle pour ses adhérentes ;
- De renforcer sa présence et ses activités dans le municipio de Charalá ;
- De créer un écomusée relatif à l’histoire du coton et des textiles dans la région et à l’actuelle relance de la production ;
- D’attirer un flux de touristes qui amélioreront la capacité de vente des productions des artisanes (une boutique est prévue dans la « Casa Comunitaria ») ;
- De développer des activités de formation destinées aux établissements d’enseignement de la région ;
- De proposer des activités de découverte de l’environnement ;
- D’obtenir plus facilement des appuis pour mettre en oeuvre les autres aspects du projet d’ensemble de la « Corporación » ;

Une fois acquise l’existence d’un bâtiment, il sera plus facile d’accéder à des formes locales et internationales d’aide pour le montage des autres aspects du projet de Casa Comunitaria del Lienzo (car il doit être bien clair que le produit du travail des membres de la « Corporación » leur permet tout juste de mieux satisfaire leurs besoins élémentaires, mais en aucune façon d’épargner).

Par l’intermédiaire de donations, nous souhaierions réunir les 25.000 euros qui nous estimons nécessaires à la réalisation de la première phase de ce projet, à savoir, l’acquisition soit d’une maison dans le village, soit d’un terrain où serait alors construite une maison de quelques 150 mètres carrés. Il est fort possible que cette somme ne soit pas atteinte. Dans ce cas, avec l’aide d’un architecte qui sera mis au courant des risques d’un budget insuffisant, des plans auront été prévus de telle façon qu’une réalisation partielle d’un projet de construction puisse malgré tout être fonctionnelle. A l’inverse, si par effet de votre solidarité, une somme supérieure était réunie, nous l’affecterions à d’autres aspects du projet d’ensemble.

Les donateurs pourront s’informer de l’évolution des événements sur le site web du Projet. D’abord des résultats de la collecte ; ensuite, de l’avancement de l’achat ou éventuellement construction de la Casa Comunitaria del Lienzo. Une liste des donateurs sera affichée dans la Casa Comunitaria del Lienzo, sauf volonté contraire expresse de votre part.

Comme la liste des amis et connaissances n’est pas bien grande et que 25.000 euros représente une somme considérable (du moins vue d’ici), nous souhaiterions que les donations soient assez conséquentes et à cette fin, nous vous suggérons de vous associer pour réunir des fonds, et peut-être même pourrez-vous organiser une activité qui contribue à faire connaître la Colombie en d’autres termes que ceux du trafic de drogue et de la violence. Il nous semble en effet important d’offrir une occasion de montrer la Colombie sous un autre jour : celui d’un pays où des hommes et des femmes, loin du regard des médias, tentent de construire un avenir libéré du mal développement et affranchi des prétendues « aides » de certaines nations qui ne font en réalité qu’accentuer la violence et les problèmes dont souffre cette société.

Merci encore à mes amis et à tous ceux que je ne connais pas et qui, néanmoins, apporteront leur soutien à ce projet, et en espérant pouvoir les connaître un jour, peut-être ici, pourquoi pas, au cours d’une visite à la « Maison Communautaire des cotonnades », à Charalá.

Fraternel salut,
Pierre Raymond

Pierre Raymond, Carrera 3 No 12-68 (apt. 301), Bogotá, Colombie
Boîte Postale : AA 9.305, Bogotá
Tel/Fax (571) 561 91 59 Tel 282 20 48 - Tel bureau 342 50 90
Travail: Universidad Javeriana,  Facultad de Estudios Ambientales y Rurales, Bogotá
Tel : (571) 320 83 20 poste 4816
En France : 29 rue Berlioz, 92 330, Sceaux Tel/Fax : (331) 43 50 61 25
Courriel : [email protected]
Site web : http://pwp.etb.net.co/pierreraymond

Corporación de Recuperación Comunera del Lienzo : Ester Monroy, Representante Légale, Calle 22 Nº 17-04, Charalá, Santander, Colombia. Tel. (577) 725 87 53, (577) 725 77 40, (57) 311 280 45 58, courriel: [email protected]

