Histoire de la broderie
deuxième partie

Le décor profane évolue avec le style des époques. Des sujets traditionnels tels que les Bucoliques de Virgile, les Métamorphoses d’Ovide, les travaux d’Hercule et autres thèmes mythologiques sont très appréciés. On fait souvent appel aux artistes renommés pour exécuter des commandes royales ; ainsi, Raphaël fournit quarante sujets inspirés de la vie des Hébreux, pour décorer la chambre de sacre de François Ier. De nombreux peintres attachés aux maisons princières de Florence, Milan et Mantoue réalisent des dessins pour les grands ouvrages de la Renaissance.

Au début du XVème siècle, la fabrication croissante de brocarts prive les brodeurs d’une partie de leurs commandes. Cependant, avec les tapissiers, ils vont chercher à flatter l’orgueil des seigneurs, en embellissant leurs demeures. Le château de Talcy conserve une belle chambre de l’époque de Charles IX, dont tous les éléments sont confectionnés au point de Hongrie. Le décès d’Henri II va fournir à Catherine de Médicis l’occasion de déployer un apparat extraordinaire : elle fait alors exécuter un « lit de velours noir, brodé de perles, semé de croissants et de soleils, avec un fond, un dossier, neuf pentes, et la couverture de parade également brodés de croissants et de soleils ; trois rideaux de dams à rinceaux fonds d’or et d’argent lesquels sont frangés de broderies de perles sur les côtés » (Inventaire de M. Bonnaffé, 1589).

Au XVIème siècle, les costumes sont également d’un luxe inouï. Du Haillan de Bordeaux déclare, à propos des courtisans, que « leurs moulins, leurs terres, leurs prés, leurs bois et tous leurs revenus se coulent en broderies, pourfilures, passements, franges, tortis, cannetilles, récameurs, chenettes, piqueurs, arrière points qu’on invente d’un jour à l’autre ». Ce faste s’exhibe sur les portraits de grands monarques comme Henri VIII, Charles Quint, François Ier et Henri IV. Les reines Elisabeth Ier d’Angleterre et Marie de Médicis (épouse d’Henri IV) portent des robes d’une somptuosité légendaire. Pour le baptême d’un prince royal, celle-ci s’est parée, dit-on, d’un costume orné de trente-deux mille perles et trois mille diamants.

Les souverains scandinaves sont épris du même luxe. Eric XIV de Suède (1560-1568) n’entretient pas moins de quinze brodeurs en perles au château de Stockholm. Au Danemark, on pratique un tel gaspillage que le roi Frédéric Ier promulgue un édit interdisant aux nobles dames de sa cour de porter robes, bonnets ou rubans ornés de perles. Frédéric II emploie six brodeurs pendant une demi-journée pour travailler un pourpoint et des chausses de velours.

En France, les règnes d’Henri II et d’Henri III privilégient les damasquinures d’or sur le velours, tandis qu’à la fin du XVIème siècle, par réaction aux modes précédentes, on favorise les brocarts et brocatelles, étoffes à ramages qui mêlent grenades et fruits divers aux feuillages épanouis.

Bien que les édits somptuaires continuent de pleuvoir contre les clinquants et les dorures, Bassompierre décrit dans ses Mémoires la toilette qu’il a commandée pour le baptême de Louis XIII : Un habillement de drap d’or, à ramages, brodé de perles en si grand nombre qu’il coûte en tout quatorze mille écus, quatorze mille pièces de métal précieux ».

A l’image de la broderie sacrée qui devait susciter l’émerveillement, l’ouvrage profane, par son caractère luxueux, tient un rôle de prestige. Il serait injuste, cependant, de ne pas évoquer l’envers de ce faste. En effet, tandis que les seigneurs scintillent de mille feux et qu’Henri IV loge ses artistes préférés dans la grande galerie du Louvre, on affuble les apprenties brodeuses, mal rétribuées, du sobriquet de « grenouilles », laissant ainsi à penser que l’eau est leur seul breuvage. La broderie restera longtemps l’apanage des classes privilégiées, et il faudra attendre le XVIIème siècle pour la voir gagner des foyers plus modestes.

