F

Façonné – Nom générique de tous les tissus dont le dessin est produit au cours du tissage par le croisement des fils de trame et de chaîne.
En principe on utilise le terme lorsque le dessin considéré n’a pas de nom particulier (comme le grain d’orge par exemple). La famille des façonnés est immense et comprend, entre autres, les brochés, les damassés et les piqués.
L’aspect d’une armure peut être modifié non seulement par le choix des fils – leur finesse, leur couleur -, mais aussi par l’utilisation des variantes de cette même armure. On peut ainsi procéder à des transpositions pour le sergé (les fils de chaîne et de trame sont intervertis selon un rythme régulier) ou créer des armures optiques comme les mille-raies, les mille-travers, les pieds-de-poule et le prince-de-galles, dont les effets sont dus à l’ourdissage ou au tramage de plusieurs couleurs.

Faille – Etoffe à gros grain et au tissage serré, en soie naturelle, fibres artificielles (acétate) ou synthétiques (polyester). La faille est tissée en armure toile et présente une structure à côtes plates dans le travers de l’étoffe.
Agréable à porter, elle sert à la confection de cravates, de garnitures, de corsages et de robes du soir.

Faisceau, point de – Point de broderie constitué de quatre longs points rassemblés en leur centre par un point latéral qui les resserre et leur donne l’aspect d’une gerbe. En broderie à fils comptés, on peut disposer les faisceaux à angle droit ou côte à côte.


Coin de fichu en broderie damassée de Falster

Falster, broderie de – Répandu surtout au XIXème siècle, ce type de broderie est originaire de l’île de Falster, au sud du Danemark. C’était une broderie damassée blanche et non ajourée dont on ornait les chemises, les châles et surtout les traditionnels linges décoratifs en lin. Les ouvrages de cette région, comme ceux de Hedebo présentent des fonds au travail compact où se mêlent figures géométriques et florales. Les brodeuses dessinaient elles-mêmes leurs motifs sur du papier, puis elles les reportaient au crayon ou au bleu à lessive sur l’étoffe. Ils étaient réalisés en fil de lin blanc sur toile de lin, mais dès 1850 on commença à utiliser du coton.
A cette même époque, on produisait sur l’île de Falster une sorte particulière de travail sur filet utilisé comme entre-deux sur les taies d’oreiller. Le fond du filet, réalisé en nouant les fils à chaque croisement, était tendu sur un cadre aux bords garnis de petits clous. On brodait ensuite les motifs, principalement au point de reprise.

Fatima, main de – Motif de main stylisée, cette figure rappelle l’écriture du nom de Dieu en arabe ; le nom qui lui est attaché est celui de la fille favorite du prophète Mahomet, qui épousa Ali, premier chef musulman chiite. Le thème est cependant beaucoup plus ancien, il semble avoir été employé dès l’époque préhistorique.

Fée , point de – Nom donné par les dentellières de Bruges au fond caractéristique de leurs dentelles. Ce fond se retrouve également dans la dentelle de Binche où il prend le nom de fond neige. Il se travaille à fils continus avec de nombreux fuseaux. Les motifs irréguliers, soulignés de points de toile et remplis de divers fonds ornementaux, comme le point de grille, sont agrémentés de points de neige et d’esprit. Les lisières sont toujours ornées de fins picots. Le point de fée, coûteux et relativement peu courant, est utilisé pour border des mouchoirs de luxe ou de petites nappes.

Felletin – Dans cette petite ville de la Creuse proche d’Aubusson, était installé au début du XVIème siècle un centre de production de tapisseries qui devança probablement celui de la ville voisine. Les ouvrages qu’on y fabriquait – principalement sur des métiers de basse-lisse à pédales – étaient dans leur grande majorité des verdures, dont on faisait grand usage à cette époque. Felletin faisait partie, avec Aubusson, des célèbres Ateliers de la Marche, qui furent promus Manufacture royale par Colbert en 1665.

Fendu, point – Variante du point de tige, le point fendu est aussi bien utilisé pour souligner un motif – une fine tige de fleur, par exemple – que pour reproduire les nuances délicates d’un visage, d’une main ou d’une chevelure.

Feston – Les « festoni » étaient autrefois en Italie les décorations de branches et de fleurs qui ornaient les salles les jours de fête. Ils représentent aujourd’hui l’un des motifs fréquents de l’impression sur tissus et papiers peints. La couture et la broderie se sont approprié du terme pour désigner une guirlande brodée, parfois agrémentée d’œillets et de jours ; cet élément est souvent destiné à souligner le col, les manches et le bas des pièces de lingerie et des robes légères.

Feston, point de – Point de broderie composé de boucles simples. Il existe de nombreuses façons de le réaliser : sur un rang de points plus ou moins serrés, en rangées imbriquées les unes dans les autres pour remplir une surface de tissu, en bordure pour festonner une pièce d’étoffe, ou « en l’air » à partir d’un bord ou d’un fil.
L’histoire du point de feston est riche en péripéties et son origine remonte à une période extrêmement lointaine : c’est déjà l’un des points les plus utilisés à l’âge du bronze. La plus ancienne broderie qui nous soit parvenue se trouve sur une blouse danoise vieille de plus de 3 000 ans, mais la technique est plus ancienne encore : des fouilles ont mis au jour des textiles fabriqués au point de feston « en l’air » il y a 6 000 ans au Danemark et 4 000 ans en Suisse. Il s’agit d’étoffes réalisées en fibres végétales – tilleul et saule en particulier – sans doute employées à des fins vestimentaires ou utilitaires, pour faire des filets de pêche, par exemple.
Le point de feston est en effet l’élément fondamental du réseau à l’aiguille, ancêtre du filet au point de tulle qui constitue la base de la dentelle à l’aiguille. Selon qu’on serre le point ou au contraire qu’on le laisse lâche, on obtient un résultat très différent. Un ouvrage à boucles lâches ressemble à un léger filet transparent qu’on peut ensuite orner de broderies ; ce procédé est employé depuis très longtemps dans certains pays d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique, pour confectionner des filets et des sacs en raphia aux couleurs vives. Le point de feston est aussi attesté sous une forme serrée en Orient – entre autres dans la fabrication de chaussures ou de capes imperméables. On se sert encore à l’heure actuelle d’une version très proche de cette technique primitive pour confectionner, en Suède notamment, des chaussettes et des gants compacts et chauds.
Le point de feston a profondément marqué l’histoire de la broderie blanche ainsi que celle de la dentelle à l’aiguille européenne, depuis la reticella italienne de la fin du XVIème siècle, les multiples incarnations des dentelles à l’aiguille françaises, anglaises et irlandaises, les dentelles brodées de Scandinavie et d’Allemagne, jusqu’aux broderies Colbert, Renaissance, Richelieu des XIXème et XXème siècles.
Au fil du temps, il s’est mélangé à d’autres techniques, enrichi de variantes – dont le célèbre point de grébiche -, et a été mis en œuvre dans des matériaux de plus en plus divers : le point de feston fut ainsi couramment employé, dans l’Europe du XVIIIème siècle, pour confectionner sur moule de petites aumônières à base de matériaux précieux. On peut aussi le travailler avec du cuir ou du métal.

