Les broderies de la période ottomane
Les frontières de l'Empire Ottoman, fondé par Osman 1er,
allaient de la Tunisie
jusqu'en Albanie et comprenaient l'Anatolie, l'Algérie,
l'Egypte, la Syrie, l'Irak, la Caucasie, la Grèce, la Bulgarie,
la Roumanie, la Macédoine et la Hongrie. Il a reigné de
1457 jusqu'en 1923. Ertugrul Gazi, père d'Osman 1er, avait
déjà ouvert les portes de l'Anatolie en 1071.
Le fils d'Osman, Orhan, a mis fin au reigne du Beylik de Karasi et a
ouvert les voies permettant de gagner l'accès à l'Europe
à travers l'Empire Byzantin. Avec les efforts de Murad 1er, les
villes de Bursa, Iznik et la Bulgarie ainsi que la Serbie ont été
conquises. A l'époque de Béjazet, une légère
interruption a été notée par le triomphe de Timur
sur l'Empereur Ottoman. Mais cela est resté de courte durée
gràce à l'accomplissement de Mehmet le Conquérant
qui est entré à Constantinople (Istanbul) en 1453 et a
transformé le beylik en empire. A l'époque du Sultan
Selim, l'Iran, l'Irak, la Syrie et l'Egypte sont passés entre
les mains des Ottomans et le Sultan fut désormais élu
Calife du monde musulman. Pendant le r`gne de Suleyman le
Magnifique, l'empire s'étendait de Vienne jusqu'à
l'Algérie.
Plusieurs mondes et plusieurs religions ont pu vivre ensemble dans cet empire jusqu'en 1922, date à laquelle le dernier sultan Vahdettin a quitté Istanbul. Beaucoup de cultures et d'arts se sont cotoyés pendant ces 500 années et l'un d'entre eux est la broderie qui a évolué parmi tous les styles des communautés vivant au sein des Ottomans. Parmi ceux-ci, il est possible de citer les exemples de broderies de la Hongrie, la Roumanie, l'Albanie, la Macédoine, la Bulgarie, la Grèce et des Etats Arabes, Arméniens, Juifs et Turcs, qui ont pu arriver intacts jusqu'à nos jours. Dans les musées d'Istanbul, de Londres, de Sofia, de Tirana, d'Iskala, de Thessalonique, d'Athènes, de Budapest et de Bucarest, il est possible d'admirer des vêtements de spectacle, des vêtements et accessoires brodés à côté d'objets différents qui prennent le pouvoir de cultures à la fois spirituelles et matérielles.
Les broderies turques peuvent se classer en trois catégories principales dont la naissance, le mariage et la mort, avec cependant des sous-catégories comme la circoncision, la visite à la Mecque et les campagnes militaires. Les berceaux, les draps de berceaux, leurs liens, les serviettes, les matelas, les balan�oires préparés pour les accouchements, les chemises de nuit, les robes, les salvar, les manteaux, les pélerines, les cepten, les voiles de mariée, les culottes, les linges, les ceintures, les bourses, les machramés, les essuie-mains, les sabots, les gilets, les coussins pour la mariée, les salvar, les bonnets, les gilets pour le marié sont issus de cette même culture mixte. Il y a aussi des revêtements pour les miroirs, les paniers, les linges, les revêtements pour les divans, les tapis muraux, les rideaux pour la porte préparée pour une circoncision avec les entari, pélerines, bonnets, bourses de l'enfant, les puside et ses parois, les draps de couffins, les tentes pour le pélerinage à la Mecque, les nappes du Kabe, les mihmil, ler rideaux, les étendards, les sacoches en cas de décès, les vêtements du Sultan, des janissaires, l es étuis pour les arcs, les boucliers, les bonnets en peaux d'animaux, les revêtements de selles, les sayeban, les zokak constituent aussi des impressions de la culture ottomane.