Comment contribuer financièrement au projet :
(1) En faisant un virement bancaire en Colombie sur le compte de la  Corporación » : Banque: Bancafé, Succursale: Charalá. Téléphones: (57) 7 725 83 03 et (57) 7 725 80 29 - Adresse : Calle 25 Nº 16-89, Charalá, Santander, Colombie. Compte: Corporación de Recuperación Comunera del Lienzo – Casa Comunitaria del Algodón. Numéro: 406-09772-5. Code Swift de la banque Bancafé: CAFECOBB.

(2) En faisant un virement bancaire en France sur le compte ouvert par l’association « Le Tourbillon »  pour recevoir les dons destinés à la « Corporación » : Compte : Le Tourbillon – Opération Charalá - Domiciliation : CRCA Ivry-sur-Seine - RIB: 18206, International Bank Account Number (IBAN ) : FR76 1820 6002 8150 0907 2400 154 - Bank Identifier Code (BIC) AGRIFRPP882

(3) En envoyant un chèque à l’ordre « Le Tourbillon – Opération Charalá » à : Le Tourbillon – 3 av. du Général Leclerc – Appt 109 - Bât B1 - 94200 Ivry-sur-Seine – France

Collaborateurs du projet (à Bogotá): Pierre Raymond, (57 1) 561 91 59 y 342 50 90; Beatriz Granados, (57 1) 614 52 06 - Leonardo Ariza, (57 1) 2 16 07 77.

http://pwp.etb.net.co/pierreraymond/Pages/ProyectoCasaComunitariaEntrada1.htm

Au sujet de Pierre Raymond
Pour ceux qui ne connaissent pas directement celui qui est à l’origine de cette initiative, Pierre Raymond est un chercheur qui travaille sur les problèmes ruraux, installé en Colombie depuis 1979. Il a réalisé dans ce pays, devenu avec le temps son pays d’adoption, diverses recherches essentiellement sur l’économie, la sociologie et l’histoire rurales. Il a également enseigné à l’université des thèmes socio-économiques à des étudiants en économie, en développement rural et en ingénierie forestière.
Le tout premier de ses travaux de recherche concernait la culture du coton et la production de textiles à domicile dans le département du Santander. Cette recherche embrassait l’histoire de cette production, les problèmes agronomiques, économiques et sociaux ainsi que les techniques d’égrainage, filature et tissage. Elle avait été rendue possible entre autres par la rencontre fortuite, au cours d’un travail de terrain sur un autre sujet (concernant les formes traditionnelles de culture et transformation de la canne à sucre) de trois vieilles dames qui avaient conservé les ancestrales techniques de travail.
Cette recherche fit l’objet de trois publications (deux éditions du texte « Vida y muerte del algodón y los textiles santandereanos », Universidad Javeriana, 1981, édition revue et corrigée, éditorial Ecoe, 1989; « Historia del algodón en Santander », Banco de la República, 1990). Par la suite, d’autres personnes se sont intéressées au même sujet, ce qui a donné lieu aux travaux de Beatriz Granados ("Visión Histórico-cultural del Trabajo Textil en Charalá", Colcultura, 1991, "Tejidos Charaleños" Colcultura, 1994) et de Beatriz Devia ("Colores de la Naturaleza para el Algodón, Fondo FEN, 1996).
Cette histoire attira l’attention d’un promoteur d’une ONG belge qui fut ainsi à l’origine d’une première renaissance de la production artisanale des toiles de coton dans le cadre d’un projet d’éducation rurale appropriée à Charalá. Plus tard, le relais fut pris par une ONG allemande, connue en Colombie comme « Pan para el Mundo ». Cette organisation a accompagné pendant plusieurs années l’amélioration de la production (qualité des produits, création de nouveaux articles) et le développement d’une organisation de fileuses et tisserandes ainsi que de cultivateurs de coton. (Par Florence Gauthier, Maître de Conférences en Histoire, Université de Paris VII).