Feutre – Lire article.

Fibre – Lire article.

Figure , point – Variante du point couché, le point de figure consiste à rebroder un brin lancé sur une étoffe à l’aide de petits points de surjet obliques. Au Moyen Age, on l’utilisait surtout pour reproduire des personnages, d’où son nom ; le léger effet tissé qu’il produit se prête parfaitement au remplissage de motifs de feuilles ou d’oiseaux.

Fil – Lire article.

Filage – Lire article.

Filet – Lire article.
Dans la broderie sur filet, le fil doit être de même nature que le filet, soit en nylon ou en coton et les motifs choisis sont géométriques. Les points de remplissages sont les boucles, les losanges à côtes, les roues de Sainte Catherine et les fleurs. N'importe quel motif géométrique pris sur une broderie à points comptés peut être reproduite sur filet, mais il est toujours préférable de réduire le nombre de couleurs au minimum. Entre les motifs ou seul, le remplissage en forme d'étoiles est très aéré et couvre vite de grandes surfaces. À défaut de filet, le travail peut s'effectuer sur le tulle (crinoline, voile de mariée, etc.).

Filoselle – Le terme, qui désigne une soie irrégulière, est synonyme de bourre de soie. Ce matériau de qualité médiocre, mélangé à du coton, est utilisé pour la confection d’articles de bonneterie (bas, gants).

Fils de soie, broderie en - Bien que la broderie en fils de soie soit utilisée pour les camées (médaillons miniatures) et qu'elle ait été utilisée avec des fils d'or, elle est surtout employée pour les tapisseries très détaillées sur canevas unifil. Le point le plus utilisé est le demi-point de croix, appelée également petit point.

Fils métalliques – Utilisés depuis des temps très anciens en broderie et en tissage, les fils métalliques étaient primitivement constitués de fines bandelettes découpées dans de minces feuilles d’or ou d’argent et enroulées sur une âme de soie. De nos jours, on utilise généralement de l’aluminium.
Il existe actuellement deux méthodes de fabrication : on peut soit enfermer la feuille d’aluminium entre deux films de polyester ou d’un autre matériau translucide, soit projeter de la poudre d’aluminium sur le support plastique. La feuille sera ensuite découpée en fines lanières. L’adjonction de colorants va fournir l’aspect recherché : or, argent, cuivre, bronze.
En raison de leur grande finesse, ces fils ne sont pas très résistants ; c’est pourquoi on les enroule souvent sur une âme de coton ou de fil synthétique. Ils sont lavables en utilisant un programme pour la laine, mais certains ne supportent pas le nettoyage à sec.

Fils métallisés, broderie en - L'or étant le métal le plus précieux, il a été utilisé dès la création des toutes premières broderies. Au tout début, de fines lamelles d'or était martelé et cousu à plat, puis la technique du fil d'or s'étant développée, les techniques de broderies ont pris de l'ampleur. De la lamelle d'or pur, on passa à l'or sur fil de soie puis à l'argent sur fil de soie.

Fils tirés, broderie à – Lire article.

Flandre, dentelles de – Au XVIIème siècle, cette appellation générique a désigné toute la production dentellière des régions flamandes. De plus, ces ouvrages nés en Flandre ont ensuite été fabriqués un peu partout en Europe avec quelques variations dans le forme et le style.
Le mot « Flandre » recouvre donc plusieurs sortes de dentelles. D’abord, une dentelle à pièces rapportées du XVIIème et du XVIIIème siècles, comportant des motifs floraux ou des lacets au point de toile, exécutés aux fuseaux et reliés par un réseau de mailles rondes également aux fuseaux. Au XIXème siècle, ce terme désigne une dentelle à pièces rapportées, moins fine, appelée vieux Flandre, dont les motifs, toujours aux fuseaux, son reliés par un réseau à l’aiguille.
Par ailleurs, l’appellation Flandre s’applique à une dentelle aux fuseaux à fils continus née au XVIIème siècle, dont les motifs au point de toile ou, rarement, au point de grille, se détachent sur un fond cinq-trous caractéristique. Les dentelles modernes présentent généralement un réseau différent, appelé nouveau Flandre ou fond cinq-trous moderne.

Flanelle – Dérivé du mot gallois gwalen qui signifie « laine », le terme flanelle désigne un tissu de laine souple et doux, dont la surface duveteuse est obtenue par foulage. Les flanelles se présentent naturellement dans une palette de gris chinés, résultant du mélange de fibres blanches, grises et noires ; on en fait des gilets et des bandes destinées aux pansements.
Elles peuvent aussi être teintes en pièce, dans des coloris très variés. Ces étoffes – généralement composées d’un mélange de laine et de polyester – sont surtout employées dans l’industrie du vêtement. Comme la finette, caractérisée par son armure sergé, et le pilou, les flanelles en coton, grattées sur une ou deux faces, possèdent un toucher souple et moelleux idéal pour la lingerie et les chemises de travail ou de sport. Dans la même famille, la veloutine et la chamoisine sont utilisées pour le nettoyage et le lustrage.

Fléché – Méthode de tissage aux doigts, dans laquelle les fils servent alternativement de chaîne et de trame. Cette technique d’origine mystérieuse se retrouve vers le XVIIIème siècle au Canada. Les ceintures et les bandes ainsi confectionnées servaient le plus souvent à fermer les vêtements des premiers colons européens. Leur décor géométrique vivement coloré variait suivant les régions.