Le siècle de Louis XIV - A l’époque classique, la broderie française devient l’auxiliaire de la décoration intérieure. Plusieurs brodeurs de la cour élaborent d’ambitieux programmes, alors que d’autres travaillent aux Gobelins avec les ouvriers en tapisserie. Les étincelantes étoffes façonnées ne semblent jamais assez somptueuses pour le monarque, aussi cherche-t-on à les enrichir davantage, en ornant tentures murales et rideaux, fauteuils et canapés, carrosses et tapis de selle. Le goût pour les fleurs se manifeste toujours ; on continue d’en faire venir des pays tropicaux pour fournir de nouveaux modèles aux artistes.

Du Cerceau, Lebrun, Berain, puis de la Salle, Bony, Dugourc vont donner un caractère architectural aux créations du XVIIème siècle. Ils inventent des ornements contournés aux formes amples, avec une flore et une faune opulentes - rinceaux de feuilles d’acanthe et couronnes de feuillage, fruits et fleurs exotiques, singes, écureuils -, souvent agrémentés d’une composition savante de motifs symboliques : trophées, casques, épées, carquois, flèches, oriflammes et trompettes de la victoire, exécutés à l’aide de soies multicolores, de pierres précieuses, de plaques d’argent ciselées et de broderies en relief.

Dans les inventaires après décès, qui sont des mines de renseignements pour les historiens, on peut relever quelques descriptions surprenantes. Ernest Lefébure évoque les cariatides ouvragées d’or de l’appartement du roi, qui mesurent quelque quinze pieds de haut.

L’Europe entière, éblouie par le luxe déployé à Versailles, suit les modes de la cour de France. La collection de vêtements royaux, rassemblée au château de Rosenborg à Copenhague, fournit de magnifiques spécimens de costumes brodés du XVIIème siècle. Christian IV verse chaque année des sommes considérables aux ouvriers de Copenhague. La tenue de velours noir de Frédéric III, réalisée en 1648, est un bel exemple d’ouvrage danois, avec ses bordures de broderies, soulignées de cordonnets d’or, d’argent et de soie.

La magnificence du Roi-Soleil reste pourtant sans égale. Cérémonies et fêtes, mascarades, costumes pour l’Opéra, fournissent du travail à toute la corporation des brodeurs. La Gazette du 7 décembre 1669 décrit le roi « revêtu de brocart d’or, tellement couvert de diamants qu’il semblait qu’il fût environné de lumière ». Cette mise demeure le privilège de Louis XIV, son entourage n’étant pas autorisé à tant de splendeur. Le monarque est ainsi l’inventeur du « justaucorps à brevet », habit bleu doublé de rouge et brodé d’un dessin magnifique en or et argent, porté uniquement par une élite soigneusement sélectionnée. Les costumes féminins sont généralement moins chargés que ceux des hommes. Madame de Sévigné décrit une robe de Madame de Montespan qui regorge d’un luxe excessif, moins apprécié alors que les détails de lingerie en broderie blanche ou dentelle.

La broderie, art de loisir - Le milieu du XVIème siècle donne naissance au phénomène des livres de modèles. A Paris, Dominique de Sera a publié Le Livre des lingeries avec des patrons de Jean Cousin et, en 1587, Frédéric Vinciolo fait paraître un ouvrage sur le même sujet, hommage opportun à Catherine de Médicis, qui affectionne beaucoup la lingerie fine.

Le jardinier d’Henri III, Jean Robin, organise de son côté un jardin et des serres où seront cultivées des plantes européennes et exotiques de toutes sortes (Cet établissement deviendra, par la suite, l’actuel Jardin des Plantes). Une collaboration fructueuse s’établit donc entre l’horticulteur avisé et le brodeur royal, Pierre Valet, qui fournit les dames de la cour en dessins et gravures servant de modèles à des ouvrages exécutés en soie et en or. En 1608, ils publient conjointement Le Jardin du Roy, dédié à la reine Marie de Médicis et contenant 75 images de plantes. D’autres brodeurs et éditeurs reprendront cette idée et publieront de nouveaux florilèges, pour satisfaire l’intérêt des botanistes et des artisans.

