L'enluminure

Jusqu'à l'invention de l'imprimerie vers 1450-1455 par Gutenberg, les procédés de fabrication et de multiplication du livre étaient entièrement manuels et artisanaux : la transcription du texte était le fait du copiste, la décoration du manuscrit étant confiée à divers artistes ou artisans spécialisés, les enlumineurs.

L'enluminure n'était exécutée qu'après la transcription du texte que devait contenir le manuscrit, et dans les espaces réservés par le copiste dans sa mise en page de ce texte. Il existait plusieurs niveaux de décor, dont chacun était attribué, avec plus ou moins de rigueur selon l'organisation et l'importance du centre de production ou de l'atelier, à des praticiens spécialisés : au sommet de la hiérarchie, l'enlumineur-illustrateur exécutait les peintures ou "histoires", mais cet artiste n'intervenait qu'après ses deux collègues de moindre rang, l'enlumineur chargé de la décoration filigranée (décor tracé à la plume avec des encres de couleurs) et l'enlumineur chargé de la décoration peinte, c'est-à-dire des lettrines, bordures et encadrements. Sauf les plus grands artistes, les enlumineurs avaient peu d'initiative dans le traitement des sujets, qu'ils exécutaient le plus souvent à partir d'indications préalablement écrites ou esquissées à la mine de plomb, à proximité des images qu'ils devaient peindre. La durée d'exécution variait en fonction de l'importance du cycle d'illustrations à accomplir, cette durée étant augmentée par les périodes de séchage qui interrompaient l'application des différentes couches de couleur.

Le statut social des enlumineurs pouvait être très variable : c'était le plus souvent de simples artisans travaillant en boutique, isolément ou sous forme de petites entreprises familiales, et dans des quartiers spécialisés lorsqu'ils étaient installés dans des centres importants. Il y avait également l'artiste indépendant et itinérant, qui se déplaçait de ville en ville, à la recherche des commandes. Les meilleurs enlumineurs avaient rang d'artiste de cour : attachés au service exclusif d'un puissant mécène, ils jouissaient d'une certaine stabilité de l'emploi, mais pouvaient être amenés eux aussi à changer d'horizon en cas de décès de leur protecteur ou en fonction des déplacements de celui-ci.

Les créations