Fleur de lys – Motif stylisé dont l’origine est incertaine. Qu’on y reconnaisse une pointe de lance ou un iris, il semble généralement admis de ne pas y voir la représentation d’un lys !
Ce motif à trois pétales figure sur des objets importés d’Orient au début du Moyen Age. Quelques familles nobles européennes l’insèrent alors dans leur écusson. Il devient l’emblème de la royauté française à cette même époque, mais les armes capétiennes proprement dites – trois lys sur fond blanc – sont de création ultérieure. Cet ornement connaîtra, au fil des siècles suivants, une évolution stylistique importante.

Fleuret – Terme assez ancien qui désigne les fils de soie réalisés avec des blazes (déchets de soie) ainsi que les rubans tissés avec ces fils.

Floche, fil – Le fil de soie floche est brillant et très faiblement tordu ; on l’utilise pour broder, crocheter ou tricoter. Le coton floche sert essentiellement à broder.

Florence, point de – Variante du passé plat à fils comptés caractérisée par une disposition en zigzag et l’utilisation de couleurs dégradées ou contrastées ; ce point fondamental de la broderie Bargello s’apparente aux points de Hongrie, de Byzance, de brique et de flamme, avec lesquels il se confond parfois. Ainsi baptisé en référence à la ville italienne, il n’est pas certain qu’il y soit né. En effet, le punto alla fiamma est aussi appelé dans ce pays punt’unghero, c’est-à-dire point hongrois, et attribué aux brodeurs du Moyen Age qui vivaient à la cour de la reine Gisèle de Hongrie.
Cette technique a fait fureur en Europe puis en Amérique du Nord pendant plusieurs siècles ; on l’a mise en œuvre aussi bien dans les ateliers professionnels que dans les maisons particulières, pour réaliser essentiellement des garnitures de sièges et des courtines. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, de superbes antependia ont également été confectionnés au point florentin.
A l’origine, le point de Florence était exécuté avec de la laine et, sous l’influence de la mode des verdures, dans des teintes allant du vert au bleu foncé. Au cours du XVIIIème siècle, les couleurs se sont faites plus vives et la soie a remplacé la laine. Depuis quelques décennies, ce genre de broderie a été remis à l’honneur, surtout en Amérique du Nord, où on le travaille à nouveau avec des fils de laine.

Flotté – Terme de tissage qui désigne un fil de chaîne ou de trame passant librement par-dessus ou par-dessous plusieurs fils contigus avant d’être lié. On parle alors de « flotté de chaîne » ou de « flotté de trame ».


Détail d'une coiffe en dentelle de Tonder du début du 19ème siècle, fond de tulle

Fond (dentelle) – Structure de base de la dentelle sur laquelle se détachent les motifs, le fond est aussi une partie essentielle de l’ouvrage qui permet souvent d’en déterminer la provenance et la date de fabrication. Les fonds de dentelles, qu’elles soient à l’aiguille ou aux fuseaux, sont séparés en deux catégories distinctes : les fonds de brides et les fonds de mailles. Dans l’historie de la dentelle, ce sont les premiers qui apparaissent d’abord.
Les dentelles primitives ne présentent guère de différence entre motifs et fond, et l’ouvrage qui en résulte offre souvent un aspect un peu compact. Peu à peu, cependant, les motifs se détachent, reliés par des brides de plus en plus nombreuses ornées de picots et d’inflorescences diverses. Ce fond est caractéristique des dentelles baroques comme le Gros Point de Venise à l’aiguille ou les dentelles de Flandre du XVIIème siècle aux fuseaux. Au fil du temps, les brides, d’abord placées au hasard des besoins, se régularisent et s’affinent pour donner naissance, au début du XVIIIème siècle, aux fonds composés de mailles.
Cette évolution est particulièrement visible sur les dentelles françaises à l’aiguille : les brides picotées placées çà et là comme sur le Venise, caractéristiques des premières dentelles au Point de France des années 1665-1670, seront remplacées par de grandes mailles pentagonales ou hexagonales. Celles-ci, d’abord irrégulières, continueront leur évolution pour aboutir au fin réseau de tulle d’Alençon, à celui d’Argentan aux mailles alignées, et enfin au point de gaze de Bruxelles.
On remarque le même cheminement pour la dentelle aux fuseaux : les fonds, composés le plus souvent de cordes tressées, sont d’abord irréguliers, émaillés de picots. Ensuite apparaissent les premiers réseaux de mailles qui vont peu à peu se différencier et donner naissance au fond drochel, au réseau de Lille à mailles hexagonales, au point de Paris à l’aspect triangulaire, ou encore au fond de Binche irrégulier.
Les fonds de brides n’ont cependant pas disparu des dentelles : ils restent caractéristiques de certains ouvrages, comme les Bruges, les duchesses, la rosaline, les Honiton du XIXème siècle et la dentelle Cluny.
Il faut enfin mentionner les fonds dits ornementaux dont le rôle est de décorer des surfaces limitées, généralement placées à l’intérieur des motifs. On peut citer, par exemple, le fond diamant de la dentelle à l’aiguille Argentella. Les fonds particuliers de certaines dentelles peuvent être utilisés comme fonds ornementaux sur d’autres : par exemple, le fond neige des Binche, qui décore les dentelles de Lille, de Paris ou de Tonder, ou le fond à la rose, caractéristique des dentelles torchon, qui prend le nom de fond vitré quand il orne les motifs des Chantilly ou des blondes.
En règle générale, on dit d’un fond qu’il est composé lorsqu’il exige plusieurs épingles par point, par opposition à un fond simple qui n’en comprend qu’une.

Fond à la vierge – Groupe de points de dentelle aux fuseaux, de type composé, utilisés notamment pour les fonds des dentelles torchon ; rien que pour cette sorte d »ouvrage, il en existe une vingtaine de variantes, certaines réalisés en demi-passées, d’autres en passées tordues. On trouve ainsi très souvent ces réseaux sur les dentelles de Dieppe avec lesquelles les Normandes réalisaient leurs coiffes.

Fond chant – Fond de dentelle aux fuseaux plus communément appelé point de Paris ou, parfois, fond double. Il est utilisé en particulier pour les dentelles Chantilly dont le mot « chant » serait une abréviation.

Fond cinq-trous – Fond de dentelle aux fuseaux de type simple, originaire de Flandre. L’appellation vient de la forme du point qui présente quatre petits trous placés autour d’un cinquième. Ce fond ancien est utilisé sur les dentelles de Binche les plus raffinées. Caractéristique des dentelles de Flandre, il est généralement remplacé sur les pièces contemporaines par le fond nouveau Flandre.