La signature d’artistes célèbres, relevée dans des livres publiés entre le XVIème et le XVIIIème siècle, démontre que le cloisonnement entre les arts n’était pas aussi strict que de nos jours. Ensuite, cette production va sensiblement diminuer, concurrencée en quelque sorte par celle des dessinateurs de cour, appointés par le roi, et ayant le droit de porter l’épée. Les modèles de ces ornemanistes connaissent alors une vogue considérable et participent à l’homogénéité du style de l’époque, au même titre que les cahiers de tendances de la mode d’aujourd’hui. La qualité et la rigueur des compositions sont telles que ces dessins du XVIIIème siècle servent encore actuellement de source d’inspiration.

Les premiers modèles, destinés non seulement aux professionnels de la broderie, mais à un plus large public, apparaissent en 1770 dans Lady Magazine. Le principe de la revue spécialisée va se développer par la suite ; ces ouvrages proposent d’abord des ornements floraux pour les costumes, puis à la fin du XIXème siècle, on présente les modèles superposés, offrant sur la même page un motif pour un col, un napperon et un coussin. C’est le triomphe de « l’ouvrage de dames ». Certes, les résultats sont plus modestes que ceux des professionnels, mais la motivation de ces brodeuses est la même : embellir leurs toilettes et leur cadre de vie. La broderie d’art, qui était l’apanage de religieux, d’artisans et de professionnels, se transforme donc au cours de siècles, en art d’agrément. L’Encyclopédie des ouvrages de dames, éditée à Mulhouse en 1886 par la célèbre maison Dollfus-Mieg, deviendra alors la « Bible » de ces femmes.

Les XVIII et XIX siècles - La cour continuant de donner le ton sous la Régence et sous Louis XV, les broderies demeurent très élégantes, surtout celles des vêtements masculins. L’Union française des arts du costume, au Musée de la mode à Paris, possède de nombreux exemples d’habits et de gilets délicatement ornés, qui figurent parmi les plus belles productions de l’époque. Brodés sur une seule pièce d’étoffe avec leurs boutons assortis, ces gilets sont souvent livrés non découpés à l’acheter, qui se charge de la couture. Les imprimés de la Compagnie des Indes, dont l’importation est pourtant prohibée, servent de modèles aux ouvriers du XVIIIème siècle ; les motifs floraux, taillés dans des tissus brochés, sont appliqués ensuite sur des supports différents et fixés à l’aide de broderies.

Pendant cette période, tisserands et brodeurs travaillent à l’unisson. Le raffinement des ouvrages exige plus de précision, surtout dans l’exécution des détails. Les grands amateurs de broderie ne se contentent déjà plus des créations européennes : ils envoient aux brodeurs de Chine leurs habits à décorer. Parmi les matériaux les plus utilisés, figurent la soie plate et torse, la cannetille, la chenille ; on introduit parfois dans ces ouvrages des rubans très étroits, comme ceux qui servent de signets dans les livres. On emploie l’or et l’argent en fils, ainsi qu’en graines, perles, paillettes, paillons, bouillons, frisures, chaînettes et soutaches.

Sous Louis XVI, l’habit à la française persiste avec ses bordures et ses semis. L’écho du « retour à la nature », préconisé par Jean-Jacques Rousseau, se ressent jusque dans les poches et les parements. Guirlandes florales, scènes champêtres, insectes minuscules décorent les gilets d’hommes. Les robes, elles, sont ornées de tulipes, de roses, d’œillets et de rubans de couleurs tendres, qui encadrent des médaillons, se lient à des guirlandes, se nouent à des trophées, tandis que bouillonnes et ruchés envahissent la surface des jupes. On utilise les fines batistes brodées aussi bien pour les déshabillés que pour les toilettes d’apparat. Les mousselines ouvragées et les fichus se portent, après la Révolution, dans toutes les régions de France.

