Le coton, fibre végétale

Fibre végétale provenant de la graine du cotonnier (en latin, Gossypium), le coton est une plante appartenant à la famille des Malvacées. La culture du cotonnier est originaire de l’Inde orientale et de l’Amérique centrale. Le plus ancien des tissus de coton que nous connaissions vient du Pakistan et date probablement de 3000 ans avant JC ; au Pérou, on a retrouvé des fragments d’une étoffe tissée mille ans plus tard. La première mention connue du coton en Occident est celle qu’en fait Hérodote en 445 avant JC. Parlant de l’Inde, il dit « qu’on y trouve des arbres poussant à l’état sauvage, dont le fruit est une laine meilleure et plus belle que celles des moutons. Les Indiens se servent de cette laine d’arbre pour se vêtir ».

Au Moyen Age, l’origine du coton donne lieu aux inventions les plus fantaisistes. Au XIIIème siècle, les Italiens et les Espagnols commencent à importer du coton brut de ces lointaines contrées orientales pour le raffiner sur place, mais ce n’est que vers le milieu du XIVème siècle qu’il est introduit dans les pays germaniques. Il est transformé, à Augsbourg, dans les manufactures de toile appartenant à la célèbre famille allemande Fugger, mais aussi à Ulm, Bâle et Bruges.

En Amérique, les premiers essais pour cultiver le coton ont lieu en Virginie, vers 1607. Au cours du siècle suivant, cette culture s’étend à d’autres Etats, qui prendront le nom d’Etats cotonniers : les Carolines, la Louisiane, la Floride et la Géorgie. En 1753 arrive à Londres la première cargaison de coton de Caroline : il a été cueilli à la main par les esclaves et les autres opérations (triage, égrenage) seront également effectuées manuellement jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. Malgré la modicité du prix de revient de la main-d’oeuvre, le coton est cependant trop cher pour être populaire ; il sera longtemps considéré comme un article de luxe. Ce n’est que lorsque Eli Whitney, en 1793, invente la machine à égrener (cotton gin), qu’il devient possible de vendre cette fibre à des prix permettant une véritable extension du marché.

En Egypte - qui est actuellement l’un des principaux pays producteurs de coton au monde -, la première récolte faite selon des méthodes modernes a eu lieu en 1821. Le promoteur de cette importante activité agricole est le khédive Mohammed Ali, aidé par la compétence de l’ingénieur franco-suisse Jumel. Le coton sea island, utilisé pour les premiers essais, ne donna pas de très bons résultats. A l’aide de croisements avec d’autres espèces, on obtint le coton dit égyptien, remarquable par ses fibres longues, robustes, soyeuses et de couleur généralement brin clair. Les variétés mako et karnak sont les plus connues.

L’importance de la production. Vers 1780, 78 % des étoffes européennes étaient en laine, 18 % en lin et 4 % seulement en coton. Vers 1900, la part du coton était de 74 %, celle de la laine de 20 % et celle du lin de 6 %. Aujourd’hui, 90 pays dans le monde cultivent le cotonnier. En 1980, on a calculé que la moyenne de la récolte annuelle de coton brut était de 14,8 millions de tonnes, ce qui couvre la moitié des besoins mondiaux en fibres textiles. Le premier pays producteur en 1985 a été la Chine (3,010 millions de tonnes), suivie par l’Union Soviétique et les Etats-Unis. En ce qui concerne le commerce de cette matière, les Etats-Unis tiennent la première place, en fournissant 30 % du coton brut du marché mondial.

Les plantations de cotonniers ne couvrent que 2,2 % de la surface arable du monde. Dans la plupart des régions, il est possible d’augmenter encore le rendement par hectare ; une augmentation de la production ne signifie donc pas nécessairement une augmentation de la surface cultivée.

La culture du coton. Suivant le climat, les différentes espèces de cotonniers peuvent avoir une hauteur variant de 1,50 à 6 m. La culture de cette plante requiert beaucoup de soleil et d’humidité. Elle exige également que les températures de la terre et de l’air soient constantes (18-20°C) pendant quatre à six mois. La floraison est très courte : elle ne dure que douze heures environ. Le cotonnier est autofertile, bien que parfois fécondé par des insectes. Après la fécondation, le germe grandit et se transforme en capsule. En même temps, les ovules - les graines - mûrissent, ainsi que les poils qui les recouvrent, appelés soies.