Fond d’armure – Fond de dentelle aux fuseaux de type composé que l’on retrouve sur de nombreuses pièces de Malines du début du XVIIIème siècle et sur les Binche. L’appellation est due à son aspect qui évoque une cotte de mailles.

Fond d’épingle close – Fond de dentelle aux fuseaux de type simple, utilisé en dentelle torchon. Il est composé uniquement de demi-passées avec une torsion supplémentaire. Dans les environs d’Erzgebirge, région dentellière située entre la Saxe et la Bohème, ce réseau prend le nom de fond de perle.

Fond de Lille – Ce fond de dentelle aux fuseaux de type simple est un fond clair à mailles hexagonales, encore appelé fond simple. L’appellation fond de tulle, quoique inexacte, est cependant fréquente dans le langage courant. Assez facile à réaliser, ce réseau est également utilisé dans certaines dentelles d’Espagne, d’Angleterre ou du Danemark.

Fond de Malines – Depuis le milieu du XVIIIème siècle, ce fond caractérise la dentelle de Malines. Assez proche du drochel bruxellois mais plus fin, dans la mesure où les côtés des mailles hexagonales sont plus courts, le fond de Malines porte en flamand le nom poétique d’ijsgrond (fond de glace).

Fond de tulle – Fond de dentelle aux fuseaux aux mailles hexagonales utilisé, entre autres, pour les dentelles Chantilly, Lille et Buckingham. Ce nom lui est donné par analogie, en raison de sa ressemblance avec le tulle mécanique, et plus précisément avec le point de tulle fabriqué à Tulle, chef-lieu de la Corrèze. On lui donne aussi le nom de fond de Lille, fond clair ou fond simple.
Mais par fond de tulle on désigne également les réseaux de dentelles à l’aiguille constitués de mailles régulières au point de tulle, c’est-à-dire au point de feston en l’air. Cette forme de fond est apparue au début du XVIIIème siècle et caractérise les dentelles de style rococo.

Fond diamant – Fond ornemental de dentelle à l’aiguille consistant en de larges mailles hexagonales dont le centre est occupé par une partie très dense. Ce fond, nommé également œil de perdrix, est caractéristique des délicates dentelles Argentella.

Fond drochel – Fond de dentelle aux fuseaux de type simple, dont les cordes dessinent des mailles hexagonales. L’origine de ce nom, très discutée, viendrait du flamand draadsel, qui signifie filet. Ce fond très utilisé en Belgique, particulièrement à Bruxelles, peut se travailler en même temps que le décor – sur les dentelles à fils continus – ou être ajouté en fin de travail entre les motifs des dentelles à pièces rapportées. Ce réseau a connu un grand succès en dentelle application avant d’être remplacé par le tulle machine.
Le drochel exige un grand nombre de fuseaux, c’est pourquoi on l’exécute en minces bandes de 2 ou 3 centimètres rattachées l’une à l’autre avec un fin crochet. Cette technique, appelée aponçage, permet de distinguer le vrai drochel, très coûteux, du tulle machine.
Le réseau drochel est désigné parfois sous le nom de fond de Bruxelles, bien que ce dernier soit plus simple.


Le fond mariage porte le nom de fond varié ou de point à la rose
lorsqu'il est utilisé en tant que fond ornemental,
comme sur cette dentelle de Tonder où il occupe le centre du motif.
Le fond de la dentelle proprement dit est un fond chant.

Fond mariage, ou point à la rose – Ce fond de dentelle aux fuseaux de type composé est utilisé pour les dentelles torchon. Il est employé comme fond ornemental pour les dentelles de Lille – sous l’appellation de point à la rose – et pour les Chantilly, blondes ou noires – sous le nom de fond vitré.
Dans le fond mariage, certaines lignes courent parallèlement aux lisières tandis que d’autres sont obliques, formant ainsi un réseau de cercles ou d’hexagones, entouré de petits triangles.

Fond neige – Fond de dentelle aux fuseaux de type composé, dont il existe plusieurs versions plus ou moins élaborées, réparties en deux catégories : le petit et le grand fond neige. Ce fond aérien a été principalement utilisé pour les Binche, les Malines et les Valenciennes, mais aussi pour les dentelles de Flandre et les Points de Lille et de Paris.

Fond triangulaire – Ce fond de dentelle aux fuseaux de type composé est utilisé en dentelle torchon. Appelé parfois fond de pagode, il peut être réalisé soit au point de toile soit en passées tordues. Chaque point nécessité trois épingles, placées en triangle.

Fonds ajourés – Type de broderie ajourée consistant à aérer une étoffe assez lâche et dont les fils sont faciles à compter ; on procède sans tirer ni couper de fils, en brodant des points qui resserrent les fils du tissu. Ce travail s’apparente aux fins ouvrages sur lin blanc dont la mode s’est développée au XVIème siècle, à partir de l’Italie, et qui ont également donné naissance à la dentelle à l’aiguille.
Au début du XVIIIème siècle, la mode des broderies blanches se développe ; on les exige de plus en plus raffinées. Les brodeuses jouent sur les effets d’ombre et de lumière, tandis que les supports rivalisent de finesse : les fonds serrés, les parties ajourées et le tissu lui-même composent ainsi un subtil camaïeu de blancs.
La dentelle de Dresde, ou Point de Saxe, est à cet égard l’un des exemples les plus réussis ; elle fait appel aux points ajourés et à la broderie d’ombre et orne surtout les cols, fichus, châles, manchettes, engageantes et vêtements d’enfant. Grâce en partie à cette délicate broderie sur batiste, l’Allemagne réussit à freiner ses achats de dentelles étrangères. Le décor typique se compose de fleurs et de feuilles stylisées garnies de points ajourés. Les motifs et les points employés sont très nombreux : on a pu compter jusqu’à trente points ajourés différents sur une même pièce, chacun conférant un effet de blancheur ou de transparence particulier. Les ouvrages les plus riches proviennent surtout des ateliers de brodeurs professionnels, mais également des milieux aisés de la noblesse et de la haute bourgeoisie ; les jeunes filles de bonne famille étaient initiées aux secrets de la broderie blanche tant dans les institutions que dans leur foyer.
Les échantillons sont souvent travaillés sur des espaces carrés, ce qui souligne encore le caractère géométrique de cette broderie. Le point lancé et le point quadrillé sont les plus utilisés, souvent enrichis d’effets d’ombres ; très employé également le point de chaînette tordu voisine avec le demi-point de croix et le point d’esprit.
Après une période d’oubli, les points ajourés connaissent un regain de popularité en Europe à partir de 1900, en broderie blanche ou sur tissu pastel. L’indémodable « Encyclopédie des ouvrages de dames » de Thérèse de Dillmont a notamment contribué à cette renaissance, grâce à un travail très approfondi de remise à jour des techniques et modèles anciens.
Dans les années 1950, les points ajourés ornent fréquemment le linge de table, sur des étoffes généralement assez épaisses. L’étamine et la toile de lin sont de loin les étoffes les plus employées, surtout depuis que la qualité du tissage permet d’effectuer des broderies bien géométriques. Le succès des fonds ajourés ne s’est jamais démenti : on les emploie toujours pour décorer la lingerie et le linge de maison.