Dans le domaine de la décoration intérieure, on apprécie alors une nouveauté : la broderie en laine sur canevas. Canapés, causeuses ou tête-à-tête, la plupart des sièges créés à cette époque sont garnis de tapisserie tissée ou brodée au petit point ; on mêle de la soie aux figures, exécutées plus finement que les bordures, et dans ces compositions apparaissent singes, écureuils et pastorales maniérées. Ne nécessitant pas une connaissance technique approfondie, la tapisserie à l’aiguille s’exécute facilement de sorte que des dames de la cour s’adonnent à ce loisir, réalisant elles-mêmes des ouvrages pour leurs appartements.

Sous le Directoire, on décore surtout les costumes officiels. Représentations et fêtes nationales donnent l’occasion de créer des tenues nouvelles, dont l’extérieur et le revers sont richement ornés. Napoléon Ier, qui souhaite stimuler l’économie, se révèle être le principal promoteur de ces uniformes. On attribue aux ministres, membres des grands corps d’Etat, représentants du peuple et administrateurs, un vêtement propre à leur fonction et décoré selon la technique de la broderie métallique. En même temps, sur les linons blancs et les fines mousselines du vêtement féminin, s’épanouissent des broderies blanches, surtout du plumetis.

Sous le Consulat et l’Empire, les costumes de cérémonies des dignitaires demeurent toujours aussi somptueux. Sur les nouveaux modèles figurent des abeilles, des lauriers, des branches d’olivier et de chêne. C’est alors le triomphe définitif de la broderie métallique : les habits de cour en sont constellés et les robes tellement chamarrées d’or, qu’il est parfois difficile d’en distinguer la couleur ! Pendant la Restauration, les broderies s’alourdissent, comme en témoignent les fastueux costumes du sacre de Charles X, l’une des dernières grandes cérémonies officielles de la royauté. Le Musée historique des tissus à Lyon conserve des échantillons de ces ornements qui constituent un véritable catalogue des matériaux utilisés : verroteries polychromes, soies, métaux, perles, nacre.

En dehors de son caractère officiel, l’usage de la broderie se répand dans toutes les classes de la société. On la retrouve sur le linge de table, les parures de lit, les pièces de trousseau, la lingerie d’enfant, les accessoires du costume, et même sur les objets décorant la maison : la broderie blanche de la robe Directoire s’est imposée dans l’Europe entière. Ces ouvrages, produits en grande quantité dès la fin du XVIIIème siècle en Angleterre et en Ecosse, seront peu à peu remplacés par des formes ajourées plus simples, dans le genre de la broderie anglaise. Au XIXème siècle, la Suisse se distingue par ses ateliers de broderies sur blanc, où sont confectionnés des motifs fleuris d’une infinie délicatesse, parfois accompagnés de parties légèrement en relief.

Avec la production mécanisée de la fin du XIXème siècle, se répand la vogue des ouvrages sur tulle faits à la machine. Ces produits, pourtant bon marché, copient fort bien les dentelles de Lille, de Chantilly et celles de Bruxelles, avec applications de linon ou d’organdi. Les tulles brodés sont fabriqués en Bretagne, en Angleterre à Coggeshall et en Irlande, à Limerick et Carrickmacross.

Le vêtement brodé au XXème siècle - Le début du XXème siècle marque la transformation du costume féminin. Charles Frédéric Worth, un précurseur de la haute couture, commence, dès 1858, à créer des modèles pour une clientèle huppée ; il sera suivi par des couturiers comme Doucet et Paquin. Les soeurs Callot rivalisent d’ingéniosité dans la mise en oeuvre de matériaux raffinés, mais c’est surtout Paul Poiret qui, après un apprentissage chez Worth, va métamorphoser la silhouette de la femme, en imposant un style né de son imagination : des tuniques de mousseline brodées de perles et bordées de fourrure, couvrant des tulles irisés, ornés de pluie d’or, de jais ou de paillettes.