La population turque, vivant en Asie, en Afrique et en Europe sous l'Empire Ottoman, a très vite adopté les différentes styles de cultures et d'arts utilisés par le peuple du pays et a su les intégrer à la culture turque en obtenant ainsi une étonnante synthèse. Ils ont su garder l'originalité des broderies turques en donnant de nouveaux caractères aux oeuvres locales. En fait, presque tous les outils et ustensiles ont été changés et ont évolué : des aiguilles pour les machines, des peintures naturelles aux peintures artificielles, des salvar, des ��etek aux bindalli, des cafetans aux uniformes, des matelas par terre aux lits sur�lev�s, des coussins aux fauteuils, des peskir aux nappes de tables. Ils ont produit différentes façons de coudre et d'orner la broderie et cette broderie a réussi à évoluer tout en gardant la griffe turque.
De ce fait, l'Empire Ottoman a réussi ce qu'aucun autre état turc n'a réussi : il a exporté la tradition, la culture et l'art turcs sur trois continents et a donc participé à l'enrichissement de la culture et de l'art mondiaux. L'Empire, fondé pendant la Renaissance occidentale, a fait cadeau de ses broderies en plus de ses contributions au niveau du droit et de la justice et les a fait avoir une renommée mondiale plutôt que régionale.
Du point de vue matérialiste, la broderie turque ne s'est pas fait écrasée par d'autres arts comme beaucoup d'autres, elle a sa place bien méritée entre les règles classiques d'esthétique. Les broderies faites de la naissance jusqu'à la tombe sont des reflets de la vie quotidienne turque, de ses croyances, de ses pensées, de ses désirs, de ses amours et de ses passions. Elle correspond à l'art manuel, l'art d'ornement ou aux beaux-arts, selon le maniement de l'artiste. Cette profession connut un enrichissement avec l'apparition des arts plastiques. En d'autres termes, c'est d'un côté, un métier, un travail, et de l'autre, c'est un art où l'artisan peut communiquer avec le public par ses broderies, comme un peintre par ses tableaux. Ce domaine de l'art reflète bien sûr des perceptions d'un ton plastique des différentes cultures des communautés, variables sur le plan géographique, mais spécialement les techniques utilisées, la programmation de l'ornement se basent principalement sur la culture turque. Pour donner une impression, nous pouvons noter qu'il est possible de trouver des genres de sarma, sac, bourse, kese, peskiri, lingerie, seccade à Konya, Karaman, Filibe, Skopje, Kostivar et à K�tahya traités de la même manière que des épingles de closure, des pesents, des sarma, des appliques que l'on peut trouver à Kastamonu, Bursa, Tarsus (les Toros), Filibe, Raduati, Rodoplar ; les équipements pour les hamams à Edirne, Bursa, Alanya, Kastamonu, Afyon, Filibe, Skopje, G�m�lcine; les vêtements de noces dans toute l'Anatolie, Skopje, Selanouk, Iskodra, Filibe ; les cepken de salvar à Konya, Aydin, Skopje, Kosovo, Filibe; les gilets à boutons de corail à Saraybosnie, Istanbul, Selanouk; les cepken de salvar pour les gendres à Antep et Iskodra.
Concernant les broderies utilisées en décoration architecturale, les nappes, les sacs et les linges du type Yanya sont frappants à Istanbul, sur l'île du Chewing-gum, Athènes et au Caire. D'autre part, il faut remarquer les revêtements de divans, les oreillers et les matelas à �ankiri, Ayas, Kostivar, Ohrid; les variétés des appliques à Istanbul, Saloniue et Banyaluka; et les seccades de type Arakiye à Istanbul, Edirne, Konya, Afyon, Salonique, Skopje, Drama et Yanbolu. Il y a des différences dans les habits locaux et folkloriques des hongrois, roumains, grecs, mac�doniens et bulgares dans les Balkans. Les différences des broderies turques avec celles des autres peuples pendant l'Empire Ottoman peuvent se multiplier et se diversifier en analysant les objets sacrés comme l'orka pili dans l'église de Panayia à Istanbul, les habits de serment, les objets appartenant au clergé et les pièces utilisées pour la décoration intérieure.