Fontainebleau, tapisseries de – Vers 1530, François 1er, qui faisait rebâtir le château de Fontainebleau, y fonda un atelier royal destiné à promouvoir en tapisseries la prestigieuse demeure ; Philibert Babou de la Bourdaisière, trésorier de France, en assura la direction. L’artiste Claude Baudouin conçut les cartons de la plus importante suite produite dans cette manufacture ; sur les tapisseries qui la composent sont représentés des sujets mythologiques et, pour l’une d’entre elles, une partie de la galerie François 1er, si bien que l’ensemble de cette série prit le nom de « tentures de la Galerie ». Cette œuvre fut ensuite offerte par Charles IX à l’empereur d’Autriche.

Fostât – Fondée au VIIème siècle en Egypte par les Arabes, la citadelle de Fostât a ensuite donné naissance à la ville du Caire. Le quartier de Fostât correspond, au XIIème siècle, au centre de commerce et d’industrie de la capitale égyptienne. Les recherches archéologiques effectuées à la fin du XIXème siècle ont permis d’y découvrir un grand nombre de textiles anciens. On a ainsi mis au jour des tapisseries en laine cachemire très fine, à motifs de couleurs vives, provenant de Perse et fabriquées durant le premier millénaire de notre ère. On a également retrouvé des batiks de coton dont l’origine indienne a ensuite été établie ; ces pièces confectionnées au Gujarat du XIIème au XVème siècle présentent généralement de grands motifs géométriques.


Les fouilles archéologiques effectuées dans les marais danois témoignent que
le foulage est connu dans ces régions depuis l'âge du bronze.
Cette plance à fouler provient de Fionie, l'une des principales îles danoises,
et date de la première moitié du 18ème siècle. A côté de la planche,
bonnet tricoté et foulé à la main.

Foulage – Traitement appliqué aux lainages tissés et tricotés, qui consiste à resserrer et à emmêler les fibres du textile pour lui donner du corps, du moelleux et de l’épaisseur. Cette finition est réservée aux étoffes dont on fait les vêtements chauds : flanelle, molleton, bure et, surtout, les différentes sortes de drap (amazone, drap militaire, grain de poudre). De nos jours, on traite de cette manière les plaids et les couvertures principalement, mais autrefois on foulait aussi les bas, les manches des chandails et les sous-vêtements masculins.
Le foulage combine deux traitements, l’un chimique, l’autre mécanique. Le lainage, imprégné de produits destinés à modifier son pH (degré d’acidité ou de basicité) et à augmenter le taux de feutrage – soude, vinaigre, savon, kaolin, argile smectique (terre à foulon) -, est soumis à une série de chocs qui compressent et font s’enchevêtrer les fibres. Cette opération se faisait primitivement avec les pieds, d’où le terme de foulage qui signifie « presser en marchant dessus ».
Les découvertes archéologiques, notamment celles faites dans les marais danois, ont montré que le foulage était déjà pratique à l’âge du bronze. Dans les archipels des îles Féroé, des Shetland et en Islande, on foulait autrefois les lainages en les laissant battre doucement le rivage jusqu’à ce que le niveau de feutrage soit atteint. Une autre méthode, pratiquée probablement dans une bonne partie de l’Europe du Nord, consistait à fouler aux pieds le lainage après l’avoir trempé dans un mélange d’eau de poisson, d’urine et de graisse de mouton en décomposition, ceci pour augmenter l’étanchéité de l’étoffe.
En ce qui concerne l’Europe méridionale, on dispose de témoignages écrits sur la méthode de foulage employée par les artisans de l’antiquité romaine. A Ostie, port de Rome, on peut voir les ruines d’un grand fouloir avec sa cuve : les étoffes y étaient foulées dans un mélange d’urine et d’eau pendant au moins vingt-quatre heures. Pour ne pas manquer de matière première, les fouleurs installaient des toilettes publiques devant leurs ateliers…
La mécanisation de foulage fut relativement précoce : dès le XIIème siècle, on construisit des moulins à foulon sur les ruisseaux un peu partout en Europe. Le principe était simple : un ou plusieurs pilons étaient soulevés à l’aide de l’énergie hydraulique, puis retombaient dans une cuve d’eau savonneuse où trempait l’étoffe. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’industrie textile européenne s’implanta dans les régions riches en cours d’eau, en Flandre par exemple.
Les lainages tricotés n’étaient pas foulés au moulin, mais frottés à la main contre une planche à fouler, puis tendus sur un « bloc à fouler », dont la forme et la taille correspondaient à l’objet désiré : chaussette, moufle, jambe de pantalon ou manche.
Il existe aujourd’hui plusieurs méthode de foulage industriel : on peut traiter l’étoffe dans un tambour à fouler (sorte de machine à laver), ou imprégner de produits chimiques un textile de forme tubulaire que l’on enfile ensuite sur des rouleaux en caoutchouc qui se touchent ; une fois les cylindres mis en mouvement, le tissu sera alternativement comprimé et libéré.
Le type de laine, la torsion des fils, la densité du tissage, le degré d’acidité de la solution de foulage et la durée du traitement mécanique constituent quelques-uns des facteurs qui déterminent le taux de feutrage et donc le résultat obtenu. A la fin du foulage, l’étoffe s’est épaissie et elle a rétréci de 20 à 35 %. Son imperméabilité et sa résistance à l’usure ont été considérablement améliorées par cette opération qui permet en outre d’éviter l’effilochage. Le textile a acquis une surface très régulière, les fils tissés ou tricotés étant à peine visibles. Le foulage est souvent suivi par des traitements complémentaires (grattage, tondage, brossage) destinés à lainer l’étoffe et à améliorer ses qualités isolantes et thermiques.
La technique du foulage à la main : Avant de fouler soi-même une étoffe, par exemple un lainage tissé à la main, tester le foulage sur un échantillon. Il faut trouver l’équilibre optimal entre les trois facteurs principaux : le pH du bain, c’est-à-dire son degré d’acidité ou de basicité, sa température et la force du traitement mécanique. Si ce dernier est mené vigoureusement, le pH et la température doivent être doux.
Le pH – On peut utiliser, pour le foulage, une solution acide ou basique, la plus sûre étant la première ; avec la seconde, on risque de ne fouler que la surface de l’étoffe. Pour obtenir une solution acide, on mélange de l’acide acétique (vinaigre) et de l’eau, le pH de la solution ne devant pas dépasser 2 ou 3. Pour une solution basique, mélanger savon en paillettes, soude et eau ; le pH doit être de 9. (On contrôle le pH à l’aide de papier de tournesol acheté en droguerie).
La température – La température de la solution de foulage ne doit jamais dépasser 40° C ; l’idéal se situe entre 20 et 40° C.
Le traitement mécanique – Il existe plusieurs possibilités : on peut verser la solution choisie dans une cuvette ou une baignoire, y placer l’étoffe et la fouler avec les pieds jusqu’à ce que le niveau de feutrage désiré soit atteint. On peut aussi enrouler l’étoffe sur un bâton de bois ou un bambou, verser le liquide afin de mouiller l’étoffe et travailler le rouleau avec les pieds, en le faisant rouler d’avant en arrière pour que le tissu subisse des pressions répétées. Dans les deux cas, l’opération sera relativement longue.
Le foulage à la machine à laver est une méthode plus rapide mais plus risquée, qui peut entraîner un feutrage trop fort. On règle d’abord la machine sur le programme pour lainages. Il faut mesurer avec précision les produits chimiques : le pH ne doit pas dépasser 8 en cas de solution basique, car ce traitement mécanique est particulièrement rude. La durée du foulage ne doit jamais dépasser 10 minutes.
Après le foulage, il faut rincer l’étoffe plusieurs fois à l’eau pure. Le dernier rinçage se fait dans un solution d’eau et de vinaigre (pH 5). Si on souhaite gratter l’étoffe foulée, il faut attendre que celle-ci soit parfaitement sèche, puis la passer dans un léger bain de vapeur avant de procéder au grattage.