La broderie est alors utilisée pour le vêtement quotidien comme pour les robes du soir et les costumes de spectacles. André Bakst va créer des costumes de ballet constellés d’ornements où cabochons, paillettes, pierreries se mêlent aux lacets, soutaches et galons à l’image du courant oriental qui a sensibilisé la mode au début du siècle. Les Ballets russes, connus des Parisiens dès 1909, stimulent également l’imagination des couturiers et des brodeurs. La ligne du vêtement féminin se simplifie : la silhouette sinueuse du début du siècle devient verticale ; paillettes et perles recouvrent souvent toute la surface de ces fourreaux droits ; enfin les arabesques végétales de l’Art Nouveau font place aux cercles, aux carrés et aux pyramides de l’Art Déco.

Sonia Delaunay adapte ses recherches picturales au vêtement féminin. Elle fait exécuter en 1925 pour Gloria Swanson, célèbre star du cinéma muet, un manteau « simultané » en broderie de laine, à dessins géométriques.

A cette époque, et plus tard dans le siècle, selon les fluctuations et les courants de la mode, les grands couturiers, tels que Lelong, Lanvin, Schiaparelli, Balenciaga, feront travailler les ateliers de broderie. Plus récemment, Courrèges et Paco Rabanne architecturent certains modèles, en utilisant des paillettes géantes et des modules de métal ou de plastique qui recouvrent la totalité du vêtement, jusqu’à lui donner, parfois, l’apparence d’une armure.

La broderie reste une technique à part dans le monde de la haute couture ; réalisée dans des ateliers, comme ceux de Rébé ou de Lesage, elle doit s’inscrire dans le patron du vêtement, fourni par les créateurs. Actuellement, la plupart des effets brodés, fabriqués à la machine, font l’objet d’une industrie particulière.

La broderie, art décoratif - A la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, des artistes renommés s’intéressent de près à la technique de la broderie. Ainsi, le dessinateur anglais William Morris propose une composition aux tendances « baroques » destinée à décorer une tenture brodée de soie, actuellement dans la collection du Victoria and Albert Museum à Londres. Le Kunstindutrie Museum de Copenhague conserve une tapisserie à l’aiguille du sculpteur Maillol, représentant un concert et exécutée avec des laines polychromes, des soies et des fils d’or et d’argent.

Des recherches contemporaines ont conduit à des créations originales sous forme de tentures, faisant souvent appel aux techniques de la broderie d’application. On travaille aussi avec des matériaux de récupération : copeaux de bois ou de métal, ressorts, déchets industriels, morceaux de verre ou de bois, galets, cailloux. Ces éléments confèrent aux oeuvres exécutées l’attrait de l’insolite.

Par réaction aux somptueuses broderies d’antan, oeuvres minutieuses et savantes, les points vont atteindre des dimensions impressionnantes ; on assistera à l’assemblage d’étoffes de lin, de coton, de toile à matelas ; on ira jusqu’à coller des couchures de laine, qu’on fixe en les piquant à la machine. En même temps, les « mini-textiles » sont au goût du jour : on peut ainsi s’exprimer à l’aide d’une technique assez lente à mettre en oeuvre, mais vendre à des prix abordables.

Classique ou mécanique, la broderie est, en elle-même, un moyen d’expression. Aujourd’hui, on l’utilise pour la restauration des ouvrages anciens, l’ameublement et le linge de maison, la haute couture et le prêt-à-porter de luxe, les uniformes et les costumes de scène.

Depuis quelques années, on observe un regain d’intérêt, de la part de l’ensemble du public, pour les ouvrages de dames. Faisant partie des loisirs et non plus des contraintes, ceux-ci répondent avant tout à l’envie de réussir un travail librement choisi dans les pages des revues spécialisées. Si la broderie a longtemps été, en Europe, l’apanage presque exclusif des hommes, elle symbolise aujourd’hui une activité plutôt féminine ; elle reste un moyen de faire évoluer le goût en matière de décoration et de véhiculer, dans le meilleur des cas, les courants artistiques du moment.

L’époque des ornemanistes est certes révolue, mais la recherche d’une composition et d’un dessin parfaits demeure. Les oeuvres des patientes brodeuses dilettantes continueront toujours à embellir notre vie quotidienne.

Source : « Autour du fil », encyclopédie des arts textiles, Editions Fogtdal, Paris, 1989, volume 3