Sur chaque graine poussent entre 1 200 et 7 500 poils d’une longueur de 10 à 55 mm. Les poils des graines peuvent pousser jusqu’à leur longueur maximale ou bien cesser de grandir et couvrir la graine d’une mince couche laineuse. Certaines races n’ont que des poils longs, alors que la plupart des races ont autant de poils courts que de longs. Jusqu’au 24ème jour après la fécondation, les poils s’allongent, formant un tuyau très fin constitué de cellulose et recouvert d’une couche protectrice (cuticule) de cire et de graisse. Lorsque les poils ont atteint leur longueur définitive, un dépôt de cellulose commence à se former à l’intérieur du tuyau sous forme de couches concentriques disposées en spirale. Les poils sont vivants jusqu’à la maturité de la graine. Après éclatement de la capsule ils se fanent, le « tuyau » cylindrique se replie et la fibre, aplatie comme un ruban, s’enroule sur elle-même.

Comme le cotonnier bourgeonne, fleurit et porte ses fruits en même temps, la récolte se prolongeait autrefois sur plusieurs mois. Aux Etats-Unis, on distinguait trois périodes de récolte : bottomcrop, middlecrop et topcrop (début, milieu et fin). La récolte du milieu donnait la moitié de la moisson totale et les fibres étaient d’une meilleure qualité. On ne fait plus, de nos jours, la pénible cueillette à la main, qui avait pourtant l’avantage de permettre un triage plus soigné selon le degré de maturation et de fournir une récolte plus pure, en éliminant les débris de capsules et de feuilles. La mécanisation a permis d’améliorer la rentabilité, de même que l’aspersion des cotonniers de solutions défoliantes assure une maturation uniforme qui rend la cueillette plus facile. Aujourd’hui, une grande partie de la récolte se fait à l’aide du stripper, qui arrache les capsules en une seule traversée du champ.

Les fibres sont séparées des graines au cours de l’égrenage qui est généralement effectué sur place. Diverses installations d’épuration sont accolées à l’égreneuse. Le produit trié est ensuite comprimé hydrauliquement, empaqueté dans des pièces de jute et cerclé de fer.

Le coton peut contenir des fibres mortes, fanées avant la maturation ou cueillies trop tôt, et sa valeur dépend de la proportion de fibres mûres qu’il comprend : en effet, la fibre morte, dont les parois sont trop minces, a tendance à faire des noeuds et se teint difficilement. La qualité du coton se mesure en outre selon divers critères parmi lesquels on trouve : la longueur du poil - on dit coton longue soie, moyenne soie, courte soie -, sa finesse, sa solidité, sa couleur, son lustre et sa pureté.

Les fibres ne sont pas la seule partie utile du cotonnier ; on se sert également des graines, avec lesquelles on fabrique du fourrage et de l’huile alimentaire. Pour beaucoup de variétés, les fibres courtes restent sur les graines lors de l’égrenage : elles en sont séparées par des égreneuses spéciales et se vendent sous le nom de linter. Elles seront employées pour la fabrication de papiers de grande qualité ou entreront dans la composition de fibres de cellulose régénérée pour la création de textiles artificiels.

Une fibre naturelle. Le coton est considéré dans le monde entier comme une fibre textile extrêmement pratique, peu coûteuse et agréable à porter. Le coton brut contient environ 87 % de cellulose, mais après traitement - il est bouilli et blanchi -  ce chiffre passe à 98-99 %. Il s’agit donc d’un matériau très absorbant - après trempage et centrifugation il contient encore de 35 à 75 % d’eau - qui rétrécit et se froisse beaucoup s’il n’est pas traité.

En raison de sa capacité d’absorption et de sa résistance à l’humidité et au lavage (il supporte l’ébullition, mais il faut toutefois vérifier la solidité de la teinture), on utilise principalement le coton pour la confection de sous-vêtements, de literie, de linge de table, de serviettes et de torchons. En outre, on en fait des vêtement d’été, des étoffes d’ameublement, du fil à coudre, des dentelles et de la passementerie.

Le coton ne peut servir à des fins si diverses qu’en raison des nombreux traitement qu’on lui fait subir - blanchissage, mercerisation, teinture, impression, empesage permanent, imprégnation -, chacune de ces opérations lui apportant des qualités particulières. Nul autre matériau textile n’est aussi apte à changer d’apparence et à s’améliorer grâce à des traitement mécaniques ou chimiques. De nos jours, on mélange souvent le coton à des fibres synthétiques, au polyester, par exemple. Les étoffes destinées aux chemises, aux « doudounes » et autres vêtement de sport et de loisirs sont le plus souvent composées de deux tiers de polyester et d’un tiers de coton, la fibre synthétique apportant son infroissabilité et la fibre naturelle sa capacité d’absorption.

Source : « Autour du Fil, l’encyclopédie des arts textiles », Editions Fogtdal, Paris, 1988, volume 6.