Foulard – Dans on sens premier, le terme foulard désigne une étoffe légère en soie naturelle ou artificielle, tissée en armure sergé ou, plus rarement, en satin. Généralement imprimé, ce tissu sert à la fabrication de robes, d’écharpes et de cravates.
Plié en biais, un carré de foulard devient coiffe ou fichu. Cette pièce vestimentaire, réalisée dans des tissus moins luxueux, a souvent fait partie du costume féminin traditionnel des populations paysannes. Les foulards manufacturés, en soie ou en calicot, se sont répandus vers la fin du XVIIIème siècle, bien souvent par le biais des colporteurs. Bientôt, ces coupons ont été ornés de broderies ou de galons de dentelle.
Aujourd’hui, le foulard apparaît sporadiquement dans la mode vestimentaire, le modèle naïf en vichy rose et blanc lancé par Brigitte Bardot dans les années cinquante en constituant sans doute la manifestation la plus réussie.

Fourche, crochet à la – Technique mise en œuvre avec un crochet et une fourche (ressemblant, sous sa forme la plus répandue, à une grande épingle à cheveux), pour exécuter des bandes à partir de grandes boucles reliées en leur milieu par des points en arête. Ces bandes peuvent être travaillées en laine, en coton ou en d’autres matériaux tels que le raphia.
Le crochet à la fourche connut un essor considérable au XIXème siècle, tout comme de nombreuses autres techniques artisanales apparentées au crochet et qui profitèrent de l’engouement suscité par ce dernier. La variante « à la fourche » permet en effet de produire des ouvrages semblables à de la dentelle ; on la combine en général à d’autres points de crochet de structure plus serrée ou bien à un support en tissu. Les bandes ainsi réalisées servent le plus souvent de bordures ou d’entre-deux pour orner sous-vêtements, chemisiers, chemises de nuit et draps. Cette technique se prête aussi à la confection de châles légers : on assemble alors les bandes crochetées, puis on coupe certaines boucles de manière à franger le bord du vêtement, ou bien on enroule sur elles-mêmes de petites bandes pour former des glands.

Fourrure, points de – On peut obtenir un effet de fourrure sur un ouvrage crocheté ou tricoté en formant des boucles régulières qui apparaîtront sur l’endroit du travail. Ces points sont parfois qualifiés de « bouclés ».
La longueur et la densité des boucles sont variables ; on les forme autour d’une règle ou d’un doigt.
En broderie à points comptés, le point de velours donne également cet aspect de fourrure.

Frac – Déformation de l’anglais frock (lui-même dérivé du français médiéval « froc » qui désignait à l’origine un vêtement ecclésiastique couvrant la tête et le buste), ce nom a été donné, dès la fin du XVIIIème siècle, à un habit d’homme apparenté au justaucorps baroque, mais moins ajusté et plus simple. Il se distinguait par son col rabattu, ses pans droits dégageant largement le devant et l’absence de poches et de revers aux manches. Porté à l’origine comme négligé du matin, il ne comportera pas de boutonnage jusqu’en 1830 environ. Il va évoluer au cours du XIXème siècle vers un costume de cérémonie cintré, coupé devant à la hauteur de la taille, et dont les longues basques pointues lui vaudront l’appellation de queue-de-pie.

Fraise – Collerette blanche plissée et empesée, en fine toile ou en dentelle, portée par les hommes et les femmes aux XVIème et XVIIème siècles. Le plissage, ou godronnage, était formé sur le linge amidonné avec un fer chaud. La fraise trouve son origine dans le ruché de la chemise qui dépassait du col droit du pourpoint et qui se développa progressivement à partir du milieu du XVIème siècle. Elle devrait son nom à sa ressemblance avec la fraise de veau.
Cet accessoire, typique de la mode espagnole de la Renaissance, a été porté dans toute l’Europe avec d’importantes variations de formes et de dimensions suivant les pays : en Flandre elle est haute et fermée, en Angleterre ouverte devant, parfois plissée d’un seul côté et presque toujours garnie de dentelle comme d’ailleurs en Espagne.
La grande fraise, indépendante de la chemise, est apparue en France sous le règne d’Henri III : on la porte simple, plissée sur un seul rang, mais elle est d’une largeur imposante. Dès son apparition à la cour, elle suscite des plaisanteries, car il est impossible avec un tel col d’avoir une quelconque activité : même manger devient difficile ! Outre l’empesage, elle est soutenue par un col de dessous ou par une armature de fils métalliques. Vers 1615, on portera une version à plusieurs rangs retombant souplement sur les épaules, appelée « fraise à la confusion ».

