Tapis-couverture finlandais datant de 1839,
tissé en lin et laine selon la technique scandinave
de la double-étoffe façonnée

L'art textile en Finlande

La tradition artisanale finlandaise est, depuis des temps très reculés, profondément marquée par la production textiles dont les techniques anciennes se sont perpétuées jusqu'à nos jours. La plupart des textiles étaient confectionnés au foyer, les tisserands professionnels se chargeant des pièces luxueuses. Les objets les plus représentatifs de la tradition populaire sont les tapis, plus particulièrement les tapis couvre-lits tissés, dont les plus anciens sont ornés de motifs simples. Parmi les plus célèbres, on trouve les ranors rayés qui proviennent de Laponie et du nord-est de la Botnie. Les tissages finlandais traditionnels comprennent en outre des tapisseries imagées, des tapis muraux réalisés selon la technique de la double-étoffe façonnée et enfin les célèbres tapis-couvertures à poil long rya, qui sont aujourd'hui le symbole de l'artisanat de ce pays.
Les plus anciens tapis rya finlandais proviennent des régions côtières et des archipels. Unis ou sobrement décorés de figures géométriques simples, ils étaient constitués d'un tissu avec une chaîne de lin et une trame de laine sur laquelle on nouait de longues mèches de laine ou même des lanières de cuir. Ils acquéraient ainsi les qualités isolantes de la fourrure, qu'ils imitaient, et servaient de couverture aux chasseurs de phoques, aux marins et aux soldats. On les utilisait également comme couvre-lits.
A partir du 17ème siècle, la fonction des tapis-couvertures rya est devenue de plus en plus décorative, tandis que les poils, originellement placés vers l'intérieur, sont apparus aussi sur l'autre face. Après que toute fonction utilitaire a été définitivement abandonnée, ils sont devenus des tapis d'ornement à velours extérieur. Les meilleurs exemples en sont les rya des 18ème et 19ème siècles, aux décors riches et vivement colorés, qui demeurent l'un des points culminants de l'art nordique.
Les somptueuses "broderies caréliques" d'inspiration byzantine, qui ont pénétré en Finlande avec la religion gréco-ortodoxe, constituent une autre facette de la tradition textile. Les motifs géométriques au point de croix de ces ouvrages de genre Holbein ont servi à décorer nappes, coiffes et tabliers. Sur la côte occidentale, on a produit des dentelles appelés Raumo, assez proches des dentelles d'Europe centrale.
Au 19ème siècle, les anciennes techniques se voient évincées par les nouveaux produits industriels bon marché. En 1879, s'inspirant de ce qui se faisait dans d'autres pays, Fanny Churberg, artiste finlandaise, fonde une société ayant pour but la préservation de la tradition textile locale. Cette initiative joue un rôle déterminant pour le développement de la nouvelle industrie textile du pays. A l'Exposition universelle de 1900 à Paris, la couverture rya intitulée "La lueur", créée sur un carton d'Akseli Gallen-Kallela et décorée de motifs asymétriques de style Art nouveau, connaît un grand succès ; elle est considérée comme le premier chef-d'oeuvre de l'art textile moderne finlandais. Entre 1950 et 1960, Uhra Simberg-Ehrström et Eva Brummer renouvellent entièrement le caractère des rya, avec des oeuvres aux coloris surprenants et raffinés qui ont rendu cet artisanat célèbre dans le monde entier. Parmi les exemples les plus intéressants de ces dernières années, on peut citer les rya en relief d'Irma Kukkasjärvi et les oeuvres tridimensionnelles de Maija Lavonen.
Mas, durant les dernières décénnies, la Finlande a surtout tenu un rôle important en ce qui concerne l'art textile industriel. Il faut noter le rôle prépondérant que joue, depuis 1951, l'entreprise Marimekko avec ses fameux imprimés.

Source : « Autour du fil, l’encyclopédie des arts textiles », Editions Fogdtal, Paris, 1990, volume 10.


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