France, l'art textile. Lire article dans Broderie et arts textiles.

France, point de (broderie) – Point noué utilisé en tapisserie à l’aiguille. Il se compose de deux longs points verticaux placés dans les mêmes intervalles du canevas et légèrement courbés par l’action de deux petits points transversaux.

France, point de (dentelle) – Ensemble des dentelles à l’aiguille françaises exécutées à l’initiative de Colbert à partir de 1665, sur l’exemple du Point de Venise. Le travail français ne tarda pas à égaler puis à supplanter son modèle italien, particulièrement à Alençon où l’on confectionna une dentelle d’une extrême délicatesse au fond de brides richement décoré de picots.

Franges – Ornement de fils, façonnés ou non, pendant du bord d’une étoffe. Les franges peuvent être constituées par les fils de chaîne qui restent inutilisés à la fin d’un tissage ou résulter de l’effilage volontaire d’un textile (dans le sens de la trame ou de la chaîne) : une fois le bord de l’étoffe fixé par des points divers, les fils restants pourront pendre librement ou être travaillés en tresses, en cordelières ou en rangées de nœuds divers. Il peut s’agir aussi de franges rapportées, fabriquées en passementerie, en tricot ou au crochet.
Les franges de chaîne sont historiquement les premières à avoir été travaillées, notamment dans l’antique royaume assyrien, 900 ans avant notre ère ; leur nouage constitue la finition la plus naturelle d’un tissage. Progressivement, leur fonction ornementale s’est développée, à tel point qu’on les a confectionnées séparément afin de les ajouter. Dans nos régions, les franges, essentiellement fabriquées par des passementiers professionnels, constituent depuis la fin du Moyen Age l’un des principaux éléments décoratifs de l’ameublement. La mode s’en est répandue d’abord ans les demeures princières puis, au cours de la Renaissance, elle a envahi les maisons particulières, des baldaquins, tentures et couvre-lits des chambres à coucher aux nappes et tapis de table des salles à manger. A partir du milieu du XIXème siècle, les franges connaissent une nouvelle vogue, se multipliant sur fauteuils, divans et sofas. Durant la période victorienne, on en a même garni l’intervalle entre les pieds des chaises rembourrées, usage demeuré courant à notre époque.
Parmi les techniques de nouage les plus courantes, le macramé est la plus utilisée. Parfois, on ne fait qu’une rangée de nœuds, destinée à maintenir la trame en place et à diviser la frange de chaîne en mèches égales : c’est le cas, par exemple, sur la plupart des tapis. On peut aussi nouer la frange en fins motifs, comme sur les châles de soie. Ce genre d’ornement peut naturellement être travaillé indépendamment, ou rapporté en fixant dans l’ourlet de l’étoffe de fines mèches de fils qui seront ensuite nouées. On emploie cette dernière technique pour franger les cache-nez tricotés et les châles au crochet, par exemple. Enfin, les franges, rassemblées en grosses mèches maintenues par des anneaux ou des boules de bois recouverts de fil, forment de gros glands ou des rangées de houppes pour orner embrasses, cordons ou tentures.
Outre le nouage, on utilise également la torsion pour obtenir des granges : celles des plaids en laine, par exemple, sont tordues avant même que l’étoffe soit détachée du métier. Afin que cette torsion se maintienne durablement, la laine subit un léger grattage pour que les fils s’emmêlent les uns aux autres.


Détail d'une nappe réalisée en frivolité

Frivolité – Ouvrage composé d’une suite de nœuds qui permettent l’élaboration de passementerie, de parures et de garnitures. Le mot vient du latin frivolus qui signifie léger et futile mais aussi agréable. En italien, la technique prend le nom d’occhi (yeux) et de chiachierino qui signifie bavard, babillard. Ces appellations semblent vouloir faire de la frivolité un ouvrage de compagnie, amusant et facile, accompagné de papotages, le but étant moins de terminer une garniture que de passer un moment agréable. On a ainsi conservé des navettes à frivolité renfermant des tabatières à priser qui s’ouvrent grâce à des secrets mécanismes…
L’origine de la frivolité est inconnue, quoique certains chercheurs veuillent la placer en Orient où de semblables travaux sont effectués encore de nos jours sous l’appellation de makouk.
La première référence écrite date du XVIIIème siècle : elle se trouve dans un texte du poète anglais Charles Sedley intitulé The Royal Knotter, qui célèbre l’infatigable zèle de la reine Marie II Stuart (1662 – 1698), épouse de Guillaume d’Orange, dont les mains ne savaient rester immobiles et passaient la navette même pendant les trajets en carrosse. Madame Adelaïde, fille de Louis XIV, et la reine Charlotte d’Angleterre sont toutes deux représentées la navette à la main. Quant à Madame de Pompadour, elle devait beaucoup tenir à son ouvrage, puisque, l’ayant perdu au théâtre, elle le fit rechercher par la police ! On peut d’ailleurs penser que matériel et navettes avaient une certaine valeur. Au début du XXème siècle, la reine Marie de Roumanie, qui a beaucoup contribué au renouvellement technique et artistique de la frivolité, émaillait ses ouvrages de topazes, turquoises, perles et autres joyaux. Elle en faisait dont à l’Eglise, notamment au monastère de Sinaïa, dans les Carpates, pour les soustraire, disait-elle, aux maîtresses de son mari !
Au XVIIIème siècle, époque à laquelle la frivolité était très en vogue, la technique différait sur de nombreux points de celle que nous connaissons aujourd’hui : les navettes, plus longues, avaient d’autres formes, la position des mains était différente. Ces ouvrages permettaient de réaliser surtout passements et galons, mais certaines pièces étaient également fixées sur un tissu de fond à l’aide de quelques points transversaux, à la façon d’une couchure. Les « broderies » ainsi obtenus ornaient le plus souvent les coussins et les rideaux.
Les frivolités qui datent d’avant le milieu du XIXème siècle comportaient uniquement des cercles. Les picots étaient non pas noués, mais ajoutés à l’aiguille, leurs fils étant ensuite arrêtés puis coupés, ce qui les rendait bien peu solides et réduisait leur champ d’utilisation. Ce n’est qu’après 1850, une fois la technique suffisamment développée et l’usage des arceaux et des picots bien en place, que les garnitures de frivolité purent s’appliquer à d’autres domaines (cols, bonnets), imitant même, pour les plus délicates d’entre elles, la véritable dentelle. Ces « dentelles » de frivolité se sont donc répandues partout et jusque parmi la population des lointains pays coloniaux.
Techniquement, la frivolité fait partie du même groupe que le macramé et le filet. Normalement, on travaille avec des nœuds, ou mailles doubles, constitués de deux parties nécessitant deux mouvements des mains différents. Ces mailles doubles son reliées par des picots qui tiennent lieu de décor mais assurent aussi la tenue des nœuds. Les motifs de frivolité sont généralement composés de cercles, ou roues, et de demi-cercles, ou arceaux. On travaille en comptant les nœuds ou d’après un dessin. On peut agrandir le travail, rajouter des navettes, resserrer les roues ou les arceaux et en rajouter. Le travail est parfois enrichi de perles et de paillettes. Enfin, on peut associer la frivolité à différentes autres techniques : couture, filet, crochet simple ou à la fourche.
Les accessoires anciennement utilisés ont été peu à peu remplacés par des navettes plus légères et plus minces permettant de travailler des fils plus fins : les ouvrages ainsi réalisés gagnent en délicatesse. Après les navettes en métal précieux, serties de pierreries, celles de porcelaine, d’ambre ou de laque, on a utilisé l’écaille, l’os, l’ivoire et la corne. Aujourd’hui, les navettes sont fabriquées en plastique ; certaines sont munies d’une bobine interchangeable, d’un creux pou poser les doigts ou d’un crochet. La plupart des experts préfèrent les navettes plates aux pointes très rapprochées.
Les picots noués avaient entraîné l’utilisation d’un crochet particulier, relié par une chaînette à une bague que l’on passait au doigt ou dans la ceinture. Cet instrument n’est plus utilisé de nos jours, mais remplacé par un crochet courant. Aux Etats-Unis, on pratique le needle tatting, frivolité à l’aiguille qui nécessite une sorte de grande aiguille à bout rond.
Pour beaucoup, la frivolité paraît associée à des temps définitivement révolus. Pourtant, si cette technique semble avoir totalement disparu pendant la période d’après-guerre, de nouvelles publications et des stages pratiques lui apportent aujourd’hui une impulsion nouvelle.

Fuseau (dentelle) – Petit instrument dont on se sert – toujours par paire – pour pratiquer la dentelle aux fuseaux. Il se compose d’une bobine destinée à contenir la réserve de fil et d’un manche pour le manipuler. En France, les fuseaux comportent généralement une orge, à l’extrémité de la bobine, destinée à canaliser le fil ; cette partie du fuseau est appelée « tête ». Les fuseaux ont parfois été si joliment travaillés qu’ils sont devenus objets de collection, en particulier certaines pièces du XIXème siècle. Les matériaux utilisés sont variés : bois, os, ivoire, cuivre, mais aussi verre et argent.
On trouve dans le commerce différents modèles, dont certains, en particulier d’origine allemande, sont munis d’un capuchon protégeant le fil. Il convient de choisir ces instruments en fonction de la grosseur du fil utilisé et de la nature de l’ouvrage. Lorsqu’ils sont trop légers et afin que les fils du travail demeurent parfaitement tendus, on les leste parfois d’une pièce de monnaie, d’un coquillage, d’un bouton ou de quelques perles enfilées sur un fil de laiton.

Fuseau (filage) – Instrument essentiel du filage qui permet la torsion des fibres pour les transformer en fil. On distingue, d’une part, les fuseaux à main, constitués d’un morceau de bois rond et souvent lestés d’un poids appelés fusaïole qui augmente la vitesse de rotation ; et, d’autre part, le fuseau des rouets, en bois ou en métal, relié par une poulie et un cordon à la roue du rouet.
Les différentes sortes de fuseaux à main – posés ou suspendus – ont été utilisées pendant des millénaires avant l’invention du rouet. Les fuseaux primitifs trouvés au cours de fouilles archéologiques se résument généralement aux fusaïoles en pierre, argile, céramique ou bronze, le bois du fuseau lui-même n’ayant pas résisté au temps. Certaines de ces pièces, trouvées au Proche-Orient, datent du sixième millénaire avant notre ère. En Europe, les fusaïoles n’apparaissent que deux mille ans plus tard, mais il est probable que l’on utilisait avant ces dates des fuseaux sans poids. Au cours du Moyen Age, le fuseau à main sera progressivement remplacé par le rouet, sans toutefois disparaître complètement : on l’utilise de nos jours encore dans de nombreux pays.
On distingue deux grandes familles de fuseaux à main : les fuseaux suspendus et les fuseaux posés, ou fuseaux navajos. Les premiers, munis à leur sommet d’un crochet, d’une encoche ou d’une rainure, sont en bois tourné et présentent souvent une forme renflée. Un fois mis en mouvement, ils tournent librement en l’air, ce qui étire le fil tout en le tordant. Pour éviter que le fil ne casse au cours du travail, on choisit des fusaïoles plus ou moins lourdes selon la grosseur du fil et la longueur des fibres à filer. Les fuseaux du second type sont constitués d’une baguette lisse dont le bout pointu repose sur le sol ou dans un vase. Le fileur la fait rouler contre sa cuisse, provoquant la torsion du fil sans l’étirer. Cette technique, généralement utilisée avec des fibres courtes et non parallélisées, ménage des poches d’air entre les brins, ce qui donne un fil plus gonflant.

Futaine – Etoffe en sergé 2/2, composée de coton mêlé de lin, plus rarement de soie ou de chanvre, et rendue chaude et douce grâce au grattage de l’un de ses côtés. Fabriquée à l’origine en Egypte (dans le quartier cairote de Fostât, d’où son nom), la futaine fut importée en France à partir des croisades. Remplaçant avantageusement le chanvre dans les foyers populaires, elle servait surtout, pendant le Moyen Age, à confectionner robes et chemises.

Sources :
- « Autour du fil, l'encyclopédie des arts textiles », Editions Fogtdal, Paris, 1990, volumes 9, 10 et 11.
- sites internet